Vasily était arrivé quelques deux semaines plus tôt. Ca avait été tout un changement pour lui, surtout que la température n’était pas mauvaise au WINCAP alors qu’à Saint-Pétersbourg le froid commençait déjà à s’inviter et avec lui les pluies d’un automne morose. Cependant la végétation se teintait d’ocre rouge et jaune, donnant définitivement de belle couleur à cette nouvelle cité, cette capitale qui était placée sous le dôme de la magie et où tous les sorciers pouvaient se croiser, qu’ils viennent d’Europ, d’Amérique, d’Asie ou d’ailleurs.

Bien sûr, la beauté naturelle (ou artificielle...) touchait Vasily mais sa Russie natale lui manquait tout de même un peu. Il avait quitté son foyer et même si celui-ci était à présent plutôt vide, c’était un déracinement en soit. Par chance, il en avait rejoint un autre. Son cousin par alliance était un homme assez distant au naturel quoi que pas méchant. Un bel homme pas forcément très grand, surtout par rapport à lui, mais qui ne tenait pas du nain non plus quoi. Il avait les yeux sombres, le teint légèrement allé qui devait facilement prendre le soleil, une pilosité quasi méditerranéennes et lorsqu’il se donnait la peine de sourire, il semblait chaleureux. Les discussions avec Kieran étaient néanmoins assez rares, ayant le plus souvent lieu pendant les repas et dans un anglo-russe qui visait à lui permettre d’apprendre un peu la langue bien que Vasily traînait définitivement la patte et finissait souvent le repas en ne parlant quasi que le russe, profitant de ce que le mari de feu sa cousine en avait de très bonnes bases.

Il y avait le bébé aussi... Et les yeux bleus et fendus du félin qu’il était à ce moment précis étaient posé dessus. Depuis son perchoir sur un meuble à vêtement, il voyait l’intérieur du berceau. Killian l’avait regardé un moment lui aussi, de son petit regard curieux... Un sourire était passé sur ses lèvres fines quelques fois puis ses yeux s’étaient clos, sa respiration s’était faite calme et lente, il s’était endormit...

Vasily saute souplement de son perchoir, profitant de la porte entrebâillée et de son petit gabarit pour se faufiler au delà de cette dernière. Il n’avait pas parlé à son cousin de son don d’animagus. Ca ne lui était pas venu à l’esprit et de toute façon ça lui permettait une relation moins tendue avec l’homme. Sous sa forme féline, Vasily avait l’habitude de passer des heures entières sur les genoux de sa mère à se faire caresser tout en ronronnant et bien que Kieran se soit un peu demandé d’où il débarquait, il semblait s’être très rapidement fait au fait qu’un chat déambulait régulièrement dans la maison. L’homme n’hésitait vraiment pas à le nourrir, le trouvait parfois un peu maigrichon ni à le gâter d’un peu de lait qu’il faisait légèrement tiédir, ce qui avait définitivement sa préférence !

A cette heure-ci Vasily aurait dut être en train de s’entraîner... Il tenait un journal scrupuleux de ses activités pour ne pas perdre la forme, sait-on jamais. Mais le cœur n’y était pas ce soir ou peut être qu’il était davantage aux cajoleries et que c’est pour ça qu’il se rend au salon, trouvant Kieran en train de bouquiner près du feu. Vasily a un miaulement dans la direction de l’homme pour signaler sa présence... Puis il saute sur les genoux de Kieran, venant frotter sa tête contre un de ses bras, passant sous celui-ci pour venir se poser contre son ventre, devant le livre qu’il tenait.

Il était bien, à cette petite place, agréablement au chaud, à l’écoute du cœur de Kieran qui battait à proximité et du feu qui crépitait dans l’âtre. Décidément, il en oubliait presque qu’il était un homme quand il se plaisait ainsi à la contemplation de sa vie de chat !

Sa langue râpeuse vient lécher une fois un doigt qui s’est approché et des ronronnements de plaisir le saisisse déjà, quémandeur de câlins ! Kieran pouvait encore le dégager puisqu’il s’invitait souvent sans y avoir été invité mais bon... Un chat s’essai !

Aujourd’hui, c’était une journée de repos pour Kieran et il la prenait volontiers. Elles n’étaient pas fréquentes puisque généralement, il était sur appel si jamais on avait vraiment besoin de lui... et ça arrivait malheureusement souvent. Comme tout bon médicomage qui se respecte, il accourait donc histoire de faire son travail et ça finissait par des journées encore plus éreintantes qu’à la normale. Mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui, personne n’allait lui envoyer de hibou pour qu’il se rue vers l’hôpital. Aujourd’hui, c’était vraiment congé et il en avait profité pour passer du temps avec son fils. Ils étaient même sortis à un moment, bien que de façon très brève. On avait d’ailleurs à peine pu voir le petit bout dépassé des couches de vêtements et de couvertures que Kieran lui avait mis...! Il craignait que son fils attrape froid, c’était normal, pas vrai ? Bref, quand il était rentré, Vasily vaquait à ses occupations et il ne l’avait pas dérangé.

Ça lui faisait un peu bizarre que cet homme déambule chez lui de cette façon. Il croyait faire la bonne chose face à Tatiana, qui aimait tous les gens autour d’elle sans préjugés pour sa part. Et il fallait admettre que l’homme avait un très bon fond. Mais avec son accent russe, son très mauvais anglais et sa carrure d’athlète, dès qu’il cessait de sourire il lui donnait un peu froid dans le dos ! Et surtout, il était sang mêlé... Quelle idée son père avait-il eu d’aller diluer son sang de la sorte. Ça avait laissé Kieran longuement pensif, pour être franc. Et il avait même fini par demander à Vasily s’il était issu d’un second mariage ! Mais visiblement pas, même si sa question avait grandement surprise.  Peu importe... Ce n’était pas vraiment de ses affaires, mais ça le mettait malgré tout un peu mal à l’aise. Dans ses lettres à ses parents, il n’avait pas mentionné l’homme et n’en avait pas l’intention !

Le sorcier avait passé le reste de la journée à s’occuper de son fils entre ses siestes fréquentes et à remplir quelques papiers sur lesquels il avait du retard. Oui, jour de congé mais Kieran avait du mal à rester là à ne rien faire. Finalement, au soir, il avait tout rangé, avait pris un simple roman qu’il était en train de lire ces derniers jours puis s’était installé dans un fauteuil près de l’âtre du salon. Ce dernier avait été allumé d’un coup de baguette magique avec quelques formules murmurées. Puis, il s’était plongé dans le roman... jusqu’à ce que soudainement, un petit miaulement se fasse entendre. Relevant la tête, Kieran pose son regard sur la toute petite chose qui entre soudainement dans le salon. Un chat tigré adorable qui venait assez souvent chercher sa disparaissait ensuite mystérieusement dans la nature jusqu’à la prochaine fois. C’était quand même étonnant et encore maintenant Kieran se demandait si le chat appartenait à une voisine ou quoi.

