Encore une fois, les remarques d'Alessandro laissait Lydia perplexe. Elle comprenait qu'il les choisissait avec soin pour y apporter un double sens à chaque phrase. Comme de ne pas reprendre sa baguette car il avait tendance à s'accaparer ce qui lui plaisait et qu'il ne voulait prendre le risque. Elle n'osait pas affirmer être certaine qu'il y plaçait un double sens, ça aurait été prétentieux et elle était bien loin de l'être mais tout de même, il l'amenait à se demander si il parlait de la baguette ou d'elle même ? Voulait-il se l'accaparer ? En admettant qu'on puisse avoir quelqu'un... C'était là extrêmement perturbant qu'un homme aussi attirant que lui prévienne vouloir l'accaparer... inquiétant et attirant, comme une belle fleur toxique, dont le danger s'ajoutait au mythe qu'était pour elle les relations et l'attirance homme femme... cette crainte qu'elle avait été déroutée par l'envie, jusque là inconnue, de prendre le risque. Enfin... peut-être qu'il ne parlait pas du tout de cela, qu'elle se montait la tête toute seule ? Lydia paniquait, qu'est-ce qui lui prenait de penser à cela ? De chercher des sous entendu dans les phrases d'Alessandro et d'envisager de prendre le risque... Prendre le risque de quoi ? Elle était fiancé, tromper était mal, elle aime Roman. C'était trois raisons suffisantes. Amplement suffisante. Le mot risque n'aurait même jamais dû apparaitre dans son esprit.

Mais son regard était tel qu'elle n'arrivait pas à réfléchir correctement. Son esprit n'avait même plus besoin de l'entendre parler pour enflammer ses joues. Elle rougissait même si c'était elle-même qui avait relancé le sujet. Il été parvenu à piqure sa curiosité, ouvrir des questions dans son esprit et qui nécessitait des réponses, quand bien même elle ignorait ce qu'elle pourrait bien en faire. Elle pouvait le nier à voix haute autant qu'elle le souhaitait, la réalité n'en restait pas moins la même. Les bras d'Alessandro étaient charmants et une part d'elle, toute petite part qu'elle cherchait à écraser, se demandait ce que ça faisait d'être auprès d'un tel homme, d'avoir le droit à ses regards dans d'autres circonstances ? Il l'observait avec tant d'attention, cherchait à la comprendre elle le voyait bien. Et pourtant elle n'aurait pu l'expliquer. La raison la plus simple était sûrement dans la relation qu'elle partageait avec Roman, le refus qu'il avait de la toucher. Et pourtant elle cherchait d'autres raisons.
Ses yeux se firent plus charmeur, son expression tout entière devenait un appel à la séduction. Il devait en avoir fait tomber des filles, juste avec ce regard, sans même avoir besoin de parler. Ses yeux, chaleureux, ce sourire sexy, il ne doutait de rien. Certainement pas du fait qu'elle lui plaisait et qu'elle soit fiancée ou non n'y changeait rien. Il ne se soucierait sûrement pas de cette bague si il avait une chance, si le fait qu'il s'intéressait à elle lui convenait à elle. Elle n'en savait rien. Elle ne savait plus. Lydia s'accrochait aussi fermement que possible à ce qu'elle savait juste et correct. Mais terriblement, elle aimait bien l'entendre qualifier de femme, qui plus est séduisante, attirante. Sans honte il affirmait ce qu'il voulait et lui demandait cette permission qu'elle ne pouvait pas lui accorder. Par morale et engagement auprès de Roman mais aussi pour d'autres raisons. Par peur. Peur de cette inconnue qu'était les relations physiques, peur de ce qu'il en penserait si elle cédait, peur de le décevoir. Pire, peur de ce que cela signifierait en cas d'échec, si jamais elle ne lui convenait pas comme elle le redoutait. Alessandro brûlait d'assurance et de confiance, en lui, mais aussi en elle, il croyait en ce qu'il voyait. Elle tremblait à l'idée d'en être loin, d'être incapable de le satisfaire d'une quelconque façon.

Sa main caressa sa joue, enflammant sa poitrine, agitant son cœur. Il savourait cet instant en disant qu'il aimait braver l'interdit, cela ne dépendant que d'elle, de ses envies. Lydia le fixait, affolée de combien il la perturbait en disant ces mots, de la réaction de son propre cœur comme s'il aspirait à cette promesse inconnue. Pour une obscure raison, cela faisait vibrer au fond de sa poitrine de l'espoir. Mais la crainte restait là. Tout cela n'était pas pour elle, c'était pour une autre... Elle n'était qu'une imposture, elle oubliait juste provisoirement combien son corps pouvait rester froid aux baisers d'un homme.
Lydia mordit sa lèvre, finissant par baisser, les yeux, fuir ce regard de braise si séduisant. Elle devait s'y échapper. Tout était beau ainsi mais la réalité serait différente. Il ignorait juste combien elle n'était pas capable de réagir au toucher d'un homme, elle craignait qu'il ne fasse pas exception. « Si c'est un interdit, je devrais sûrement t'aider à le franchir ! On le bravera ensemble. Il faudrait demander à mon fiancé ce qu'il en pense ! » Elle releva la tête pour lui sourire, traitant ses propos comme de l'humour. Comme si elle pouvait une seule seconde envisagée de dire ça à Roman, c'était la mort assurée. « Tu es vraiment, vraiment très charmant, mais je ne peux pas faire ça. Tu serais vraiment déçu, crois-moi. » Elle lui fit un petit sourire d'excuse.  Alessandro rit, la déconcertant une fois de plus. Têtu comme pas possible, il affirma qu'il n'en saurait rien sans avoir essayé. Lydia secoue sa tête, ce n'était pas possible. Elle préférait rester avec l'espoir silencieux de lui plaire et de pouvoir lui faire de l'effet plutôt que de briser ce rare moment où elle osait espérer plaire. Il pouvait rester dans une petite partie de son esprit, une rêverie où un homme aussi sexy que lui, lui accordait de l'attention.

Sur un ton plus léger, ils rentrèrent jusque chez lui où elle pu enfin se doucher. Il fit de même avant de se rendre à l'hôpital, apporter la précieuse plante et s'occuper de soigner cette cheville abimée. A l'instant de se séparait, Lydia ne comptait pas le revoir. Alessandro représentait trop de choses, danger, tentation, interdit... mais plus, il éveillait une partie d'elle qu'elle ne se connaissait pas. Elle ne devait pas le revoir car il y avait dans son regard quelque chose capable de changer sa réalité.