Le plaisir du travail, il n’y a que ça de vrai ! Non, vraiment, qui pourrait y croire ? Je suis une véritable fonceuse pour ce qui est des études, je cherche à mordre la vie à pleine dent et on me le rend si mal ! Je ne désespère pas, volonté d’y parvenir oblige, mais ça reste si difficile que parfois, j’ai envie d’abandonner. Parfois, mon pot de glace est le seul à me réconforter. Je soupire lourdement et entre sans regarder où j’allais dans la grande librairie. J’étais plongée dans mes pensées et bien sûr je me suis complètement ramassée à cause d’un pied qui traînait sous une table et… qui des jambes bien trop longues pour rester derrière la chaise en face, soit, juste assez pour que je perde l’équilibre et me met à danser une seconde ou deux sur mes pieds pour ne pas me retrouver face contre terre. Mon petit cœur a battu si fort que j’en suis restée idiote ! Mais plus encore quand j’ai constaté avoir lâché des petits cris complètement ridicules pour m’aider à maintenir ma position et que ça avait marché. Plus par mes grands gestes que par mes cris, certes, mais l’essentiel c’est que même si on m’a remarqué, je suis toujours intacte, vivante et bien debout sur mes deux jambes ! Ou plutôt une et demi, l’autre touchant le sol grâce au bout de ma chaussure.

Quand j’ai repris conscience de l’endroit dans lequel je me trouvais, je me suis immédiatement retournée pour fusiller du regard le malheureux, mais… à ma grande surprise, il n’était plus là. Comment ça ? C’était une blague ? Il a dû me voir arriver de loin celui-là ! Du coup, je n’ai même pas eu l’occasion de voir qui il était, je n’ai de lui que la taille indéterminée de ses brindilles et… même pas le souvenir de la couleur de ses chaussures puisque je ne regardais pas par terre. Ah ! ça commence bien on dirait ! Je me mords la lèvre et calme les battements de mon cœur avant de me rendre dans les galeries. J’aime cette odeur de papier, de tous types et de tout temps, ça reste pour moi la plus grande création utile qu’il ait été donné à l’homme et au sorcier d’accomplir. Le savoir est une chose, l’imagination en est une autre et en les combinant on obtient des cocktails explosifs plus que fascinants ! Mon sourire retourne sur mes lèvres assez facilement et je me sens de nouveau dans mon élément en caressant les dos de livres dont la couture parfois fragile témoigne de leur ancienneté. Il n’y a pas à dire, si le paradis était propre à chacun, pour moi ce serait une bibliothèque ouverte mixée avec l’arche de Noé version sorciers !

Je tombe sur un livre en particulier, sous une échelle gigantesque qui m’a l’air inoccupée pour l’instant. Je le saisis en prenant soin de regarder si quelqu’un était là-haut et pousse doucement le bois pour faire sortir ma trouvaille de l’étagère. Les runes, je m’y suis mise il y a longtemps parce que je n’avais pas la possibilité d’avoir ces options-là en plus des miennes. Je ne dirais pas être douée, juste que je m’y intéresse assez pour dénicher de nombreux ouvrages pour l’apprentissage et de loin, les plus vieux sont les meilleurs. Je trouve qu’on les abrutit trop ces petits maintenant ! Leur rendre la tâche facile c’est entraver leur futur pour moi. Enfin, il ne faut pas non plus exagérer. Dans l’ancien temps on recevait des coups de bâtons aussi, voyez un peu la différence il y a évolution et régression à la fois.

Tout en me promenant, une silhouette derrière l’étagère se met à bouger et attire automatiquement mes yeux aiguisés. Des doigts fins, une peau blanche et une crinière blonde d’après ce que je peux voir. Je tiens mon livre fermement sans m’apercevoir que je suis en train de dévorer des yeux ce curieux personnage parce qu’il ne me dit rien, mais que par ailleurs il a du style ! Plus que moi, ça, c’est sûr ! Il n’est définitivement pas asiatique, c’est plus que certain et à en juger par la couleur de ses yeux, je ne peux pas me tromper. Ils sont d’un bleu… attendez, attendez, comment je sais ça moi ? J’écarquille les yeux. Ah mais parce qu’il me regarde ! Je suis cruche ! C’est pas possible ! Je détourne assez rapidement. Je me sens embarrassée, comment j’ai pu m’attarder si longtemps ? Je finis par prendre un livre, n’importe lequel sur l’étagère et sourit comme une idiote avant de m’éclipser lentement un peu plus loin là ou les étagères ne me permettrons pas de le voir. Si je m’étais éclipsée trop rapidement, pour sûr il aurait tout de suite pensé que je suis une collégienne en mal d’amour… je me comporte tout comme, certes, certes, mais ce n’était pas ça j’étais… j’étais curieuse, voilà tout ! Il est beau… il faut l’avouer, mais quand même, les coups de foudre ça n’arrive qu’une fois dans une vie. Du moins, dans la réciprocité de la chose alors, autant ne pas m’attarder trop sur le sujet ! Je souffle un coup et regarde le fameux livre que j’ai pris au hasard… « Les véritables pouvoirs de la reproduction entre moldus et sorciers » OK ! Pitié, qu’il n’a pas vue… faites qu’il n’ait pas vu ! Je repose immédiatement le livre en le cachant bien au fond de l’étagère juste en face de moi. Je déglutis et fais une sorte de grimace avant de me taper le front sur le bois de l’étagère et de soupirer lourdement. Je suis blasée. Je suis dans cette librairie depuis à peine une dizaine de minutes et je ne fais que des bêtises. Quand je vais raconter ça à Ki Suk, Yano et Shana… ils vont avoir de quoi se moquer ! Voyons le côté positif des choses, le grand blond n’est plus dans mon champ de vision, je vais pouvoir faire rire mes amis en leur racontant mes aventures et… à oui, je crois que je vais avoir une jolie petite marque rouge sur le front si je reste trop appuyée. Pitié, que quelqu’un me dise que j’ai été victime d’un sort qui rend malchanceux durant un temps indéterminé ! Je suis stupide, stupide, stupide !

Il l’avait vu, il l’avait vu j’en étais, sure et certaine ! Je ne me suis jamais sentie aussi frustrée qu’aujourd’hui ! En plus de m’être affichée, j’ai dû, évidemment, avoir l’air ridicule auprès d’un garçon plutôt mignon que je ne connais même pas et à qui j’aurais pu éventuellement parler ? Là, je préfère ne pas y penser. Je me lamente dans mon coin en reposant le livre, en lisant les titres sur le dos de ces derniers sans m’y attarder assez pour comprendre. Mes neurones sont un peu en bouilli, que quelqu’un appelle un médecin, je suis hors service pour quelques minutes juste pour avoir croisé le regard d’un beau blond ! Ça ne me ressemble pas de m’émoustiller aussi facilement, et puis je suis sûre que de toute façon, il a pas mal de collégiennes à ses trousses celui-là ! Autant ne pas l’approcher, je n’aimerais pas que l’on me prenne pour l’une d’entre elles. Pas que je n’aime pas particulièrement ça, c’est juste que j’ai passé l’âge des coups de foudre incontrôlable et fulgurant qui vous frappe pour un oui, pour un nom et surtout pour une paire d’yeux à tomber ! Ah ! Que quelqu’un me donne un coup, je le mérite vraiment !

Ressaisis-toi Suk Hee, ce n’est pas le moment de laisser tes états d’âme prendre le dessus, les chagrins d’amour, tu as eu ta dose et puis, il ne t’a pas remarqué ! Qui ne m’aurait pas vu ? Ou plutôt, entendu ? Tant pis, tant pis, je ne vais pas me focaliser là-dessus, au risque de fuir toute ma vie tout ce beau monde !

J’entends un fracas et je m’approche, sur le côté de l’étagère pour voir ce qu’il se passe, fort heureusement ça n’est rien et apparemment, le beau blond est un employé parce qu’il remet tout en ordre. Super ! Il a fallu que ce soit en plus de ça quelqu’un d’ici. Non, je suis foutue, là, c’est certain, je vais y avoir droit. Je me frappe doucement la tête contre l’étagère en soupirant lourdement. Je me désespère moi-même ! Et bien entendu, alors que je ferme les yeux, qu’est-ce que j’entends quelques secondes plus tard ? Quelqu’un… dont la voix s’est élevée il y a peu, réitérer juste dans mon dos. J’écarquille les yeux et je me fige. Pas de panique, ce n’est qu’un garçon Suk Hee, ne fait pas l’idiote surtout !

Je me redresse et fais une légère grimace en déformant ma bouche. Mon unique livre à la main, je finis par le regarder dans les yeux. Mon dieu, c’est vrai qu’ils sont beaux ! Je déglutis et je finis par soupirer. Autant ne pas le prendre pour un idiot, je ne suis pas de ce genre-là et je ne suis pas vraiment timide, en général c’est même moi qui fait le premier pas.