Quoi qu’il en soit, la petite bête ne semble pas vouloir en rester là, grimpant sur ses genoux et bloquant une partie du bouquins aux yeux de Kieran ! L’homme a un petit soupir, mais alors que le petit chat se fait câlin, mordillant et léchant, il referme le bouquin pour le poser près de lui, observant cette toute petite boule de poil qui semblait fort aise. Il glisse ses doigts dans le pelage court mais doux, un petit sourire étirant ses lèvres.

« Eh bien qui voilà. Notre visiteur imprévu. », murmure l’homme tout en donnant un petit coup sans force contre le museau du félin. « Je suis sûr que tu me trompes avec toutes les voisines des environs. »

Le chat ronronnait allègrement, visiblement heureux de sa situation. Et il pouvait ! Il était au chaud, câliné et allait sûrement se mériter du lait dans peu de temps ! Kieran passe ses mains sous la petite silhouette, histoire de le soulever, observant un moment le chaton de près.

« Tu es un drôle de chat, toi. », convient Kieran, sourire aux lèvres. Il pose finalement le félin contre son torse, son regard se posant sur le feu de foyer. « Je suis fatigué... J’aimerais pouvoir me reposer une journée complète, mais je pense trop, je crois. Tatiana me forçait toujours à prendre un peu de temps pour moi et ça m’allait bien. Note que ça lui allait bien aussi de s’occuper des autres de cette façon. »

C’était tellement facile de parler à un petit être qui ne pouvait ni comprendre, ni répondre !

« Ouch ! », s’exclame soudainement Kieran, un peu surpris alors que le petit chat semble directement réagir à ses propos. C’était soit son imagination, soit ce qu’il dégageait et le ton employé. Peut-être plutôt la dernière hypothèse, d’ailleurs ! Mais ça va, le chaton l’avait simplement surpris, pas vraiment blessé. Et le voilà qui miaulait à qui mieux mieux, faisant lever les yeux au ciel de Kieran, qui était néanmoins amusé. « Je vais devoir faire attention à mes paroles, on dirait. »

Puis, le chaton a une... petite caresse pour lui. C’était sûrement une de ces subtiles tactiques de manipulation que les chats maîtrisaient si bien pour soutirer aux humains des caresses ou de la nourriture. Le ronronnement en faisait étonnamment partie. Mais ce regard félin qui s’ancre au siens soudainement le laisse un peu songeur tant il brillait... d’humanité. Aussitôt qu’il y pense, Kieran chasse cette idée absurde de la tête. Il était vraiment en train de se laisser aller à son imagination, là. Ça n’avait plus aucun sens. Il laisse le chaton quitter ses genoux lorsque ce dernier semble en sentir le besoin... pour néanmoins pester mentalement à la suite, lorsqu’il voit que l’animal décide de faire un vrai foutoir dans son salon ! Il se lève vivement, poussant une exclamation frustrée ! Mais... c’est pas vrai !

« Allons ! Vilain chat ! », s’exclame-t-il tout en se dirigeant vers la poudre de cheminette. « Depuis quand est-ce que tu joues au petit démon ? »

Il pousse un soupir en la voyant au sol, ruinée. Il n’oserait plus s’en servir, de peur que quelque chose au sol s’y soit mélangé. Ne sait-on jamais... un rien pouvait tourner au drame quand on n’était pas assez prudent. Il relève la tête, cherchant rapidement l’animal du regard pour le trouver... sous un meuble, à lui faire de la façon. Ah, il semblait vraiment savoir qu’il avait fait un truc mal, il n’y avait pas à dire...! L’homme soupire tout en se traînant jusque là, restant au niveau du sol. Il n’aurait laissé personne le voir se comporter de cette façon, hein ! Le sorcier se penche pour observer la bête... puis finalement, il sort sa baguette magique. D’un « accio chaton » décidé, il fait venir le petit démon jusqu’à lui, qu’il attrape par la peau du cou ! Sa baguette est rangée dans sa poche, puis d’un index, il vient doucement taper sur le museau humide tout en disputant doucement.

« Vilain petit chat. Vilain. On ne répand pas la poudre de cheminette au sol de cette façon. Tu es un sale petit matou. »

Il repose le chat au sol, puis se tourne vers la poudre de cheminette, un peu découragé. Sortant à nouveau sa baguette, l’homme pousse un soupir.

« Toute cette poudre gaspillée. Et maintenant je vais devoir aller en acheter... Ce n’est pas la porte d’à côté. », murmure-t-il tout en commençant à agiter doucement sa baguette comme il se doit. « Tergeo ! »

La poudre de cheminette fini dans l’âtre, qui brûle brièvement d’une grande flamme verte qui disparaît toutefois rapidement. Puis, d’un nouveau sortilège, il soulève le sac vide pour le poser sur le bord du foyer. Une fois fait, il se retourne... pour constater que le chat a disparu. Surpris, Kieran se pose à quatre pattes au sol, claquant quelques fois sa langue contre son palais pour faire un petit son qui devrait techniquement attirer l’animal.

« Minou, minou... Où es-tu ? Min... »

Moment de bug lorsque soudainement, il arrive à hauteur de deux grandes chaussures. Il relève lentement la tête... pour croiser le regard d’un bleu brillant du cousin de sa défunte femme. Vasily. Le jeune homme qu’il hébergeait. C’est honteux et aussitôt, Kieran se redresse, toussotant pour cacher sa gêne !

« Mais qu’est-ce que tu fais ici ? Où étais-tu ? Annonce-toi avant d’enter de cette façon ! », dispute Kieran avec déjà beaucoup plus d’éclat que lorsque c’était au chaton qu’il s’adressait ! « Qu’est-ce que tu veux ? »

C’était un peu honteux pour lui d’accueillir un sang mêlé chez lui et ça le rendait parfois un peu teigneux. Mais là c’était pire parce qu’il avait été pris dans une position très étrange ! Il avait honte...

