Strange encounter
Hugo De l'Erault & Elie WhiteIl ne manquait plus que ça. J'observais la longue estafilade qui parcourait ma baguette magique en fronçant les sourcils et le nez. Rien de cassé, mais le bois était fragilisé et je n'aimais pas ça. La baguette d'un sorcier est son alliée la plus précieuse et tout sorcier se doit d'en prendre soin. Beauxbâtons avait toujours insisté sur ce point, nous obligeant chaque trimestre à assister à un cours d'une demi-journée sur le soin des baguettes. Même après avoir quitté l'école, j'avais continué à appliquer les conseils, achetant les produits spécialisés pour nourrir le bois de ma baguette en aubépine. Aussi étais-je assez embêté de voir cette éraflure qui menaçait à tout moment de se transformer en crevasse.
Pour commencer l'année scolaire en douceur, l'université nous avait proposé un stage d'une semaine de Défense Magique. Chaque matin, un intervenant nous expliquait le métier de Médicomage de terrain, ses difficultés et comment y remédier. Je n'avais jamais été intéressé par cette branche du métier, mais ce stage n'en restait pas moins intéressant. Les Médicomages de terrain avaient une formation spécifique qui les rendaient disponibles en cas de conflits ou d'accidents graves. Ils se retrouvaient bien souvent au milieu de combats ou dans des conditions dangereuses et devaient gérer avec ces contraintes. En règle générale, une escouade de sorciers était dépêchée pour les protéger durant les soins, mais il était utile qu'un Médicomage puisse se défendre seul pour parer aux pires des cas. Ce stage avait pour but de nous aider à choisir nos spécialités pour la suite.
Hélas, lors d'un essai pratique, l'une de mes camarades de classe avait réussi à toucher ma baguette de son sort et lui porter cette vilaine cicatrice. En plus du bois abîmé, je craignais que le sortilège ait pu dérégler son fonctionnement. Aucune anomalie n'était à déclarer pour le moment, mais je préférais laisser un expert vérifier au cas où.
«
Ma pauvre, il va falloir t'emmener chez le fabriquant de baguettes pour qu'il te refasse une beauté. »
Je la reposais sur ma couette et me levai pour rejoindre mon bureau. J'ouvris le troisième tiroir et en sortit une simple feuille vierge. Du bout de ma plume, j'inscrivis les trois mots « fabriquant de baguettes » sur ce qui se trouvait être l'annuaire de Wincap et attendis patiemment que l'encre finisse de couler sur le papier pour tracer le plan de la ville. Deux établissements avaient fait leur apparition : Funtunia's Woodstick et Soul of Wands Greenhouse. Le nom du dernier me disait quelque chose et je me rappelais en avoir entendu parler en de bons termes. Mon choix se porta donc sur cette boutique.
Je hélais une charettexpress depuis le pas de ma porte et montais à l'intérieur en indiquant ma destination. Malgré la vitesse du véhicule, je pus admirer les quartiers parcourus pour arriver jusqu'aux serre de Soul of Wands. J'avais beau être installé à Wincap depuis l'été, je n'avais pas encore eu le loisir de visiter l'intégralité de la ville, et je doutais y arriver un jour. C'était la première fois que je mettais les pieds à Alihosty, le quartier lié au continent africain. Ce fut des couleurs chaleureuses qui m'accueillirent et une bonne odeur de thé oriental.
« Ca fera un Gallion et deux Mornilles. »
Je payais mon chauffeur en le remerciant et descendis du véhicule pour le voir partir aussitôt. Devant moi se tenait un imposant portail en fer forgé noir qui s'ouvrit lorsque je m'approchai. La surprise vint se peindre sur mon visage alors que j'admirais les magnifiques jardins qui entouraient une immense serre. Je reconnus la touche française que j'avais déjà vu à Beauxbâtons et me laissais porter au milieu des bosquets de plantes et de fleurs. Ça et là, quelques personnes s'étaient assises dans l'herbe pour profiter du beau temps et j'avais envie d'en faire de même, mais ma baguette était prioritaire.
Je me dirigeais donc vers la serre. Le conducteur de la charettexpress m'avait dit d'aller jusqu'au wagon bleu-vert pour y attendre l'un des gérants de la boutique. Cependant, je fus cloué sur place en entrant dans la serre. Mes yeux s'écarquillèrent d'émerveillement devant le spectacle qui s'offrait à moi. Ce n'était plus une serre mais un véritable voyage. Je pensais aussitôt à mes parents qui seraient aux anges ici. Il fallait absolument que je propose à maman de venir voir ça (impossible pour mon père Moldu malheureusement). J'étais moi-même passionné de botanique - avec des parents pareils... - et me régalais les yeux avec la multitude de variétés qui s'étendaient devant moi.
Alors que j'avançais à travers la serre, j'empruntais un petit chemin de pierres flottantes au milieu desquelles nageaient de grandes carpes du Japon. Je souris et continuai mon chemin. Après avoir perdu une bonne vingtaine de minutes à observer mon environnement, j'arrivais enfin au fameux wagon qui semblait servir de salle d'attente et d'accueil pour les clients. Il était vide lorsque je pénétrais à l'intérieur et j'allais m'installer dans l'un des fauteuils cosy mis à disposition. Une musique d'ambiance apaisante emplissait l'air et je me laissais aller à fredonner une mélodie que je connaissais.
Quelques minutes plus tard, la porte du wagon s'ouvrit sur ce que je devinais être le maître des lieux et je me levais pour lui faire face.
«
Bonjour, vous êtes le propriétaire ? J'aimerais faire réparer ma baguette, elle a été abîmée à cause d'un sort. »
L'homme face à moi me semblait jeune pour un maître des baguettes, mais on m'avait souvent dit de ne pas se fier aux apparences.