• Disons que je cherche une certaine catégorie de livres et que c’est un peu compliqué à trouver parce que je ne peux pas vraiment donner de titre…

Je laisse traîner mon dernier mot, l’étire avec un « euh » très significatif. Je ne dois pas être très claire, alors ça ne sera pas facile pour lui. Au moins, j’ai gardé mon sang-froid ! Je suis fière de ma pirouette et je souris comme une idiote sans qu’il ne comprenne pourquoi, haha ! Je me mords la lèvre et lui montre l’unique ouvrage sur les runes que j’ai. Ce n’est ni le même auteur illustre ni la même catégorie, à vrai dire, je recherche des livres d’apprentissages qui sont souvent hors du commun même pour les sorciers, des exemplaires uniques, en somme. C’est plus clair ça, non ? Je devrais le lui dire ? Non, pas encore, laissons-le demander plus de précisions, ça me fera de la conversation comme ça, c’est aussi nettement plus amusant. C’est fou quand même, j’ai fait une pirouette très utile en fait en lui répondant et, je me rends compte que je me sens moins embarrassée en parlant de ce qui touche aux études ou… à la connaissance, dans un cas plus général.

Jusqu’à ce que je me rende compte qu’il a sûrement vu que j’avais pris un deuxième livre et… que je l’ai reposé ensuite, puisque je n’en tiens plus qu’un. Mince, la boulette ! Ce n’est pas possible d’être aussi prévisible, même quand j’essaye de me faire toute petite et discrète, je me rends compte que ça ne marche pas. Non pas que je sois extravagante, mais il m’arrive souvent ce genre de moment où, une catastrophe se produit par ma faute ou non et où je m’y retrouve mêlé de toute façon ! Là, je ‘lai cherché, sans le faire exprès, mais je me retrouve dans la mouise par ma faute, si je ne l’avais pas dévisagé, je ne serais pas en train de m’enfoncer petit à petit. Allé, n’y pense pas Suk Hee, il ne va pas te le faire remarquer, n’est-ce pas ? Je me mords la lèvre et je le regarde, un peu perdue avant de remarquer derrière lui une troupe de filles.

• Vous devriez ouvrir un fan-club, je suis sûr que ça rapporterait

Je tente de ne pas trop me moquer, je me rends compte que je n’ai rien à voir avec ces filles-là, encore heureux, je suis déjà plus vieille, mais aussi plus mature, enfin, lui, il est là pour me faire perdre toute crédibilité cela dit, mais c’est un secret, il n’est pas obligé de le savoir et puis, je ne jubile pas, je suis juste… intimidée ? Oui, c’est bien ça ! Ça me surprend beaucoup, moi, intimidé par un joli minois ? C’est bien une première… ou, une deuxième plutôt, mais c’est rare en l’occurrence ! ouh… je sens que je vais me faire allumer comme un sapin de Noël vu le regard que je reçois. Toi, ma petite, tu n’as pas idée de ce qui t’attend si tu tentes quoi que ce soit ! Je ne la calcule pas, ça va l’énerver un bon coup, mais la fixer en plissant les yeux à la façon d’un western pour savoir qui dégainera le plus rapidement possible sa baguette… je préfère tout autant éviter, je ne me bats pas pour un homme, sauf dans la mesure où j’aurais un très gros faible et que ça serait partagé… ça n’est pas le cas. Pas encore !

Il est venu me voir pour m’aider, comme un preux chevalier vole au secours de la demoiselle en détresse que je suis ! Ou pas ! Bon, la comparaison était plutôt amusante, mais pas du tout appropriée, il fait son boulot sans trop faire d’histoire, sans profiter de son statut évident de beau gosse. C’est un bon point pour lui, à croire qu’il n’a que ça ! En plus du style je constate qu’il a aussi l’attitude du mec assez cool et ça me fait sourire ! Je suis légèrement intimidée, mais il faut que je passe outre et je m’en sors très bien en lui demandant quelque chose de totalement impossible ! Je reste silencieuse une seconde avant de constater que nous ne sommes pas seuls et il grimace à son tour quand je parle de fan-club.

Je me mords la lèvre et je regarde en l’air pour me contenir, autant dire que la scène est plutôt comique, de véritables petits amours ces étudiantes amourachées ! Je ne vais certainement pas le leur reprocher, j’ai sûrement été comme ça, mais, dans mon souvenir, je n’ai pas été si sotte ou alors, j’ai très rapidement oublié que j’avais eu ce comportement, l’un ou l’autre, c’est pareil, je ne m’en souviens pas ! Quand il reporte son attention sur moi, j’ai droit à une remarque concernant les demoiselles. Je suis privilégiée en tant que cliente sérieuse, et toc ! Pour une fois que ça me sert de l’être ! Le fameux livre dont il me parle n’est en fait… pas vraiment un livre, mais des livres, comment le lui dire clairement ? Je le laisse me faire un sourire à tomber et je ris légèrement moi aussi avant d’afficher un petit air désolé. Pas que je devrais l’être, mais parce que plus précise, ce n’est pas possible ?

• Je recherche des livres d’apprentissage, mais… pas comme on en fait aujourd’hui, cet exemplaire-là est unique et je ne recherche pas forcément par auteur, je fonctionne aux coups de cœur ?

Il va croire que je me paye sa tête si ça continue, alors que ce n’est pas vraiment le cas. Je suis sûre et certaine qu’il a remarqué que je n’avais pas l’autre livre dans les mains, mais par politesse il n’a rien dit et je le remercie sans prononcer un seul mot en faisant moi aussi comme si de rien n’était. Je me mords la lèvre et commence à paniquer assez, je ne lui facilite pas la tâche, c’est plus que sûr, mais je n’ai pas d’autres indications moi non plus ? L’idéal aurait été que je parcours la librairie à la recherche de ces petites merveilles et je suis loin d’être de mauvaise foi quand il s’agit de tâches lentes et périlleuses. Mais disons qu’un joli minois comme le sien m’a fait craquer littéralement et qu’au lieu de le congédier, j’ai préféré l’embêter un peu. C’est aussi une méthode très efficace pour savoir s’il s’intéresse à ce genre d’ouvrages ou non. Oh ! J’ai quelque chose en tête ! Je lève mon index en ouvrant la bouche et la referme aussitôt avant de retrouver mon idée et de lui sourire.

• Ah ! Ça devient un peu plus clair, plus que des livres de runes, j’aimerais si possible de quoi me renseigner sur les baguettes magiques et… aussi sur l’invention, la recherche de sorts et autres ouvrages du même type… voilà qui est plus clair ! Autant pour moi c’est… le temps que la connexion se fasse avec le cerveau !

Ce que je cherche me vient au fil de la réflexion, il m’a un peu prise au dépourvu en arrivant et je ne m’attendais pas à lui faire face de sitôt, il me fallait juste le temps de remettre mes idées en place, qui me le reprochera, hm ? Il a eu les précisions qu’il cherchait, maintenant c’est à moi d’en apprendre un peu plus sur lui, même si c’est plus de l’ordre des points communs qu’autre chose. Il sait se servir de sa baguette, c’est déjà ça, parce que beaucoup ont une maîtrise chaotique ou mal assurée ou brusque ou… qui ne me convienne pas tout simplement, et là, je parle seulement de baguette, autant ne pas parler de comportement en tant que potentiel petit ami ! Je m’emporte un peu là, ce n’est qu’une baguette et ce n’est qu’une supposition, il faut que j’arrête ça tout de suite ! L’homme idéal n’existe pas, du moins en apparence seulement.

Ah, je ne supporte pas les gloussements derrière, mais je vais devoir faire avec et me tenir à carreau. Passer pour l’intello de service ça a aussi du bon, même si j’ai fait des efforts vestimentaires. D’ordinaire je porte des vêtements qui cachent assez mes jolies jambes et assez large pour ne pas attirer l’attention, mais j’ai fait un petit effort sur les conseils de Shana pour trouver l’homme de ma vie, même si je ne le cherche pas forcément, j’appréhende beaucoup ! Et je ne dis pas qu’il pourrait l’être, oh ça non, ce n’est qu’un coup de cœur physique pour l’instant. Mais voilà, j’ai donc été forcé de porter des jupes et des robes plus souvent et à mettre en valeur la poitrine que je possède et fort heureusement elle est ni trop volumineuse, ni pas assez, selon moi ! Je ne fais rien d’autre que suivre les conseils vestimentaires, pourquoi je parle de ça moi ? Ah oui, parce que j’ai l’air d’une petite intello d’ordinaire et qu’en ouvrant la bouche c’est pire, mais qu’actuellement, je suis une intello chic et qui a toutes ses chances de séduire un homme par ses multiples atouts ! Et pour la gouverne de mes précieux lecteurs, je ne me risquerais pas à tenter celui-là de sitôt, pas devant les collégiennes en tout cas et jamais au premier rendez-vous… même si ce n’est pas un rendez-vous, mais une rencontre ! Ah, détail, détail ! Bon, où en étions-nous ?