Oulà ! Il avait été temps de mettre les bouts parce que le maître des lieux semblait réellement contrarié par son attitude ! Et Vasily avait beau miauler sur un ton plaintif, l’homme ne semblait pas décider à lui parler autrement que sur ce ton de réprimande qu’on n’avait qu’avec les petits animaux et les enfants. En soit, c’était bête mais Vasily trouvait vraiment ça mignon quoi... ! Ca changeait du ton un peu distant et grognon auquel l’homme l’avait généralement habitué. Quoi qu’il en soit, Vasily avait donc mit les bouts rapidement, reprenant déjà dans le couloir sa taille toute humaine et son gabarit qui ne laissait pas présager cette forme animagus qu’il adoptait pourtant. Du revers de sa main, le joueur de quidditch vient déblayer ses vêtements de restes de poudre de cheminette qui y étaient accrochés... Et après une bonne inspiration il retourne au salon, trouvant un Kieran à genoux au sol, la joue presque collée au parquet et appelant d’une manière vraiment trop mignonne le chat qu’il avait vraisemblablement perdu de vue... !

Vasily a un petit sourire en coin... Mais Kieran se reconstruit déjà tout son personnage ! L’homme est rapidement debout, loin de le surplomber mais regagnant quand même forcément en charisme ! Il toussote, reprend contenant, récupère sa petite attitude ronchonne qui dénotait bien de son caractère habituel. Kieran avait la pureté du sang en estime. Pour quelle raison ? C’était difficile à dire. En fait, Vasily ne lui avait jamais posé la question. Déjà il pouvait s’estimer heureux que l’homme l’héberge sans discuter et de toute façon, s’il avait une répugnance naturelle pour son sang mêlé, Kieran n’avait jamais été impoli. Enfin... Si, une fois. Cette fois où il lui avait demandé si son père avait fait un remariage... Ne comprenant visiblement pas qu’un sang-pur d’une noble famille puisse s’amouracher d’une moldue sans aucune particularité. Mais Vasily n’était pas le genre d’homme qui se frustrait d’un claquement de doigt même si parfois il pouvait monter très vite au créneau...

« De quelle façon parles-tu ? »

Vasily a un petit regard pour la porte du salon qui était néanmoins ouverte lorsqu’il était arrivé et de fait, en revenant au bel homme en face de lui :

« Est-ce que je dois frapper ? »

Ca allait devenir vite contraignant s’il devait frapper à toutes les portes par acquit de conscience hein ! Son regard va ensuite à la cheminée dans laquelle quelques flammes vertes finissaient de mourir.

« Qu’est-ce que tu faisais ? »

Quant à ce qu’il voulait... Vasily hausse les épaules, expliquant calmement :

« Je pensais qu’il allait bientôt être l’heure du dîner et que tu voudrais de l’aide pour préparer le repas. »

Vasily n’était pas un cordon bleu, loin s’en faut... Mais il était disposé à aider et n’était pas complètement manchot quand on lui expliquait la tâche qu’il avait à faire ! Par contre c’était vraiment un gros mangeur et il était très aisé de lui faire plaisir ! Il n’y avait rien ou très peu de choses que Vasily n’aimait pas et s’il faisait attention à son régime alimentaire, il aimait également se faire quelques écarts, ne serait-ce que pour le moral !

Le russe vient finalement poser une main sur l’épaule de son cousin par alliance, la mine un peu soucieuse. Il n’avait pas oublié que l’homme lui avait admit être fatigué, merci bien. Et de fait :

« Tu as les traits las. Peut être que je pourrais commander quelque chose de bon au traiteur, tu ne serais pas obligé de cuisiner. »

Ca lui semblait être un bon compromit, non ? Un sourire chaleureux revient sur les lèvres de Vasily qui demande finalement :

« Ta journée s’est bien passé ? Comment va Killian ? Il dort déjà ? »

Au moins il était à peu près certain que le sujet rallumerait un peu la flamme de son logeur ! Killian était définitivement la prunelle des yeux de cet homme là et Vasily en éprouvait une sorte de fierté venue de nulle part... !

Ah, comme c’était contrariant que de se faire prendre dans une telle position... Et par un homme qui lui était inférieur en rang, qui plus est. C’était exactement le genre de situation que ses parents lui reprocheraient en bloc. Mais il valait mieux qu’il n’y songe pas trop, parce que rien que le fait qu’héberger Vasily chez lui était probablement une insulte à son sang. Il évitait soigneusement d’en parler dans ses lettres, les ponctuant des moindres petites évolutions que faisait Killian tout en envoyant des milliers de photos à chaque nouveau hibou. De cette façon, ses parents avaient un peu moins l’impression de manquer l’important et ne pensaient pas encore à venir le voir. En fait, il n’avait même pas de plan de secours pour quand ce serait le cas. Il vivait un peu au jour le jour même si ça ne ressemblait pas au Kieran qu’il fut jadis ! Mais pour le moment, son attention en revient pleinement au joli Russe qui se tenait là, les bras un peu ballants, semblant être entre hésitation et amusant quant à la situation.

Kieran a un petit soupir agacé tout en croisant les bras devant les questions du jeune homme. Elles étaient probablement appropriées et même excusables vu ce qu’il avait dit, mais bon !

« Eh bien tu pourrais... », commence lentement Kieran avant de s’interrompt. Il allait dire qu’il pourrait faire un peu de bruit pour s’annoncer mais ça n’avait aucun sens sorti de ce contexte pour lui qui aimait le calme et la sérénité. Il se retrouverait donc dès le lendemain à gronder pour le contraire de ce qu’il avait demandé et franchement, être incohérent à ce point n’était en rien un de ses défauts. Alors finalement, Kieran se ravise. « Non, laisse tomber. Ce n’est pas grave. Tu m’as simplement surpris. Et je ne faisais rien. Un simple accident. »

Étonnamment, il n’avait pas envie de parler du chaton. Peut-être pour le garder juste pour lui... C’était bête et enfantin mais tant qu’il ne le mettait pas dans ces mots tout haut, ça allait encore ! Quant au dîner, Kieran a un regard pour la belle horloge grand-père qui s’élevait dans un coin du salon, histoire de jeter un coup d’oeil à l’heure. Et en effet, ce serait bientôt le moment de dîner. Avec les péripéties causées par le petit chat, il n’avait pas vu le temps passer. C’était sans compter qu’il avait passé la journée le nez dans la paperasse. Mais Kieran a un moment d’hésitation, pourtant.

« Je n’ai pas faim. Et toi ? », demande-t-il de façon un peu distraite. Son regard en revient à Vasily et il... lève une main pour l’empêcher de répondre. Allons. Il avait été bête sur celle-là mais c’était juste parce qu’il était distrait. « Bien sûr que tu as faim. Tu as envie de manger quelque chose en particuliers ? »

Pas qu’il se fasse un devoir de nourrir son invité... mais c’était un peu ça ! Les Bishop avaient toujours été de très bons hôtes et Kieran ne voulait pas faire exception. Toutefois, il ne le faisait pas non plus lorsque ça lui déplaisait vraiment. Il n’aurait pas posé la question à Vasily s’il n’avait pas envie d’aller aux fourneaux. D’ailleurs, Kieran sort déjà sa baguette magique.