Je lui donne du fil à retordre on dirait ! Mais nous allons finir par trouver un terrain d’entente, j’en suis sûre ! Il me demande si celui que je tiens est le seul ouvrage qui m’ait plus et je ne préfère pas répondre, je n’avais pas encore cherché véritablement. Je dirais que oui, car tous les livres de ce rayon semblent être beaucoup plus récents. Je précise encore et finalement, il semble avoir l’illumination, pour mon plus grand ravissement ! Il m’invite à le suivre et j’enjambe parfois avec plus de difficulté que lui des piles de livres plus petites pour atteindre un bureau encombré. C’est marrant, on dirait le mien quand je suis en période d’examens ! Je souris et il récupère une clé avant de m’indiquer une nouvelle fois de le suivre, ce que je fais sans tarder pour gagner un coin de la librairie beaucoup moins bien rangé que la librairie en elle-même et qui cela dit, possède des charmes beaucoup plus attrayants pour moi. J’y reconnais des parchemins datant sans doute du siècle dernier et plus vieux encore.

Je me laisse enivrer un peu trop par l’atmosphère et l’odeur des vieux livres au point de me mettre à tousser dans ma main que j’ai au préalable fermée en un poing. Je ne me risquerais pas à contaminer ces précieux trésors ! Je suis privilégié et j’ai même droit à un joli clin d’œil. Je fonds, que quelqu’un appelle les secourt, ce garçon est adorable ! Je me mords la lèvre et je lui offre un grand sourire, je crois que je suis sur un petit nuage à vrai dire ! Il m’explique un peu plus ce qui l’a poussé à m’amener par ici et je me contente d’opiner de la tête pour montrer que j’ai bien compris. S’il s’est renseigné uniquement pour moi, autant dire qu’il est très fort, mais comme je l’ai vu faire je dirais qu’il aime son métier et qu’il aime aussi se cultiver, un autre bon point pour lui qui vaut plus que les autres !

« Merci beaucoup ! Si je ne trouve pas mon bonheur c’est vraiment que je n’ai pas de chance cette fois, mais je suis certaine de tomber sur des perles et… j’espère ne pas vous ennuyer, je n’aimerais pas vous apporter des ennuis »

Après tout, lui demander conseil est une chose, obtenir gain de cause, peu importe les conséquences en est une autre et je ne suis pas du genre à obtenir ce que je veux au détriment d’autrui, j’espère qu’il ne se met pas en danger pour moi. Je ne dirais pas pour mes beaux yeux, ce serait prétentieux, mais parce que j’ai sans doute l’air plus mature que les collégiennes auxquelles il a à faire ! Ça, c’est indéniable ! Je me retourne et il est déjà en train de faire demi-tour pour rejoindre l’espace moins privé. Je n’en crois pas mes yeux, quand même, il me fait drôlement confiance ! C’est parce que je suis sage ? Là je suis perdue ! Je lâche un vague « merci » bredouillé plusieurs fois avant de regarder autour de moi.

Ecoutez, tant qu’à faire, je vais en profiter ! Je me mords la lèvre et me précipite sur les ouvrages qu’il m’a présentés, enfin, le rayon plutôt ! J’y trouve de ces vieilleries ! Il y en a pour tous les goûts, il y a même des ouvrages très farfelus qui étaient très prisés si mes souvenirs sont bons et ont été oubliés. Je ne devrais pas savoir tout ça en tant que sang mêlé, mais pourtant, je sais mieux que la plupart, grâce à cette passion pour l’histoire des sorciers. D’accord, c’est aussi dans les runes que j’ai pu apprendre tout ça, par les écris d’un illustre sorcier que j’ai eu l’occasion de retranscrire dans notre langue, non sans l’aide de professeurs ou de passionnés. Ce qu’il manque à mon avis dans ce monde, c’est internet ou tout au moins un ordinateur compétent qui pourrait répertorier tout ça ! J’aurais aimé me mettre à la tâche, mais la permission de ramener un engin du monde moldu serait très controversée.

Trêve de bavardage, voilà que je trouve les livres dont le beau blond me parlait. Je suis surprise, c’est exactement ce que je cherche. Je m’assois sur un tabouret poussiéreux après avoir jeté un sort uniquement pour disperser la poussière au sol sans avoir à l’essuyer. C’est plus pratique et ça m’évitera de salir ma jupe comme le livre ! Je feuillette très brièvement avec minutie et je me prendrais presque à vouloir le lire en entier. Je le mets sous mon bras et me pose par terre à genou pour cueillir d’autres précieuses pages reliées. Celui-ci ne traite pas de runes, mais de baguettes, c’est tout à fait ce qu’il me fallait aussi, j’ai droit à des illustrations sur les différents cœurs, les associations possible et non possible autant que des thèses très complètes sur la puissance d’une baguette et les théories sur la magie provenant de ces dernières associées à celles du sorcier. Je me mords la lèvre et retire délicatement l’ouvrage en toussant un peu. Je le mets de côté avec celui sous mon bras et le premier que j’avais déjà. Voilà, trois livres intéressants ! Sait-on jamais, je vais me mettre à fouiller plus en profondeur pour trouver d’autres trésors ! Je retrousse les manches de mon petit haut et tire une pile de livres ancienne pour en lire les titres dorés, je fais le tri sur ce qui pourrait m’intéresser ou non. J’ai largement le choix ! Des livres de sorts me tombent enfin sous les doigts et des formules que je ne comprends qu’à moitié. J’ai même un mode d’emploi pour cet ouvrage, c’est amusant et je vais devoir prendre les deux si je veux parvenir à déchiffrer !

« Woah, ils ne faisaient pas semblant, dis-donc ! »

Je dis ça plus pour moi que pour quiconque dans la pièce, de toute façon, je pense que je suis seule ici depuis… depuis combien de temps ? Je ne suis pas restée plus de dix minutes pour moi, mais peut-être que c’était plus ? J’ai quand même fait l’équivalant d’une étagère mine de rien… mince, je n’entends même plus de bruits ! Ne me dites pas que je suis enfermée ici et qu’il m’a oublié ?! Oh non, quand même pas, si ? Comment j’ai pu être si absorbée ? C’est impossible, je suis vraiment une parfaite petite idiote quand je m’y mets, ou alors ce n’est que le prolongement de mes malheurs de la journée ! Ou bien les deux, il en résulte que je me retrouve coincée et que je me redresse avec les sept ouvrages entre les mains, mes genoux légèrement noircis et striés de rouge à cause des rainures du vieux parquet. Je grimace et je tente quand même de sortir de la réserve. Il y a quelqu’un ?

hors rp:

Avant que je ne me plonge dans ma lecture, j’ai eu droit à un joli sourire. Les livres rares et fragiles, n’est-ce pas ? Je suis privilégié, il n’y a pas de doute ! Ça m’étonne, est-ce qu’il le fait juste pour avoir une cliente de plus ou c’est parce que j’ai l’air plus sérieuse ? Ou je ne sais quelle autre raison ? Je me refuse à croire qu’il a eu un coup de cœur pour moi lui aussi, je suis tellement pessimiste au sujet de mes amours que je ne préfère même pas y croire, disons, que ça me fait terriblement peur d’y penser ! Allons, ne nous plongeons pas dans de tels débats ! Je me jette maintenant corps et âme à la recherche de livres fantastiques qui pourraient faire mon bonheur sans m’apercevoir que le temps est largement dépassé ! Je n’avais aucune montre et je me mords la lèvre en récupérant mes livres et passant la tête au travers de la grille. Je pensais me faire disputée ou pire, être seule dans la boutique, mais au final, il était là, presque à m’attendre !

Je me suis mordu la lèvre avant de lui faire un sourire, je suis plus que mal à l’aise ! Enfin, pas autant qu’au début, quand j’ai légèrement buté sur cette carrure qu’il a. C’est fou, il a l’air soigné de la tête aux pieds ! Tout droit sorti d’un conte il faut croire ! Ou d’un film fantastique comme seuls les moldu savent en faire, ça me manque parfois !

« Oui, j’ai enfin trouvé ! J’en étais sûre, ça ne pouvait pas se passer autrement ! »

Je lui présente les livres avant qu’il ne sorte sa baguette pour fermer la grille et tirer une bouteille de biereaubeurre ainsi que deux verres. C’est une invitation ? Je vais devenir rouge ! Pitié qu’il arrête de sourire comme ça, je suis déjà si embarrassée ! Je ne peux qu’acquiescer, refuser aurait été impoli.

« Merci beaucoup… je suis vraiment désolé, je n’ai pas vu le temps passer… »

Aussitôt il me confie que je suis l’une des rares et qu’en plus, il ne trinque pas souvent avec les clientes. Il veut ma mort cérébrale en plus de celle physique ? Je suis légèrement tétanisée, je dois me forcer et mes membres sont presque lourds quand je daigne en bouger un. Je porte le verre à ma bouche et commence à boire. J’aime particulièrement ce goût qui m’était si peu familier quand j’étais à Sinseonghan Jolyu ! Une spécialité des sorciers d’Europe, j’imagine ! Je souris et le laisse ranger tandis que je triture mes doigts.