« Accio livre de recettes. », murmure-t-il tout en agitant doucement l’instrument de sa magie. On entend le livre se refermer à la cuisine, puis il entre lentement dans la pièce pour atterrir souplement dans les mains de son propriétaire. Il s’assoit sur le canapé, fait léviter le livre juste devant lui et en tourne lentement les pages d’un coup de baguette magique à chaque fois qu’il en ressent le besoin. « On pourrait essayer quelque chose de russe, aujourd’hui. Je ne te promet rien. Mais il y a quelques plats délicieux que Tatiana réussissait à la perfection. On peut tenter... »

Oui. Kieran était quand même plutôt très ouvert et n’avait pas peur de se montrer sympathique bien que ce soit toujours un peu caché derrière ses manières presque nobles. Sauf que soudainement, Vasily est étrangement réceptif, comprenant qu’il était épuisé. Il a un regard peut-être un peu surpris pour le sang mêlé, hésite... puis finalement dans un petit soupir, il referme le livre de recette d’un coup de baguette. Le livre se pose doucement sur ses cuisses et il met une main dessus comme pour le garder fermer alors qu’il n’y avait pas de risque qu’il s’ouvre.

« Si tu veux. Commande ce qui te fait envie, je piocherai un peu dans ton assiette si ça ne te dérange pas. », convient finalement Kieran. Il n’avait vraiment pas faim, mais il avait l’impression d’avoir l’estomac un peu noué, pour être franc. D'une main, il chasse celle qui s'était posée sur son épaule. Pourtant, peut-être que ses doigts s'attardent un peu sur l'épiderme chaud et peut-être qu'il a un petit frisson... Quant à Killian, un petit sourire étire ses lèvres. C’était étrange parce qu’il avait d’abord cru qu’en bon athlète professionnel bien cliché, Vasily allait ignorer de toute sa superbe Killian et se sauver dès que le bébé allait commencer à pleurer mais il n’en était rien. Il était réellement intéressé aux nouvelles qu’il demandait de son fils. « Il va bien. J’ai l’impression qu’il va dire son vrai premier mot très bientôt. C’est un bébé de peu de problèmes et très éveillé. Il est fantastique. Et oui, il dort présentement. Mais il va sûrement se réveiller dans quelques heures pour boire. »

Les doigts de l’homme caressent brièvement la couverture du vieux livre de recettes sans vraiment sans rendre compte alors que son regard se perd un peu dans le vide, devant lui.

« Et ta journée ? », demande finalement l’homme, lentement, presque machinalement. Pourtant, il était bien attentif à la réponse qui lui serait donnée. « Pas trop chargée ? »

Discuter quelques minutes avant de se mettre à table lui ferait aussi assez plaisir. D’ailleurs, ça lui fait penser :

« Il manque des elfes de maison à cet endroit. Je n’ai pas le temps de faire les repas et de m’occuper du ménage. »

C’était limite plus pour lui-même. Il allait s’occuper de ce problème dès qu’il en aurait le temps. Mais venant tout juste d'arriver ou presque, il n'avait pas encore eu le temps de tout planifier.

Vasily a un petit regard comme pour dire « je pourrais... ? » alors que son cousin semble se perdre un peu dans sa propre phrase sans savoir ce qu’il pourrait justement faire ! Du coup il y a un petit moment probablement inconfortable du côté de l’autre homme... Mais Vasily a simplement un petit regard amusé, commençant déjà à être habitué à ce caractère un peu particulier que possédait le médicomage. Finalement d’ailleurs ce dernier se montre entre agacement et résignation, revenant sur l’évènement mais simplement pour le balayer d’une main. Incident clos visiblement et Vasily a un nouveau petit sourire amusé en assurant :

« Je suis désolé. »

Mais il ne l’était qu’à moitié parce que voir les jolis yeux sombres posés sur lui à le détailler à demi tout en réfléchissant à une façon « correcte » et très « noble » de dire les choses, c’était définitivement une source d’amusement oui ! Le plus étrange cependant c’est que pour une raison X ou Y, Kieran semblait décidé à faire l’impasse au sujet du chat. Il n’y avait pourtant rien de dramatique à en parler à son avis... Et ça attise sa curiosité... Mais en même temps ça lui permettait de ne pas choisir entre le mensonge, la diversion et les aveux. De fait, Vasily n’insiste pas davantage, s’ouvrant au sujet suivant de bon cœur.

Il observe à nouveau le petit manège de Kieran qui semble vaciller entre deux envies : celle de lui dire de se débrouiller et celle de prendre les choses en mains. Ce n’était peut être pas ça... Mais l’homme semblait toujours en effet danser un peu sur deux pieds, hésitant sur la bonne attitude à adopter. Ca avait parfois son charme, même si d’autres fois c’était un peu fatiguant pour lui aussi. A parler de charme on aurait pu le trouver un brin déplacé... Et peut être qu’il l’était. Vasily ne se niait au moins pas qu’il trouvait l’homme désirable bien qu’il ne se serait pas permit de le dire de cette manière aussi direct. Pourtant, ce qui avait éveillé son intérêt sur le sujet c’est que parfois, il lui avait semblé lire un « je ne sais quoi » dans le comportement de Kieran. C’était toujours extrêmement bref, trop pour qu’il puisse être certain... Mais ça avait évité à Kieran de tomber dans une case un peu moins intéressante.

A propos de ce plat russe que Kieran aurait été prêt à essayer, Vasily a une nouvelle lueur d’intérêt mais cette fois très différente ! De fait, histoire de ne pas perdre ce bout là de la corde, il constate :

« Une autre fois. Je serais fou de refuser la proposition et j’aime ta cuisine. »

Ok, il avait juste l’air d’aimer manger en fait probablement mais BON. Mais justement, un de ces « je ne sais quoi » auquel Vasily avait parfois accordé une fugitive attention a lieu. Un geste simple, peut être différent de ce qu’il aurait dû être et une chair de poule qui apparaît et disparaît de manière quasi instantanée mais qui lui semble révélatrice. Ou pas... Mais Vasily se plaisait à le croire. Peut être parce que ça lui évitait de se sentir vraiment seul, peut être parce que ça lui prouvait que son cousin si « sang-pur » pouvait voir autre chose en lui... Et ce même si c’était visiblement éprouvant !

« Tu as froid ? Tu frissonnes. »

Ok, il tirait sans doute un peu sur la corde... ! Mais Vasily n’avait pas pu s’en empêcher et de fait, sans aucun complexe le joueur de quidditch vient retirer la cape qu’il avait sur les épaules pour venir la poser sur celles de Kieran.