« O-oui, je les prends tous, je reviendrais sûrement quand j’aurais dévoré tous ceux-là déjà ! »

Ou pour le voir, mais ça, c’est une autre histoire, je me refuse à venir uniquement pour cela, je devrais avoir une bonne raison pour venir, parce que ce n’est pas mon genre, mais disons qu’il est assez poli, sympathique et… arrête de divaguer Suk Hee, le client est roi, il fait ça justement pour que tu reviennes de toute façon. Je fais la moue à ma propre réflexion et je termine ma bièraubeurre sagement par petites gorgées, c’est que, de chercher comme une petite folle, ça creuse l’estomac quand même !

Je constate, de dos, qu’il est assez large, un corps de mannequin à en faire pâlir de jalousie les plus grands. Je remonte mon regard, hors de question que je m’attarde sur son derrière, c’est hors de question ! Trop tard…, je suis irrécupérable, heureusement qu’il n’a pas vu ça ! Ça s’est passé une demi-seconde pas plus ! Et je culpabilise déjà bien assez. Je me demande aussi, pour quoi il exerce ce métier, il m’a l’air jeune, il l’a choisi ? Ou il a été apprenti directement ? Je suis d’une nature très curieuse et je n’ai généralement pas ma langue dans ma poche, mais disons que là j’hésite assez. Ça me perturbe tellement de le détailler comme ça ! Pourquoi lui ? Pourquoi maintenant ? J’étais venue pour étudier, et même si j’ai trouvé mon bonheur pour pouvoir le faire à présent, et bien j’ai toujours cette appréhension, pourquoi est-ce qu’il m’a tapé dans l’œil comme ça ? Évidemment je ne peux pas en parler en plus de ça, le lui demander clairement ce serait l’avouer et lui donner des chances de me manipuler à sa guise, je suis quelque peu naïve sur les bords… c’est presque énervant pour quelqu’un d’intelligent, comment est-ce qu’on peut combiner les deux ?

« Ça fait longtemps que vous faites ce métier ? »

J’ai préféré poser une question pour ne pas être trop prise par cette conversation interne avec moi-même, et pour évacuer un peu ma frustration, je suis du genre rapide et j’aime savoir où je vais, surtout dans ce domaine, j’ai tellement peur ! C’est infernal. Je souffle un petit peu, je m’essouffle presque à cause de mes pensées et cela est à peine perceptible, heureusement pour moi, mais je n’aimerais pas qu’il se méprenne, au pire des cas, je dirais simplement que j’ai un peu chaud. D’ailleurs…

Je prends un de mes bracelets pour attacher mes cheveux et ainsi contrer la question si jamais il avait dans l’idée de la poser. Attendez… je lui ai demandé son prénom au moins ? Oh mince… je ne sais même pas comment il s’appelle ! J’aurais dû commencer par ça ? Je le lui demanderais après, s’il s’aperçoit que j’ai omis ce détail, je vais me confondre en excuse, à croire que je suis douée pour me mettre dans des situations un peu délicates en sa présence. J’ai beau l’apprécier dans sa façon d’être, je ne m’apprécie pas quand je suis avec lui, tellement paumé que c’est presque troublant ! Je n’ai pas été dans cet état depuis longtemps, en fait, je crois même que je ne l’ai été qu’une seule fois… mais ça n’est pas comparable, car je n’avais pas vraiment peur… enfin, si, ah ! Compliqué tout ça, stop les vilaines pensées qui m’embrouillent !

Spoiler:

Je me sens affreuse à l’idée d’incommoder quelqu’un, c’est dans mes gênes, c’est plus fort que moi, même quand on me dit que ce n’est pas le cas, je me sens quand même mal à partir du moment où je suis dans un endroit où je ne devrais pas être, du moins, pas à cette heure ! Je me mords la lèvre et le remercie encore. Il tente de me rassurer et boit sa bière lui aussi. Je rougirais presque en le voyant se lécher les lèvres, ah, mon dieu ! Je vais défaillir ! Je regarde mes livres et je souris, avant de les lui laisser. Autant reporter mon attention sur quelque chose d’utile, n’est-ce pas ? C’est ce qui m’a sauvé la mise la première fois et c’est sûrement ce qui me sauvera cette fois aussi.

Il les emballe et me donne le prix, c’est si peu cher que je m’en étonne, vraiment ? Tout ça vaut 9 gallions ? Je suis certaine que ceux sont des trésors inestimables, je m’attendais à vider mes économies ! J’ai effectué des petits boulots durant l’été pour gagner un peu d’argent, je dis bien un peu, mais j’aurais fait un effort pour conserver au moins l’un de ces livres, voilà que je repartirais avec tous ! Je ne vais pas me plaindre, il a bien lu les titres, il sait qu’ils étaient dans la réserve puisqu’il me les a lui-même conseillés, alors s’il y a erreur… je lui en parlerais plus tard, quand je les aurais feuilletés ? Non, je ne peux pas faire ça, je vais être rongée par la culpabilité !

« V-vous êtes sur ? »

Il reprend son verre en me disant que je pourrais revenir visiter la réserve la prochaine fois aussi. Mais s’il est si avenant, je vais finir par m’imaginer des choses moi. Je ne peux pas m’empêcher d’être suspicieuse et de plisser mes yeux en penchant ma tête sur le côté une fraction de seconde. Je suis un peu mal à l’aise, plus parce que je sens qu’on va bien s’entendre que parce qu’il… est sympathique ? En fait, ça ne me dérange pas, mais j’ai peur, le courant passe si bien que j’ai peur de me faire berner. Je le connais à peine, c’est vrai qu’il m’a tapé dans l’œil, cependant, je n’ai pas trop le droit de tomber dans ses filets, je me refuse de me laisser avoir par un si joli visage d’ange qui en fait mourir plus d’une ! Je pose une question et il me répond qu’il est un habitué depuis assez longtemps pour avoir acquiert une certaine expérience. Je me disais bien ! Je suis vraiment une idiote, je me laisse si facilement embobiner !

Je suis quand même fasciné, il est occidental, ça se sent de toute façon, mais tout de même, je reste sans voix, le fameux Poudlard, on m’en a rabattu les oreilles si longtemps ! Le chemin de traverse, j’aurais tellement aimé voir à quoi ça ressemble. Je lui souris et trépigne d’impatience alors qu’il se remet à boire tranquillement. C’est amusant aussi, comme il présente les choses, j’ai l’impression qu’on se ressemble, même si je le trouve bien plus calme pour l’instant ! Enfin, ce n’est qu’en apparence, j’imagine, le côté professionnel qu’il se doit de garder ? Si on est amenés à se voir plus souvent, il va rapidement le perdre ! Qu’est-ce que je dis, moi ?!

« C’est comment ? Je suis fascinée par beaucoup de choses, mais je dois dire que je ne voyage pas beaucoup, j’ai adoré être dépaysée par Wincamp… si un jour j’ai l’occasion de me rendre à Londres, j’aurais tant aimé visiter ces charmantes ruelles ! »

Typiquement anglais, il paraît ! Très coloré, très original et assez convivial ? Je rêve de voir cela installé chez nous, enfin, en Corée du Sud, c’était tellement magnifique, mais ça nous ressemblait tellement que je passais pour la petite folle du groupe, alors qu’ici, je me sens comme chez moi en fait, ou presque ! J’ai quelques mises au point à faire, comme mes jolies courbettes, mais bon, ce n’est qu’un détail insignifiant.
Il est irlandais, il est si beau… je devrais peut-être me trouver un bel irlandais pour Noël ? Non ? Ça ne se commande pas ? Bon, d’accord. Je préfère ne pas parler de la mienne, je comprends tellement ce sentiment, je me contente de hocher la tête en faisant la moue, je suis très loin de chez moi ! Puis il enchaîne bien sûr, pour ne pas rester nostalgique trop longtemps. Il me prend pour une prof ? Oh ! C’est adorable !

« Ce n’est pas tout à fait ça, même si c’est vrai que ça se tient ! Je souhaiterais devenir fabricante de baguettes et je suis aussi une mordue du monde magique, je suis une sang-mêlé alors… c’est assez intrigant tout ça ! L’ancienne langue me rend vraiment la tâche difficile, mais j’aime relever les défis ! C’est étrange comme passion, hm ? Et hormis vendre ces inestimables trésors, vous aimez faire quoi ? »

Je sais déjà ce que je lui proposerais pour me faire pardonner, je lui offrirais un verre ! Pour se voir en dehors de la boutique, il ne va pas refuser, n’est-ce pas ? Même s’il n’a pas l’habitude des clientes ? Je me sens particulièrement à l’aise avec lui, c’est idiot, mais j’ai l’impression de n’avoir rien à craindre et d’être avec un ami que je connais de longue date. Je bois ma bière moi aussi, ça désaltère, il n’y a pas à dire ! Je suis contente, passer pour une prof, ça aurait pu être vexant, du fait que je passe encore pour une coincée, mais, je préfère ça plutôt qu’une dévergondée, il n’avait pas l’air d’apprécier. Je pouffe de rire, je n’ai pas pu m’en empêcher.