« J’avais un peu chaud de toute façon. »

Kieran lui parle ensuite de son fils de manière très animée, s’allumant immanquablement rien que d’entendre parler de lui et bien qu’il sache déjà tout ça, Vasily écoute avec une attention non feinte, profitant de cette bonne humeur que son cousin semblait toujours retrouver à l’évocation du petit Killian.

« Probablement qu’il dira « papa », enfin je suppose ! »

Mais de parler des premiers mots du petit garçon, ça fait réaliser une chose à Vasily qui se fait pensif une seconde. Il repense à sa cousine, Tatiana, qu’il avait si peu connu... Puis son regard en revient au bel homme en face de lui qui semble s’être rendu compte de sa réflexion... Et avait que Kieran ne le presse de parler au lieu de jouer de mystère, il demande :

« Tu vas lui apprendre le russe ? »

C’était forcément un peu compliqué parce que Kieran avait beau avoir de bonnes bases de russe, il n’était pas bilingue non plus. Difficile de réellement apprendre dans ce cas. Et des cours ? Est-ce que ça ne devenait pas un peu intense ? Surtout que tout poupon, lui-même aurait des scrupules ! Néanmoins, une partie de la famille de ce bébé venait de Russie et beaucoup n’entendaient rien à l’anglais. Bien sûr Wincap évitait de s’embêter avec ça... Mais si Kieran décidait un jour de mettre les deux pieds en Russie pour voir sa belle-famille ?

Kieran le sort toutefois de ses réflexions en s’intéressant à sa journée... Et Vasily le gratifie d’un regard reconnaissant.

« Un peu longue. Mais je me suis moins entraîné que j’aurais voulu. Demain je devrais être plus assidu. J’irais probablement faire une heure ou deux de vol aussi, pour ne pas perdre la main. J’ai hâte de savoir ce qu’il en est de mon échange. »

Mais d’ajouter :

« J’ai postulé pour une place de poursuiveur pour les Jade. Je me dis que ça fera bien le travail. »

Quant aux elfes de maison :

« Est-ce que tu veux que je vois pour en engager un ou deux demain ? J’aurais un peu de temps pour ça. »

Et d’ajouter avec bienveillance :

« Tu sembles vraiment crevé, tu pourras en profiter pour te reposer un peu. J’espère que tu ne comptais pas repartir à l’hôpital ce soir ? Tu as besoin de repos. »

Ah, ce regard insistant et cette mine amusée... Ça avait quelque chose de charmeur, en quelques sortes. Mais Kieran perdait très vite patience dans ces moments-là ! Il avait l’impression d’être déshabillé du regard. Ou au mieux d’être analysé et ça le rendait chèvre, lui qui avait tant à cacher. Vasily s’excuse à nouveau, mais ça sonne faux. Pas parce que le ton est chargé d’hypocrisie, mais plutôt parce que le joli sourire qui étire ces lèvres-là ne concorde vraiment pas avec des excuses ! Kieran pince les lèvres, mais c’est peut-être davantage pour ne pas répondre au sourire contagieux de Vasily qu’autre chose, finalement. Quoi qu’il en soit, son idée de plat russe était accueillit avec une grande joie et malgré lui, Kieran a ce fameux petit sourire qu’il retenait depuis un moment. Ça avait quelque chose d’agréable que de se sentir utile et c’est exactement ce qu’il ressentait présentement. Non seulement ça, mais aussi... il ne savait pas trop. Valorisé.

Il commençait à mieux comprendre pourquoi malgré ce mariage forcé et sans amour, sa femme lui avait assuré à de nombreuses reprises être heureuse. Et le réaliser lui plaisait beaucoup. Kieran a un nouveau mouvement de baguette magique pour tourner les pages de l’impressionnant livre de recettes. Il hésite... puis finalement, il le referme et le pose sur la table base en face de lui. Lorsqu’il agite à nouveau sa baguette, c’est pour murmurer en russe avec son accent trop doux :

« Accio povarennaya kniga ! »

Un nouveau livre de recette fait son entrée dans le salon, celui-ci ayant appartenu à sa défunte femme. Il l’ouvre, observant les pages anciennes qui révèlent des recettes entièrement écrites en cyrillique. Étonnamment, ça allait. Il lisait très bien cette écriture, comme si son cerveau avait tout assimilé très rapidement. Il fallait dire qu’au-dessus de cette maison, il y avait un dôme fabriqué par ses soins qui empêchait le sort de traduction instantanée de les influencer. Vasily avait fait l’erreur de lui dire qu’il voulait apprendre l’anglais ! Sauf que cet idiot avait posé ses mains sur lui... et l’avait forcément un peu fait frissonner. C’était fou de penser qu’en 28 ans, il n’avait jamais vraiment cédé à ses envies. Il avait parfois eu des débordements... mais jamais à ce point. Et il avait passé toute son adolescence à se convaincre qu’il n’était pas « comme ça ».

Quoi qu’il en soit, avant même de s’en rendre compte, il se retrouve avec une cape sur les épaules ! Kieran a un moment de silence, un peu perturbé... Okay, beaucoup. Il sentait non seulement la chaleur de l’homme qui imprégnait encore le vêtement, mais aussi son parfum, musqué et viril. Ça lui arrache un nouveau frisson et il serre les dents, se maudissant mentalement.

« Merci... », murmure lentement l’homme, préférant toutefois changer de sujet rapidement. Néanmoins, quand il croit que Vasily ne regarde plus, il glisse peut-être son nez contre le tissu, l’air de pas y toucher. Quant à son fils qui dirait papa pour la première fois, Kieran blague : « Et si son premier mot c’est « Vasily », tu vas retrouver ta valise devant la porte. »

Il a toutefois un bref sourire pour l’homme. Ça ne lui arrivait pas souvent, hein, mais une fois de temps en temps il laissait aller une blague, comme ça ! Puis, une question suit... et si elle le surprend un peu, Kieran doit s’admettre qu’elle est justifiable. Il hésite un peu avant de néanmoins secouer négativement la tête.