« P-pardon c’est juste que… je me moque un peu de ces filles… ah, désolées, vraiment, ça ne doit pas être facile non plus pour vous ! Ça arrive souvent ? »

Moi, à part quelques pervers à Sinseonghan Jolyu, dont, l’un des tout premiers garçons que j’ai fréquenté et qui a regretté de ne pas m’avoir pris au sérieux… et bien, je n’ai rien d’intéressant à dire côté cœur, c’est désespérant et chaotique. J’en soupirerais presque !

Spoiler:

9 galions, j’étais quand même étonnée que ce chiffre sonne si peu même s’il était déjà conséquent, c’était presque étonnant qu’une merveille pareille soit si peu chère ! Il vérifie sur le registre et visiblement il n’y a pas d’erreur, ce qui m’étonne autant que me réjouit ! Il ne manqua pas de me rappeler qu’il n’était pas le gérant concrètement, cela dit, c’était tant mieux, de cette façon je n’avais pas à payer véritablement le prix et puis, peut-être sont-ils ici dans la réserve à ce prix-là, parce qu’ils sont particuliers, ou alors c’est une nouvelle façon d’inciter à apprendre selon les anciennes méthodes, ça peut tout à fait être plausible ! Je me mords la lèvre et souris, alors qu’il me parle de son pays d’origine et de Londres. Je demande plus de détails, c’est plus fort que moi, j’aurais aimé qu’il y ait un moyen plus sûr de voyager que le transplanage et tout aussi rapide pour autant, mais créer des portes au loin à tout va serait peu prudent, alors je ne préfère pas m’y risquer !

L’évocation de gobelins me fait rire parce que je n’en ai jamais vu et parce que je les imagine tellement tenir une banque ! C’est tout à fait dans leur corde, qui mieux qu’eux pourraient garder de l’or ? Je me demande comment Wincamp fonctionne sur ce domaine ? Passer son enfance dans une école et faire ses premiers achats magiques, c’est sûrement douloureux d’y penser en y étant loin, mais c’est également un souvenir précieux qu’il me compte et qui pourrait presque emplir mes yeux d’étoiles. Je suis friande de ce genre de petites anecdotes et je dois dire que c’est à peu près la même chose pour moi, comme pour beaucoup d’autres. Sinseonghan Jolyu me manque terriblement et pas que l’école d’ailleurs. Je me mords la lèvre et nous changeons de sujet. Il me renvoie la pareille et je ris en lui répondant. Ça semble l’étonner ! Je prends ça pour un compliment, après tout, il y a peu de fabricants de baguettes dans le coin, encore que deux boutiques se disputent le morceau à Wincamp ! Il me tutoie, je suis tellement heureuse ! J’en oublie presque mes bonnes manières, je ne sais toujours pas son nom ! Je note également qu’il est sang-mêlé et mes yeux s’ouvrent en grand, il est tout aussi enthousiaste que moi, chouette ! Mon alter ego au masculin ? Encore que ce dernier point est un mal comme un bien, puisque d’un côté il est issu d’une famille assez ouverte d’esprit et de l’autre il a sans doute subi les brimades d’autres élèves qui… ne valent rien de plus que les autres et je dirais même encore bien moins que ce qu’ils croient. Je préfère ne pas y faire allusion, me contentant de sourire comme je le fais si souvent.

« Oh, je n’espère pas tant, disons qu’il y a déjà deux boutiques alors, je vais effectuer des stages dans l’une ou l’autre et sans doute me greffer à celle qui correspondra le mieux à mes exigences, même si j’ai déjà une très bonne idée de laquelle choisir ! Eh oui, t-tu as le droit de me tutoyer, d’ailleurs puisque nous y sommes… je m’appelle Suk Hee et je suis résolument ravie de m’être un peu attardée sans le vouloir sinon, nous n’aurions pas parlé comme ça j’imagine. Comment tu t’appelles ? »

Je suis gênée, de demander son prénom, à un inconnu avec lequel je parle depuis près de…. De combien de temps ? Je ne sais pas et je ne veux pas savoir, mais assez longtemps pour me sentir en confiance et pouvoir lui parler de tout et de rien. Un ami en devenir que je ne manquerais pas de solliciter pour visiter Wincamp… enfin, entre autres choses ! Enfin, j’appréhende, mais je ne me laisse pas influencer par mes peurs, ce serait un comble, moi qui pousse toujours les autres à les vaincre, je me laisserais faire ? Je m’y refuse ! Mon cœur bat si vite que j’ai l’impression de faire un arrêt cardiaque, mais je ne préfère pas alerter le charmant jeune vendeur, ne l’interrompant pas pour me concentrer sur ses mots… et aussi sur ses lèvres, occasionnellement. Je n’ai pas pu m’empêcher de rire en fait et je lui ai expliqué le pourquoi du comment. Visiblement son patron est un petit voyou, c’est sûr ! Mais il n’a pas tout à fait tort. Et c’est à son tour de rire, ce qui provoque chez moi… et bien, disons quelque chose de similaire, car, ce n’est pas fou, c’est très astucieux comme méthode pour attirer la clientèle, même si très particulier !

« Dans un sens, quand elles comprendront s’être fait avoir, elles seront moins… influençables ? Je n’ai pas vraiment le mot juste, mais ça correspond à peu près. Quant à ton supérieur, il en profite tout en leur donnant une leçon à travers toi. »

Étrange comme formulation, n’en parlons plus ! Je ne préfère pas m’étaler là-dessus, je crois qu’à force de fréquenter des gays je note beaucoup trop les allusions dans ma propre bouche. Je vais faire comme si de rien n’était, parce que ça risque de dégénérer si je m’excuse… c’est un bon moyen pour savoir s’il est hétéro. Je ne veux pas savoir ! Non, je ne veux vraiment pas savoir, je n’ai aucune raison d’en douter pour le moment et ce sera un sujet à éviter dorénavant pour ne pas que mon petit cœur en prenne un coup. Même si le courant passe plus que bien, je préfère ne pas me projeter trop loin. C’est dans ma nature et c’est assez effrayant, surtout que je parais plus désespérée qu’autre chose !

Il me parle de ses passions suivant ma demande et je vois dans ses yeux que ça lui fait vraiment plaisir d’en parler, est-ce qu’il a souvent l’occasion d’en parler comme ça ? Je veux dire, il doit être très sociable, ça doit être ça et c’est tout à son honneur, car même si je le suis, ma maladresse ne me permet pas toujours d’avoir des conversations aussi riches ! Je suis épatée ! Un libraire et musicien qui plus est, de quoi me ravir aussi bien physiquement qu’additivement ? Je demande à voir ! Ou plutôt à entendre. J’ai droit à une invitation et ça me fait presque sauter de joie ! Je vais en faire des jalouses ! Il n’y a pas à dire, mais ma priorité n’est pas vraiment là, je suis vraiment curieuse !

« Oh, avec plaisir ! Je suis très curieuse, alors, attends-toi à me voir débarquer à ta prochaine représentation ! »

Ou la suivante ? Non, j’ai carrément foncé tête baissée sans même prendre de gant ou le taquiner, je suis vraiment comme ça moi ? Oh, et puis zut, j’ai envie de profiter un peu sans me tracasser l’esprit avec ces sornettes, il adviendra ce qu’il adviendra, voilà !  Je me mords la lèvre et termine ma boisson. Je ne devrais pas tarder à y aller, mais honnêtement je n’en ai plus trop envie. Du moins, il y a quelque chose qui me tracasse. Si à Sinseonghan Jolyu je ne sortais jamais seul le soir, il y avait une raison et même si Wincamp est plus sécurisé, j’ai toujours cette boule au ventre, car l’on n’est jamais à l’abri, je n’ai plus senti cette aura sécurisante depuis que Jae Hwan et mes frères aînés sont loin de moi. Lui, il n’a pas ce problème, c’est un homme, même s’il n’est pas épée, je me sens assez en confiance et en sécurité, mais une fois dehors ce sera toute autre chose. Trouve quelque chose à dire Suk Hee, et vite !

« J-je viendrais sans doute avec mon meilleur ami, s’il n’est pas déjà venu ! »

Ce qui m’étonnerait, je le bouderais si c’était le cas ! Ki Suk me dit beaucoup de choses, mais pas tout, mais je doute qu’il ait omis de me dire cela. Je souris rien qu’en y pensant et la parole me revient beaucoup plus facilement à présent. Je le dévisage presque, penchant ma tête sur le côté en entrouvrant les lèvres. J’ai une idée de quel genre d’ami il peut être, c’est même assez flagrant il me rappelle Ki Suk, mais quel genre de petit ami il pourrait être ? Oh non ! Pas ça, n’y pensons pas !

« Tu habites loin d’ici ? »

Je ne vais pas lui proposer de le raccompagner, techniquement ce n’est pas à moi de le faire, je suggère juste l’inverse, mais j’ai appris il y a longtemps que les garçons sont idiots et qu’ils ne comprennent pas les sous-entendus. Alors je demande, innocemment sans vraiment chercher à ce qu’il me raccompagne, juste, savoir s’il habite dans les parages, car Ki Suk et Yano aussi ! Je pourrais lui en toucher deux mots… garder cette information jalousement ? Peu importe, je demande de ces choses moi… mais il faut me comprendre, j’ai un peu peur !

Spoiler:

Parler de ma passion pour la connaissance c’est parler de tout ce que j’ai appris du monde magique et également de mon ravissement d’en faire partie. Je ne suis pas un élément du décor ou quelqu’un dépourvu de magie. Je plains ces personnes-là sincèrement, quoiqu’elles n’en savent rien pour la plupart. Cela dit, je sais que mon grand frère, l’aîné des trois enfants Song, en souffre. Je n’ai pas le droit de lui ramener de souvenirs magiques, mais je l’émerveille toujours dès que je le peux, quand cela m’est autorisé et… quand il lui est permis de venir. Enfin, cela dit, c’est également difficile de le faire venir puisque c’est assez cher les voyages, surtout quand il s’agit d’argent moldu ! Je me demande s’il a ce même sentiment à ce sujet, mais peut-être qu’en parler raviverait une peine ou alors, je ne sais pas trop, je n’ai pas envie d’en parler, car c’est assez délicat même si savoir qu’il est sang-mêlé me plaît beaucoup ! Je me contente de parler de mon avenir, encore incertain, mais qui ne tardera pas à prendre la voie que je souhaitais depuis longtemps déjà. Je suis toujours hésitante, mais pas sur ce choix, qui est cette fois le bon ! Je me mords la lèvre et profite aussi pour me présenter et lui demander son prénom. On s’est laissé tous les deux prendre au jeu sans savoir les bases l’un de l’autre, ça me fait rire doucement, surtout quand il prononce mon prénom. J’ai un faible pour les prononciations approximatives de mon prénom lorsque c’est dit par un étranger sexy. hm… calmons-nous ! Je dois sûrement être un peu rouge, c’est idiot, je ne voudrais pas passer pour l’une de ces filles, mais il faut croire que dans un sens, je ne suis pas bien différente. Je rêve secrètement du prince charmant en me mettant des œillères volontairement pour passer à côté et… finir seule. Ce n’est pas tout à fait ça, mais je tente au mieux d’ignorer pour ne pas être blessée de sitôt. Je me remets encore de ma rupture, pourtant amicale avec mon petit ami torturé…

Je lui fais un grand sourire en lui exposant mon point de vue sur son patron, assez filou mais pas mauvais dans le fond, enfin, pour ce que j’en dis… par rapport aux livres ! Il s’amuse de ma réplique, c’est fou comme j’ai l’impression d’être en présence d’un ami de longue date ! Si j’avais su que les livres me rapprocheraient autant, je m’y serais jeté corps et âme, plus que je ne le fais déjà ! Enfin non, c’est surtout une très grande coïncidence, mais ça me fait plaisir, ça faisait bien longtemps que je ne m’étais pas senti comme ça et que je ne me méfiais pas d’un inconnu… disons que vraiment, le climat de confiance n’a eu aucun mal à s’instaurer et que ça me délivre de beaucoup de poids de me retrouver un peu, moi qui manque de contact humain, j’en avais bien besoin !

« Peut-être que je me trompe et que je vois ce qu’il y a de meilleur même quand il n’y a pas… aussi ! C’est une qualité qui relève plus du défaut parfois »

Je suis loin d’être naïve, mais j’essaye toujours de relativiser, sinon, je ne serais pas Suk Hee Song ! Mais c’est très encombrant d’être moi, parfois ! Mais là n’est pas le sujet, je lui renvoie la pareille et quand je vois à quel point il s’anime, je me sens presque heureuse pour moi. Je souris, je ne peux pas m’en empêcher, surtout quand il me dit qu’il s’engage à payer si nous ne sommes pas satisfaits ! J’ai ouï dire que les chants gaéliques sont assez étranges quand on n’y est pas habitué, alors je ne pense pas être déçue ! Je me mords la lèvre et tire presque la grimace.

« Tu as tellement de chance que je sois une fille honnête ! »

Je ne saurais jamais mentir, et si jamais ça ne me plaît pas je culpabiliserais tellement que je refuserais qu’il paye, je me connais. Je ne voudrais pas le décevoir. Je garderais la surprise plutôt que de me renseigner chez les moldu ou dans les livres magiques parfois mieux qu’une télévision, à propos de ces chants. Étrangement, je l’imagine bien en rockeur, mais je ne me risquerais pas à le lui dire, ce n’est pas le style de la maison par ici, je doute que ce soit très apprécié, peut-être par les nés-moldu et les sang-mêlé, qui savent ce qu’il en est, mais, sinon…

La conversation dérive par ma faute sur l’heure qui tourne et les quartiers de WinCamp, je vais pouvoir traiter de ce qui me plaît au sujet de cette ville, tout comme ce qui ne me plaît pas. Je sais dorénavant qu’il n’est pas loin de son domicile et il a bien de la chance. Je ne peux pas voir où exactement, mais je vois ce qu’il veut dire, j’ai tourné la tête dans la direction par automatisme et je me suis mordu la lèvre en réprimant un rire. Je suis sotte quand je m’y mets ! Je me sens un peu rassurée, mais mon problème demeure toujours. J’irais faire un saut chez Ki Suk et Yano ? Ou non, je n’ai pas envie de les déranger pour ça et je n’ai pas vraiment le choix, si encore j’avais un preux chevalier, mais non.

« Ah, j’aurais bien aimé pour le coup ! Mais, il faut croire que non, tous mes amis ont choisi ce quartier, pour ma part c’est le quartier Al… Ali….Alio… Alihosty que j’ai choisi ! Aux couleurs de l’Afrique. Quand je parlais de dépaysement, je ne plaisantais pas ! »

Je ris de ma bêtise, pour le coup, je me sens tellement seule dans ce quartier, je n’y connais pas grand monde et ce n’est pas vraiment cela qui me fait peur, mais plutôt le fait que j’habite seule et que le silence me trouble toujours autant qu’avant. Pas de télévision, juste une radio, de quoi manger et lire tranquillement, mais rien qui ne fasse vraiment du bruit… oh, ma théière peut-être ! Enfin, je me connais, je vais sans doute cuisiner pour tenter de m’épuiser et dormir directement. Une de mes nombreuses passions pour parer contre le stress et la peur ! Je n’ai plus envie de partir, mais je n’ose pas le lui dire, il va bien falloir de toute façon, ce ne serait pas raisonnable sinon… je me retiens juste de regarder l’heure pour ne pas qu’il s’en aperçoive.

« Tu as déjà voyagé hormis pour venir ici et les voyages entre l’Écosse et l’Angleterre ? Ce qui est déjà plus que moi en tous cas ! »

Même avec un permis de transplanage, je n’aurais pas le cran !

En me confiant sur la possibilité que je sois dans le faux, je ne m’attendais pas à ce qu’il me répondre être comme ça lui aussi, sachant qu’il contribue quand même à ce que ces filles achètent ! Enfin, il n’est qu’un élément qui permet d’acheter, comme la mise en scène qui permet de voir un produit super alors que le produit ne l’est pas. Encore que je doute que les contenus des bouquins vendus ici soient aussi peu vendeurs ! Ah, je m’embrouille ! Mais c’est plaisant de savoir qu’il est un peu comme moi, je croyais être un peu seule au monde. Je lui offre une moue amusée tout en soupirant et en relevant mes bras, mes mains écartées vers lui.

« J’ai l’impression qu’on est pareil, on dit que je suis bien trop gentille ! Mais j’ai mon petit caractère, il en faut juste beaucoup plus que la moyenne pour que la bascule balance vers mon côté démoniaque, tu as un côté sombre ? »

Je ne l’imagine pas du tout dans ses mauvais jours, mais les apparences ne veulent rien dire. Je suis bien placée pour le savoir, en prenant l’exemple de personnes calmes et posées qui intérieurement ont ce besoin d’exploser et quand elles le font c’est souvent spectaculaire. Ce n’est qu’un avis parmi tant d’autres et qui ne m’aide pas à cerner cette personnalité pétillante qui lui appartient, mais c’est un plus, nous serons amenés à nous revoir absolument ! Et justement j’ai droit à une invitation pour ses représentations. Il promet de payer si je ne suis pas satisfaite, ce qui m’étonnerait d’ailleurs, je suis passionnée par beaucoup de choses et découvrir des cultures par un moyen ou par un autre ne pourra que m’être bénéfique ! Il culpabilise aussi facilement que moi, de quoi m’attendrir assez pour que je m’en morde la lèvre. Je vais me mettre à culpabiliser moi aussi si ça continue. Je ris et pose ma main sur son bras. Je me le permets parce qu’il ne mérite pas que l’on profite de lui et je ne me le permettrais guère.