« Je n’ai pas un assez bon niveau pour ça. Et ça me désole. Mais je lui apprendrais très mal. », convient-il finalement. Pourtant, c’était quelque chose qui lui tenait à coeur. C’était important. Il en avait conscience et ce malgré tous les sortilèges de traduction automatique du monde entier. De fait, il propose lentement : « Peut-être que toi, tu peux lui parler en russe. Je veux dire... tu vas rester à Wincap même quand tu auras trouvé une maison, non ? Et tu es un peu comme un oncle pour Killian. »

Il donnait un statut assez privilégié à Vasily et ça fait naître malgré tout une lueur de doute dans le regard sombre de Kieran. Sa famille l’engueulerait comme du poisson pourri si ça se savait. Un sang mêlé ! Mais Vasily... était doué avec Killian. Et le bébé l’aimait déjà beaucoup malgré son jeune âge. Le sorcier se racle un peu la gorge, se penchant à nouveau sur le livre de recettes pour éviter de trop se sentir mal à l’aise. La nourriture faisait toujours une bonne diversion avec Vasily et ce n’était pas l’athlète qui allait lui reprocher de s’intéresser à ce qu’il allait cuisiner ce soir ! Pendant ce temps, le sportif lui raconte un peu sa journée et Kieran écoute d’une oreille attentive même s’il continue à regarder sans vraiment lire les pages du vieux livre de recettes familiales et traditionnelles.

« C’est étonnant quand même que ton échange prenne tant de temps. Tu es un des très bons joueurs de la ligue. Toutes les équipes vont se ruer sur toi. », convient finalement Kieran, pouvant concéder ce point au sang mêlé. « Tu fais bien pour l’équipe locale. Tu ne perdras pas la main. »

Quant à aller lui-même engager les elfes de maison, Kieran relève la tête vers le grand Russe, hésitant un peu. Il était plutôt du genre contrôlant... du coup c’était difficile de laisser des tâches aussi importantes à quelqu’un d’autre ! Ça lui était venu après le décès de sa femme parce qu’avant c’était elle qui gérait tout à la maison et ça ne lui posait pas de problème. Alors ça devait être ça...

« Eh bien... Il faudrait qu’ils soient compétents et aient un bon caractère... Je ferais bien venir mon elfe de maison mais on aurait un... léger problème... »

Le sang ! Son elfe de maison détestait tout ce qui n’avait pas le sang pur...! Quant à retourner à l’hôpital ce soir, il a un petit regard ennuyé pour le sac de poudre de cheminette vide.

« Non, mais je dois aller acheter de la poudre de cheminette... Je... l’ai fait accidentellement tomber. », ment Kieran sans vraiment trop savoir pourquoi au juste ! C’est comme s’il n’avait juste pas envie que le chaton soit câliné par tout le monde dans cette maison. Viendrait pourtant un moment où il ne pourrait plus se la jouer si possessif parce que Vasily allait le voir lui aussi, quoi ! « Je suis vraiment en congé, ce soir. Je vais prendre un bain et me détendre avec un livre après le repas, je crois. »

Ça lui faisait envie, soudainement. C’était peut-être cette chaleur qu’il ressentait depuis qu’il avait la cape de Vasily. Ça et ce parfum agréable. Ça lui donnait envie qu’on s’occupe de lui un peu.

Kieran ne souriait pas beaucoup. On aurait dit que bien souvent il se forçait à avoir ce petit air austère et pincé qui le rendait un brin sévère. Pourtant lorsqu’il s’illuminait enfin, ça en rajoutait beaucoup à ses charmes subtiles. Kieran était de ces hommes rares qui avaient l’élégance et le maintient mais qui pouvait également sembler réellement chaleureux et même altruiste. Le fait était cependant qu’il avait un carcan de bonnes valeurs qui l’obligeait à une certaine psychorigidité parfois étouffante, probablement même pour lui.

Tout ça pour dire que là tout de suite il avait ce petit sourire qu’il réservait d’ordinaire à d’autres que lui, en commençant évidemment par Killian. Ce bébé là avait tous les souris du monde... ! Mais à ce niveau c’était assurément une bonne chose parce que Kieran donnait souvent l’impression de vouloir être à la fois le père et la mère de cet enfant, en faisant parfois peut être un peu trop, le réalisant mais ne pouvant s’empêcher de le faire tout de même. Ca n’avait rien à voir avec une éducation à la fois féminine et masculine... Plutôt avec une attention constante et exclusive que d’ordinaire les enfants partageaient entre les différents membres de leur famille. Bref.

Quelques mots de russe passent les lèvres de son cousin par alliance... Et Vasily a un petit sourire. L’accent n’était pas aussi tonique que dans son pays... Mais ça ne manquait pas de charme. Il avait toujours apprécié qu’on fasse l’effort de quelques mots dans la langue et s’il comprenait le côté pratique d’un sortilège comme celui placé sur WINCAP, il lui semblait qu’on perdait parfois quelque chose de précieux et de culturel alors que cette cité aurait dû toutes les conjuguer.

Son regard se porte sur les mots en cyrillique, soudainement si familiers... Mais en reviennent brièvement à un Kieran qui avait le nez légèrement prit dans le col de sa cape. C’était tellement évident pour lui, tout ce que ça sous-entendait, que ça lui crevait littéralement les yeux. Vasily pousse un peu le vice, sans trop s’en permettre toutefois, venant poser une main dans le dos de Kieran pour le caresser doucement, comme on le ferait lorsque l’on cherche à réchauffer. Par contre un rire amusé et un peu fort franchit ses lèvres à propos de ses valises qui risquaient de se trouver dehors et lui-même taquine :

« Mais si c’est pour dire que je suis moins beau que toi, c’est quand même une bonne chose non ? »

Quant à la langue que Killian allait parler, c’était bel et bien l’anglais mais ça c’était normal. Sauf que Kieran lui confirme que le russe n’était pas au programme, pour des raisons qui se comprenaient tout à fait. Il acquiesce donc... Et se montre très surprit à la suggestion qui lui est faite ensuite ! En fait, Kieran se détendait parfois assez pour avoir ce genre de main tendue positive et si elles n’étaient pas rares, il aurait été présomptueux d’affirmer qu’elles étaient fréquentes.

« Oui bien sûr. Je le ferais si tu veux. De toute façon, dans cette maison si je lui parle anglais, c’est moi qui vais lui apprendre très mal... ! »

C’est sûr que son anglais était franchement boiteux et que généralement il l’entrecoupait de mot en russe pour s’éviter d’aller chercher la traduction quelque part... !