« Eh bien je suis flattée, mais tu n’auras pas à le faire, je suis sûre que je passerais une très bonne soirée, quoique tu puisses en dire »

C’est sincère. Je ferais tous les efforts possibles, comme je l’ai toujours fait, pour ne voir que le positif, c’est ma façon d’être, c’est comme ça. Il me tarde d’y être, ça me rend tellement curieuse et ses craintes sont infondées, mais adorables. Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour qu’une fois dans ma vie, si quelque chose ne me plaît pas, ça ne puisse pas se voir. J’aurais horreur de le décevoir. Je lui ai demandé où il habitait d’ailleurs et je me renseignerais sur le lieu qu’il m’a indiqué pour ne pas me tromper. Il est d’ici, de ce quartier, à croire que c’est le cas de la moitié de la ville, j’ai peut-être mal choisi, moi qui voulais faire plus amples connaissances… oh, mais je ne regrette pas j’y ai fait de belle rencontre tout de même ! Oscar n’a donc pas visité les autres quartiers, je devrais peut-être le lui proposer, nous pourrions nous retrouver à trois, ou bien à plusieurs même, selon les horaires de chacun, pour faire connaissance et resserrer les liens ? Je rêve tellement de ça ! J’en ai besoin. Visiter seule est aussi partir à l’aventure et m’a apporté quelques jolies surprises comme parfois des ennuis certains, pourquoi ne pas lui demander ?

« Oh, je serais ravie de t’inviter, plus que cinq, je crois, cinq amis à te faire provenant des autres quartiers ! »

Une plaisanterie qui n’en ait pas vraiment une, c’est une idée qui pourrait très bien passer je trouve ! Après, être ami pour cette raison uniquement, ce n’est pas juste. Je ne voudrais pas qu’il pense que je sois comme ça, je n’en ai peut-être pas l’air, mais je suis une fille bien. Je me mords la lèvre et lui demande pour L’Irlande et il me raconte que non et je perds mon sourire quand j’apprends qu’il a subi l’invasion, ou plutôt qu’il a craint pour sa vie et pour les siens. C’est une bonne cause qu’il a défendue et je pince mes lèvres pour ne pas dire de sottise à ce sujet. Les projets ont été suspendus en raison de l’invasion, mais cela ne l’empêche pas de reprendre dès aujourd’hui ou plus tard ! Ce qui semble être de son avis puisqu’il retrouve son sourire en parlant de la France et l’Italie, des villes connues et qui vivent par le tourisme autant que par leurs richesses et font rêver même les sorciers !

« Oh comme je te comprends, j’aimerais y aller moi aussi, mais le transplanage me fait un peu peur, je n’ai pas encore passé mon permis, j’appréhende beaucoup de le faire. Ce sont des très bons choix je trouve ! »

Je ne proposerais pas d’y aller à deux cette fois, ce serait presque lui donner rendez-vous, ceux sont deux villes qu’il faut visiter en amoureux et je viens à peine de le rencontrer, même si nous avons l’air de vieux amis. Je dirais simplement que je lui souhaite beaucoup de bonheur.

« Tu as une idée d’avec qui tu voudrais aller dans ces villes ? Elles sont parfaites pour y aller en amoureux, moi je dis ça, je ne dis rien »

Pour une célibataire innocente, je ne me débrouille pas trop mal, je ne suis pas en recherche constante par rapport à mon mal d’amour et c’est parfait. Je me soigne. C’est ce que je me dis pour me persuader de ne pas tomber amoureuse stupidement. J’ai encore de la marge et on ne tombe pas amoureuse comme ça en un coup de baguette magique. Ou alors, oui, mais je ne crois pas être victime de sort ou de potion. N’en parlons plus. Parler d’amour avec un garçon ne devrait pas être un tabou, mais inconsciemment ça l’est. C’est assez troublant de devoir se maîtriser. Cette fois je suppose que c’est moi qui prendrais certains mots pour ce qu’ils ne sont pas. J’en viens à me poser cette question existentielle : l’amitié entre un homme et une femme existe-t-elle vraiment ? L’amour et l’amitié sont fortement liés, mais comment déterminer la limite ? Est-il possible d’en fixer une entre les deux sexes ? Mon esprit est en ébullition, je ne dois pas laisser cela transparaître !

Je lui ai demandé s’il avait un côté sombre et cela m’a immédiatement fait sourire, tout comme lui d’ailleurs, ça l’amuse et apparemment, la raison est elle aussi adorable, puisqu’il m’explique que son meilleur ami pourrait dresser une très belle liste, de quoi me faire sourire et écarquiller les yeux. Je suis très curieuse, il ne faut pas me le dire deux fois, en plus, j’imagine facilement les choses ! Mais je suis plus impressionnée par le fait qu’ils se connaissent depuis si longtemps que par cette soi-disant liste, il a l’air d’un ange, mais il n’en est pas un. Après, je doute que ce soit vraiment le genre à être foncièrement mauvais, ça, c’est sûr et certain, il me l’a prouvé plus d’une fois aujourd’hui, alors j’estime que c’est suffisant pour ne pas me méfier trop de lui, la seule chose qui m’inquiète, c’est qu’à trop se montrer appréciable, je vais finir par m’enticher bêtement. Il y a plusieurs façons de procéder pour me faire craquer. Mon meilleur ami me fait craquer par exemple, mais je n’en suis pas amoureuse, je le trouve juste, tellement adorable que j’ai besoin de lui pour me sentir bien et que je ressens ce besoin imminent de tout lui dire et qu’il me dise tout en retour ! Après, c’est celle-là que je redoute. Mon petit cœur fragile en ce moment fait pas mal de dégâts et je n’aimerais pas craquer… dans le sens, n’avoir que lui en tête… je suis très niaise quand ça arrive et je ne supporte pas être dans cet état de transition entre le « il m’aime » et « il ne m’aime pas ». Enfin, n’y pensons pas !

« Je suis sûre que ça ne doit pas être si terrible, sinon, il ne te supporterait plus et puis la liste est longue d’après toi seulement »

Je l’imagine très courte ! Je souris, et il m’invite pour une des soirées où il chante et je me fais un plaisir de lui dire que j’aimerais sûrement et que de toute façon, je ne compte pas lui dire si le cas contraire se produit, mais ça m’étonnerait. Oscar répond alors d’une façon sceptique qui me fait rouler mes yeux vers le haut en soupirant. Il est têtu, ça, il faut bien le reconnaître, mais c’est plus amusant qu’autre chose, je crois que sur ce point-là aussi on se ressemble. J’ai droit à une adresse et que je saisie rapidement et glisse dans un de mes livres tout nouvellement achetés pour ne pas le perdre, me connaissant, je vais rapidement dévorer l’un des trois ! On en vient à parler des quartiers et de voyage, il n’est pas allé bien loin selon lui et il a encore à visiter, je me suis immédiatement proposée, plus on est de fous, plus on rit après tout et je ne pense pas que Ki Suk y voie un inconvénient !  Je me mords la lèvre et souris et acquiesçant vivement, il n’a aucun doute à avoir sur cela, je serais vraiment contente de pouvoir me montrer serviable et surtout, de partager un moment avec un nouvel ami, parce qu’on est en train de le devenir, n’est-ce pas ? Comme quoi, ça va très vite quand le courant passe comme ça, ça n’est pas plus mal, vraiment !

Toujours sur la thématique du voyage, j’en apprends un peu plus sur ses origines et sur l’endroit d’où il vient, là où il voudrait aller. Je souris d’ailleurs en pensait à ma famille qui me manque énormément, mais je ne préfère pas m’étaler sur le sujet, je lui confis simplement comprendre cette décision qui aurait sans doute été la mienne si je m’étais moi-même retrouvé dans cette situation. Après, transplaner est une autre chose que je redoute et il a l’air de comprendre à son tour pour quelle raison. Je frissonne rien qu’en y pensant et secoue vivement ma tête en ouvrant mes yeux en grand. Évitons d’avoir cette imagination fertile pour une si vilaine pensée !

« C’est exactement ça qui me fait peur. C’est difficile à passer ? Je n’arrive presque jamais à faire le vide dans ma tête, j’aurais beaucoup trop peur même sur des courtes distances »

Il doit bien y avoir un secret pour franchir le cap, mais je ne le connais pas encore et puis, disons que pour l’instant, rien dans tous les conseils que j’ai pu recevoir n’a su y changer quoi que ce soit ! Quant à ses choix de destination, j’approuve et c’était l’occasion rêvé de savoir s’il avait une idée de qui emmener ou non. Mais visiblement, il était célibataire, si bien qu’il me l’a répété deux fois, il essaye de s’en convaincre ou il s’en rend juste compte ? Je ne sais pas, mais ça me fait légèrement sourire, parce que je suis un peu pareil, avec cette situation compliquée qui est la mienne et… que je complique toute seule involontairement, il faut dire.