« Je suis heureux que tu le proposes et que tu considères que ça fait partit de son patrimoine. «

Il marque une petite pause d’hésitation, faisant finalement le parallèle :

« Ce genre de racine pour ma famille, c’est un peu comme le principe de la pureté du sang de ton côté je suppose. »

Enfin... De sa famille aussi mais il avait finit par dissocier « sa famille » et « la famille de son père » même si c’était un peu étrange peut être que de le dire comme ça. Enfin bref, Vasily conclu à nouveau :

« Faisons comme ça ! En plus je crois que mon accent lui plaît, il a du goût ce bébé ! »

Ouais, Vasily savait aussi qu’il avait un pur accent qui ressortait, merci bien ! Par contre à propos de son changement, Vasily réfléchit puis convient :

« Avec la création du WINCAP, ces cultures mélangés et tout... La place que ça a prit, ça ne m’étonne pas tant que ça ait des répercutions jusque dans les sphères sportives. Mais je me tiens prêt. »

Le tout en bombant un peu le torse pour se montrer à son meilleur et appuyer sa réflexion à propos de « se tenir prêt » et des entraînements que cela sous-entendait. Vasily ne lésinait pas sur les efforts à ce sujet même si pour ce soir, le chat l’avait emporté évidemment. C’était moins fréquent que ça n’en avait l’air et bien souvent il se faisait chat lors d’une période de repos, profitant de toute façon des caresses de Kieran tandis qu’il était étendu et somnolant contre ses cuisses ou ses genoux. On avait raison de dire que les chats l’avaient facile ! Du moins ceux qui avaient un bon foyer quoi.

Quant à l’elfe de maison, sur lequel Kieran semblait ne pas vouloir faire de compromit, Vasily assure :

« Si tu me dresse une liste je serais très regardant, je te promet. »

Il se contente cependant d’un sourire un brin crispé à propos de l’elfe de maison que Kieran possédait déjà, n’ayant aucun mal à percevoir le problème. Cependant, bonne pâte, plus peut être qu’on ne pouvait souvent l’imaginer :

« Je suppose que si c’est pour dépanner en attendant d’en trouver un qui ne me déteste pas, je peux très bien m’en accommoder personnellement. »

Rien à redire non plus à propos de cette poudre qu’il aurait soi-disant fait tomber mais une chose était certaine : Kieran n’était pas un mauvais menteur ! Peut être pas excellent mais c’était sans doute parce que le mensonge en valait peut la chandelle. De fait, Vasily réagit plutôt à propos du plan de la soirée, convenant :

« Je vais surveiller le bébé pendant que tu iras prendre ton bain, tu seras bien. Et ne t’inquiète pas, s’il se réveil et que j’ai un problème : je t’appellerais immédiatement. »

Vasily n’était pas assez sot pour se mettre en l’instinct paternel de Kieran et Killian hein !

« Je vais commander la nourriture et la garder au chaud le temps que tu sois prêt. Prends ton temps Kieran, je veille sur la maison. »

Kieran a un petit sursaut alors qu’une grande main chaude se pose dans son dos, frottant doucement comme pour lui communiquer sa chaleur. Ça fonctionnait, il ne fallait pas croire... mais sûrement pas pour les « bonnes » raisons ! Il s’en veut de ne pas avoir pu garder sa surprise pour lui, pestant mentalement contre ce Russe mal élevé qui mettait ses mains partout sur lui alors qu’ils se connaissaient si peu ! Pourtant, il n’a pas vraiment le coeur à les retirer et se contente de reprendre un petit air pincé et supérieur, tout en s’intéressant au livre de recettes.

« Je n’ai pas si froid que ça. », fait finalement remarquer Kieran, qui pouvait certes être facilement frileux mais se sentait bien présentement. C’était encore pire avec le parfum de l’homme dans le nez et sa main contre son dos. Pas croyable qu’il sente si bien sa chaleur au travers des couches de vêtements... « Le bain me fera du bien. »

Puis, il lève brièvement les yeux au ciel alors que Vasily sort, à son humble avis, une absurdité. Et puis bon, là il n’avait surtout pas envie de s’aventurer sur ce dangereux terrain ! Car son fils ne pourrait trouver Vasily affreux que s’il avait très mauvais goût, malheureusement...! Le jeune homme était superbe, qu’on se le tienne pour dit. Il avait la musculature de sa carrière et un joli visage aux traits harmonieux. Sans parler de ce look bien masculin... Bon. Kieran devait vraiment arrêter sinon il allait finir par se frustrer tout seul. Quant aux petits problèmes de langue du joli Russe, Kieran a quand même un regard de réprimande pour lui !

« Si tu n’étais pas si paresseux et que tu ouvrais un dictionnaire une fois de temps en temps, tu te serais amélioré bien plus vite. », fait-il remarquer, non sans en revenir à son livre de recettes, histoire de ne pas dévisager le joli joueur de Quidditch trop longtemps. « Mais en effet, je m’occuperai de l’anglais. »

Par contre, il a un regard un peu songeur pour Vasily alors que ce dernier fait un parallèle un peu étonnant entre la pureté du sang et les racines russes. Ça aurait dût le fâcher, voire au moins le vexer un peu, il en était conscient. Pourtant, pour le moment, rien de ce genre ne lui vient. Il se contente d’en revenir lentement au feu qui crépitait doucement dans le foyer, le regard un peu vague, encore songeur. C’était un principe auquel il n’avait jamais pensé. Est-ce que les deux se défendaient de la même façon ? Malgré son éducation stricte et ses valeurs bien ancrées en lui, il y avait eu des moments où Kieran s’était interrogé sur l’importance de la pureté sanguine. Il le faisait encore maintenant... peut-être plus que jamais puisqu’il n’était plus dans ce cocon familial bien clos au reste du monde. Ici, les sangs purs se mêlaient aux sang-de-bourbe. Et d’ailleurs, on n’appelait pas ces derniers ainsi. C’était forcément mal vu.

« Je suis heureux que cette importance soit respectée, alors... », murmure lentement Kieran, un peu lointain. Il bat soudainement des paupières, comme s’éveillant d’un songe, relevant la tête vers le joli Russe. « De toute façon, il l’aurait appris d’une façon ou d’une autre. Il doit pouvoir communiquer naturellement avec la famille de sa mère. »

Point. Et Kieran n’avait plus trop envie d’en parler pour le moment ! La suite à propos de l’accent de Vasily arrache un petit sourire à l’homme qui tacle plus qu’autre chose à ce sujet.

« C’est parce qu’il a déjà le sens de l’humour. »

Quant au Quidditch, ça semble malgré tout fort tenir à Vasily. Bien sûr, sinon il n’aurait pas été prêt à passer sa vie à s’entraîner rien que pour quelques heures de match par semaine, n’est-ce pas ? Mais c’était une bonne chose et mine de rien, il l’avait moins souvent dans les pattes puisque l’homme s’entraînait beaucoup ! Puis, Vasily lui parle d’une liste... et semble même prêt à ce que le vieil elfe de maison un peu teigneux vienne ici le temps de les arranger. Mais Kieran tranche en bon maître de maison qu’il est.

« Je te fournirai cette liste ce soir, avant d’aller au lit. Pour mon elfe de maison, ça ne sera pas nécessaire. Ma mère en a sûrement bien plus besoin que nous. », déclare Kieran, relevant à nouveau le menton pour se draper dans son froid orgueil. Il ne voulait pas admettre qu’il n’avait pas envie de voir l’elfe s’attaquer personnellement à Vasily, là ! « Respecte la liste scrupuleusement, car je n’ai pas envie d’en changer dix fois. »

Il acquiesce toutefois pour ce qui était de prendre soin de Killian, signe quand même qu’il faisait un minimum confiance à l’athlète. Puis, il se relève ensuite, laissant glisser la cape de ses épaules à contre-coeur même s’il ne l’affiche pas.

« Tu ne veux plus ton repas maison ? Je suis toujours prêt à le faire si tu peux patienter un peu. », fait remarquer Kieran tout en renvoyant le livre à la cuisine, cette fois ouvert sur la page de ce qu’il voulait concocter pour ce soir. « D’ailleurs, j’ai des épices typiquement russes à la cuisine. »

Et... l’envie de faire plaisir à Vasily.

« Tant mieux, parce qu’il fait bon. »

Mais Vasily ne retire pas pour autant sa main immédiatement, amusé par ce côté chaud et froid qu’arborait Kieran. Bon il n’allait pas trop trop trop insister non plus parce qu’il allait finir par se prendre un bon sortilège des famille mais ça restait amusant de le voir lutter aussi fort avec lui-même et aussi peu avec lui. Disons que la tendance s’inversait doucement depuis qu’il était arrive à WINCAP quoi. Le russe a en tout cas un petit hochement de tête positif à propos du bain, ne commentant pas plus parce que de toute façon Kieran dispute encore, cette fois à propos de l’anglais !

« Mais ici je comprends tout le monde et tout le monde me comprend. Il est inutile que j’ouvre un dictionnaire. »

Il n’avait pas de mot à y chercher ! Ok, lorsqu’il avait de la bonne volonté, lui-même trouvait que c’était dommage parce qu’il s’handicapait à propos de la langue... Mais l’autre moitié du temps il fallait admettre qu’il en profiter plutôt de manière honteuse quoi ! Sauf qu’il allait falloir s’y faire parce que dans son équipe futur, l’anglais serait probablement la langue des entraînements et des match. Peut être même qu’il ne serait pas le seul à venir d’un autre pays. C’était plus que probable en fait.

Son parallèle entre les origines et la pureté du sang semble faire son bonhomme de chemin dans la tête de Kieran... Et à sa conclusion, Vasily a un petit mouvement des épaules. Il n’avait pas envie de bousculer Kieran à propos de cet idéalisation liée au sang. Mais puisque le parallèle était fait et que Kieran semblait convenir du fait qu’il était préférable de garder les origines russes de Killian dans sa culture, il fait remarquer, l’air de pas y toucher :

« En tout cas il est vraiment superbe. Le métissage fait parfois de vraiment très belles choses... »

Vasily n’en rajoute pas plus, se doutant déjà que ça allait pas mal travailler Kieran de devoir se faire à l’idée de ce métissage dans leur conversation. Son cousin n’était pas un homme mauvais. En fait, à bien des égares, Vasily le voyait plutôt comme un homme avec de mauvais repères qui était parfois capable de se rendre compte que les dits repères étaient usés par le temps mais qui avait du mal à s’en détacher pour s’en faire de nouveau. Déjà, il était heureux de savoir qu’il était capable de s’adapter et d’y réfléchir. Ce n’était pas donné à tous les pro-sang-pur et Vasily offre un sourire rapide à Kieran. Lui qui était plutôt grognon au naturel n’était jamais plus positif qu’avec ce joli minois ! Et il a même un petit ricanement bas lorsque son hôte le tacle un peu sur son accent en parlant du sens de l’humour de son bambin !

Kieran semble finalement opter pour sa liste de qualification à propos de l’elfe de maison, refusant net l’arrivée de son ancien elfe, sous un prétexte que Vasily ne relève pas tant il sonnait un peu creux à ses oreilles. Après si cela faisait plaisir à Kieran, qui était-il pour insister hein ?! Il y avait plus sympa que de se faire prendre la tête par une créature décharnée à la peau un brin translucide parce que votre sang était plus ou moins dilué... !

L’Irlandais semble ensuite décidé à cuisiner russe... Et Vasily est un peu surprit. Comme ils avaient parlé de commander et semblaient s’être mit d’accord à ce sujet, il ne pensait pas que Kieran changerait d’avis et aurait le goût de la cuisine. Mais il acquiesce, ravit par cette proposition surtout que Kieran était aussi à l’aise devant un chaudron de potions que devant les fourneaux (ce qui signifiait qu’il y était vraiment très doué !). A l’évocation des épices russes il a même un petit soupire et Vasily se paie même le luxe de venir déposer un baiser contre la tempe de son cousin, tapotant gentiment son épaule.

« Ha, merci, qu’est-ce que je ferais ici sans toi, n’est-ce pas ? »

Il ne prend cependant pas trop de risques non plus, s’éloignant légèrement de l’homme avant que ce dernier n’arrive à sa limite de ce qu’il pouvait objectivement accepter sans se sentir obligé de le renvoyer dans ses pénates ! Qu’on se le tienne pour dit : Vasily ne cherchait pas à le mettre mal à l’aise... Il souhaitait juste se rapprocher de cet homme et pas du tout pour de mauvaises raisons. Il avait Kieran en estime, non seulement pour ses charmes physique mais également pour son intelligence acéré et son esprit critique. Bien sûr ce même esprit critique était parfois dirigé vers des principes et des idées qu’il ne partageait pas... Mais Kieran n’était pas de ces hommes qui essayaient de convaincre à tout prix. En général, l’homme se contentait d’un regard qui suffisait à dire « de toute façon je sais que je suis celui de nous deux qui a raison » ! Bref...

« Merci Kieran, je vais te précéder à la salle de bain dans ce cas et prendre une bonne douche chaude. »

Vasily s’étire un peu, faisant légèrement craquer quelques articulations au passage et finalement, après un regard pour la grande horloge murale il se renseigne :

« Est-ce que tu veux que je te rejoigne à la cuisine ensuite ? Peut être que je peux me rendre utile ? »

Et taquin, sachant que Kieran n’aurait absolument pas besoin de ses talents (inexistant) en matière de cuisine, il ajoute :

« Je suis un excellent goûteur. Et au pire je vis chez un médicomage expert dans le domaine des poisons... ! »

Vasily étouffe un petit rire... Et puis il se détourne, continuant de se faire un peu de fun tout seul. La grande horloge d’un peu plus tôt se met à sonner, quelques coups long et graves... Et un frisson remonte le long de son échine, sans trop savoir pourquoi. Cette soirée était plaisante... Et il aurait aimé pouvoir se convaincre qu’elle n’était que la première d’une très longue suite.