« Oh, je crois que j’avais compris, ça n’est pas plus mal… »

Autant dire que s’il est perspicace, du moins suffisamment pour percer à jour l’intonation de ma voix, il comprendra que je pourrais traduire mes mots par « au moins tu n’auras pas mal » ou quelque chose du genre, c’est toujours très douloureux quand on se rend compte qu’il nous manque une moitié… et j’ai l’impression que les sorciers sont beaucoup plus sensibles qu’ils n’y paraissent. Certains l’utilisent à mauvais escient, d’autres s’en servent comme moteur pour régir leurs vies, et… moi je n’ai pas encore trouvé mon parfait équilibre, mais je ne cherche pas vraiment il faut dire !

Il finit par se rendre compte qu’il est assez tard et je me pince les lèvres dans une grimace épique. Je suis un peu embêté, par réflexe je m’incline presque à quatre-vingt-dix degrés pour m’excuser, c’est un réflexe qui revient souvent quand je stresse par exemple et je me confonds en excuses, en coréen, mais ça, ça ne change pas, il me comprend, car le sortilège fonctionne bien. Il me parle de rentrer chez moi et du fait que c’est peut-être risqué. Je serre doucement mes livres dans mes bras, je pense qu’il ne vaut mieux pas que je l’embête avec ça, même si c’est un vrai plaisir de passer du temps avec lui, ça m’a vraiment détendue en tous les cas. Moi qui croyais que cette journée serait pire que ça, elle s’est plutôt bien déroulée.

« Ne… ne t’embête pas pour ça, il paraît que Wincap est sécurisé non ? Plus que mon école coréenne en tous les cas, alors… je ferais mieux de m’habituer ? »

Je ne suis même pas sûre de ce que j’avance, mais je n’ai pas envie de le déranger trop non plus. Je me contente de soupirer et de lui sourire avant de lui faire un clin d’œil et de lui glisser quelques mots.

« à très bientôt alors, je repasserais sans doute et puis, on se verra d’ici peu puisque tu m’as invité »

J’étais ravie d’ailleurs, en le disant, parce que ce n’est pas une invitation pour un rencard, non, contrairement à ce que l’on pourrait croire, c’est une invitation à me faire partager un petit bout supplémentaire de lui, et c’est bien pour ça que j’ai proposé de le guider en même temps que je découvre moi-même les quartiers, je voudrais qu’il découvre un peu plus de moi aussi. C’est sur cette agréable pensée que je m’avance doucement vers la sortie, peu sûre, et le cœur battant, mais rassurée… par sa présence que je ne vais pas tarder à quitter ? Ah, mais vraiment je suis cruche, quand je me retrouverai dans le noir, éclairée par la lueur de ma propre baguette, ça me fera beaucoup moins chaud au cœur !

HS:

En parlant de démon, je le trouve beaucoup plus adorable qu’il n’a l’air de le penser ! Même en m’énonçant quelques défauts, mais il est loin d’être un ange, véritablement, ça je le sais, enfin, je m’en doute, les anges n’existent pas après tout ! Ou alors, je n’en ai tout simplement jamais vu. Toujours est-il que je réprime mes moqueries, si c’est ce qu’il entend par défaut, je trouve ça plutôt mignon ? Je suis presque curieuse de le rencontré avec un taux d’alcool élevé dans le sang, suffisamment pour qu’il soit comme il dit, mais je préfère quand même rester la gentille fille sage que je suis et ne pas l’énoncer à haute voix. Je me contente de sourire.

« C’est plus mignon que rebutant, tu triches ! Enfin, excepté pour les bagarres, ça, c’est sûr, personne n’aime, mais je n’ai rien à dire, je suis pareille, moins le côté irlandais »

Je lui fais un clin d’œil, il m’est arrivé de me battre, de me crêper le chignon et pas seulement avec des filles, j’ai le mérite de toujours avertir quand je frappe, pas toujours, mais disons que je ne frappe jamais quand la personne a le dos tourné. Je ne suis vraiment pas violente, mais je le deviens quand on arrive à m’énerver suffisamment et il y a des fois où c’est extrêmement facile de me mettre à bout. Autant dire qu’il ne faut pas m’énerver. Je me mords les lèvres pour ne pas y penser et m’oriente plus vers le voyage, puisque nous parlions d’Irlande et d’Angleterre. J’en profite pour lui demander des détails sur le transplanage et j’apprends des choses qui me font frissonner et grimacer allègrement. Je me racle la gorge et laisse quelques rides se former entre mes sourcils, qu’il ne s’imagine pas s’en tirer comme ça. C’est une moue boudeuse qui n’en est pas une véritablement, je n’arrive pas à me montrer sévère, un de mes grands défauts sans doute ! Un vrai petit ange !

« Ne dis pas ça voyons, j’ai l’impression que tu te dévalorises et je dois dire que ça ne me plaît pas beaucoup. Pour ce que je connais de toi… depuis cette journée, et bien je vois quelqu’un de gentil, serviable et amusant et ce n’est pas un compliment à la légère ! »

Ce n’est pas mûrement réfléchi non plus, mais amplement mérité, ça, c’est sûr ! Je lui souris et change de sujet encore, puisque nous parlions de voyage par transplanage, il y a des destinations que j’aimerais visiter en particulier, ce pourquoi je lui demande où il voudrait aller et avec qui et j’apprends qu’il est célibataire et qu’il voudrait y aller avec son meilleur ami. Je crois que je ferais la même chose à vrai dire, on est un peu pareil, c’est bien ce que je me disais ! C’est vraiment étonnant de me retrouver dans cette situation, je parle avec quelqu’un qui me ressemble beaucoup et bien que ce soit le cas de certains proches, voire très proche, ça n’est pas pareil. Je m’emballe peut-être et je ne préfère pas y penser.

L’heure tourne et il remarque qu’il est assez tard, j’ai fini par oublier de regarder l’heure à mon tour et voilà qu’il est vraiment indécent de rester si tard dans une librairie, je sens que des rumeurs vont encore se propager sur mon compte, mais peu importe, je ne vais certainement pas laisser cet espèce de journaliste reporter têtu me pourrir la vie, ça ne changera rien au fait que mes plus proches amis ne me verront pas d’une autre façon pour des bêtises. Je suis curieuse de savoir s’il en a été victime lui aussi, je suis arrivée il y a peu de temps, sans doute moins que lui. Enfin, je n’ai pas trop le choix cette fois et je dois m’en aller. Je lui dis de ne pas se déranger, et bien sûr, en passant la porte, je me rends compte que je suis morte de trouille ! Je suis bête vraiment ! J’ai eu de la chance, c’est un gentleman jusqu’au bout, il m’a prise par la main pour m’entraîner ailleurs et pouvoir prendre le magicobus, une idée à laquelle je n’avais pas pensé ! J’ai l’habitude d’être si souvent à pied comme la moldu que je suis à moitié que, je n’y ai pas songé une seule seconde ! Je me mords la lèvre et m’apprête à monter avant de me tourner rapidement et de déposer timidement un baiser sur sa joue. Peu importe dans quel sens il le prend, c’est un merci et un signe évident de ma reconnaissance.

Je lui fais un clin d’œil et m’échappe en lui disant à la prochaine en lui offrant un dernier signe de la main. Mon petit voyage aurait pu être agréable si j’avais pu repenser à cette journée, mais à chaque fois que je me concentrais pour me perdre dans mes pensées, ce satané magicobus appuyait sur le champignon. J’étais littéralement accrochée à l’une des barres pour ne pas être trimballée dans tous les sens et contre tous les coins et recoins du bus. L’essentiel, c’est que je sois arrivée pile devant chez moi saine et sauve, sans trop de bobos et qu’il ait eu cette bonne idée, je ne la critiquerais pas. Oscar a été un amour d’être aussi prévenant, le moyen réveille assez fortement, mais je suis vivante et je compte bien le rester longtemps !

Je descends après avoir payé, m’incline par automatisme et rentre chez moi rapidement pour relâcher la pression. Je vérifie que mon sac contient toujours mes biens et les dépose sur ma table de chevet, direction la douche, et au lit ! Je ne compte pas m’éterniser, je suis une pile électrique, certes, mais mes batteries ont besoin d’être rechargées et je pense que je n’aurais aucun mal à dévorer mon lit tout entier ! Je souris, passe sous mes draps, et éteins la lumière avant de fermer mes yeux et de pouvoir me repasser cette merveilleuse rencontre en tête, pensant aux trouvailles que j’ai faites et que j’ai déjà hâte de lire.

Spoiler: