Cela faisait quelques semaines que la rentrée avait remplacé les vacances. Des vacances qu’elle avait savourées avec bonheur, ayant cruellement conscience que l’année qui arrivait ne serait pas aussi facile que les précédentes. En effet, Camber se trouvait en dernière année de spécialisation. L’année s’annonçait résolument intense autant sur le point de vue pédagogique que professionnel. Elle allait être formée pour être opérationnelle dès le mois de juin et cela passait par de nombreuses heures d’entrainement et de duel de longue haleine. Un exercice dans lequel elle s’était appliquée toute la semaine. De nature consciencieuse, appliquée et déterminée, elle avait tenu le chalenge qu’il leur avait été imposé. Elle n’avait rien à envier à ses autres compagnons qui étaient arrivés avec elle sur la ligne d’arrivée. Un exercice éprouvant qui avait demandé énormément de dextérité et de prise sur elle-même, les signaux de fatigue, pour être en mesure d’arriver jusqu’au bout. Elle y était parvenue et s’en trouvait fière, pouvant ainsi reposer son corps et son esprit. Cette dernière journée avait été la plus calme de celles qu’elle avait passées dans ce camp. Cela lui avait permis de discuter avec ses camarades sur des sujets moins sérieux que ceux qu’ils avaient eus durant les derniers jours.

Après une douche bien méritée, elle avait été satisfaite de tronquer ses vêtements de sport pour une tenue plus féminine et distinguée. Elle avait donc opté pour un jean slim de couleur noir, qu’elle avait accompagné d’un débardeur féminin. Elle s’était joliment coiffée et maquillée, heureuse de retrouver un semblant de féminité qu’elle avait cru avoir perdu au cours des derniers jours. Cela était très plaisant et la jeune femme se sentait revivre. Elle avait mis beaucoup d’années à accepter cela, mais désormais, elle était heureuse d’être une femme, même si elle ne le serait jamais totalement. Cela faisait bien des années qu’elle savait qu’elle ne serait pas une femme comme les autres. C’est sans doute pour cela qu’elle n’avait jamais eu les mêmes ambitions que ses camarades féminines. Elle avait posé tous ses rêves sur un seul domaine : le travail. Elle avait toujours aspiré à cela, prenant pour exemple ses parents qui avaient sacrifié leurs vies pour leur patrie. Elle voulait suivre leur pas, être en mesure d’être aussi utile qu’ils ne l’étaient pour défendre une cause. La sienne ? Préserver le monde magique et moldu des forces du mal, en traquant ceux qui voulaient détruire l’équilibre d’un monde paisible, qui évoluait doucement depuis la chute du seigneur des ténèbres.

Seulement cette ambition primaire semblait peu à peu s’effriter depuis qu’elle avait accepté de sortir avec Elis. Une relation amoureuse qu’elle s’efforçait d’apprivoiser du mieux qu’elle le pouvait. Ce n’était pas facile pour elle. Elle avait du mal à se laisser aller avec lui. Ce n’était pas une question de confiance. Elle avait foi en lui, en ce qu’il semblait devenir à ses côtés, mais elle avait peur. Elle craignait la faiblesse que ce sentiment initiait dans sa chair. Elle se sentait sensible à ses paroles, ses regards, ses gestes. Cela la troublait totalement, car elle prenait conscience qu’il avait un pouvoir inconscient sur elle. Il était parvenu à atteindre son cœur. Une réalité qui la déstabilisait totalement, mais qui expliquait pourquoi elle se sentait un peu distraite aujourd’hui. Elle avait envie de le voir. Elle voulait s’assurer qu’il allait bien. C’est sans doute pour cela qu’elle avait refusé d’aller boire un coup avec ses camarades. Elle avait prétexté avoir rendez-vous pour s’en décharger, leur promettant de venir la prochaine fois, bernant ceux-ci derrière un sourire désolé. Elle se sentait quelque peu idiote après coup, alors qu’elle se trouvait face à la porte de son appartement.

Pour une raison qui lui échappait, elle se sentait légèrement tendue, se mordillant la lèvre comme pour se donner du courage. Elle se sentait bête également. Autant, il n’était pas encore rentré et indirectement c’est ce que son inconscient espérait, mais il avait tort. Elle laissa donc sa clé tourner dans la serrure pour ouvrir la porte, pénétrée dans cet appartement qu’elle partageait avec son petit ami par un coup du destin. Élis se trouvait là, debout, comme s’il l’avait attendu impatiemment, lui offrant un sourire brillant et séduisant. Un sourire qui vint la prendre de court alors qu’elle l’observait, un peu fébrile. Il était habillé de façon élégante, ce qui faisait ressortir la couleur de ses yeux clairs, brillants de ce plaisir de la voir. Il la salua en venant la rejoindre alors qu’elle fermait la porte derrière elle, laissant sa valide près de l’entrée. C’est ainsi qu’elle eut la surprise d’être enlacée, sentant les bras musclés et protecteurs du jeune homme presser son corps contre le sien. Un contact qui fit trembler son cœur dans sa poitrine alors qu’elle relevait légèrement son regard pour le fixer doucement, fébrile. Il la fixait avec attention avant de l’embrasser furtivement et légèrement. Un contact résolument plaisant qu’elle ne vint nullement rejeter, savourant la douceur de cette paire de lèvres qui bouleversait son cœur. Un bref baiser qu’il vint rompre comme pour s’assurer de son accord. Camber lui offrait en silence, son regard troublé répondant pour elle. Il avait tant de pouvoir sur elle, éveillant quelque chose en elle qu’elle ne maitrisait pas. Lorsqu’il vint se rapprocher de son visage, elle n’opposa aucune résistance, son cœur le désirant tant ces commissures avaient un effet bienveillant et euphorique sur elle.

Le souffle quelque peu troublé, elle accueillit de nouveau les lèvres d’Elis avec fébrilité, sentant une de mains glisser sur le torse finement musclé de son petit ami pour rejoindre sa nuque. Le baiser qu’il lui offrait se trouvait moins innocent, plus gourmand et ambitieux. Elle savourait leur contact, sentant son corps réagir favorablement à ce baiser alors qu’elle le sentait la serrer plus fermement contre lui, sans doute consciente qu’elle n’y était pas insensible. Elle sentait son cœur battre violemment dans sa poitrine alors qu’elle se perdait dans ce baiser. Elle s’appliquait même à y répondre, laissant ses lèvres reprendre celles d’Elis lorsqu’elle le sentait sur le point de le rompre. Elle succombait face à cette étreinte à la fois cupide et innocente. Elle vint finir par se retirer des lèvres de son petit ami, se pinçant la lèvre, le souffle chaud. Son cœur battait si fort dans sa poitrine alors qu’elle venait baisser le regard, ses joues se teintant d’une couleur rosée face au regard qu’il lui tendait. « Je suis rentrée… » Murmura-t-elle, même si c’était une évidence. Son regard tremblait doucement face à cette chaleur qui l’avait assailli. Elle avait du mal à s’en remettre et s’accrochait à des paroles sensées comme s’ils étaient son seul salut « Tu as passé une bonne semaine ? Je pensais que tu serais encore au ministère… Il est encore tôt. Il ne s’est rien passé de grave, n’est-ce pas ? » Elle vint relever son regard vers le sien, légèrement inquiète alors qu’elle venait se pincer la lèvre de nouveau pour tenter de calmer son trouble, se sentant si sensible au regard profond qu’il lui tendait si naturellement. Elle était résolument sous son charme.  

TENUE : 01.  

Elis avait résolument un étrange pouvoir sur elle. C’était à la fois envoutant et inquiétant. Camber ne savait pas quoi en penser. Elle n’arrivait pas encore à se faire à cette fébrilité qui l’envahissait à ses côtés. C’était la première fois qu’elle ressentait cela et ce n’était résolument pas sans incidence sur sa psychologie. Elle se rendait compte qu’elle laissait tomber des barrières entre eux. Doucement, mais de façon naturelle, Elis se rapprochait de plus en plus de son cœur, la capturant dans les chaines de cette affection dont elle appréciait les bienfaits. Elle ne pouvait mentir. Son corps et son cœur répondaient naturellement à ses actions, ses baisers et venaient parfois les rechercher comme à cet instant. Elle se laissait facilement duper par les battements effrénés de son cœur dans sa poitrine, qui dictaient ses actions, lui faisant perdre toute raison, et ce malgré elle. Elle savait cela dangereux. Son esprit n’avait de cesse de la rappeler à l’ordre, lui rappelait ô combien elle pouvait paraitre faible face à cet homme. Un homme qu’elle avait bien trop méprisé par le passé pour que tout son esprit se laisse aller dans ses bras protecteurs, qui pourtant, savaient tant la rassurer. C’était un combat permanent entre son cœur et son esprit. Elle ne savait pas sur quel pied danser tout comme elle avait conscience qu’il en était de même pour son petit ami.

Leur relation avançait doucement comme s’ils marchaient perpétuellement sur des œufs prêts à se rompre sous leur poids. C’était en majeure partie de sa faute et elle en avait conscience. Elle avait besoin de temps pour s’habituer à tout cela, à ce trouble et ce désir qui s’initiait dans ses entrailles. Ce n’était pas de la timidité, du moins pas à ses yeux. Elle était juste hésitante, son esprit n’étant pas encore prêt à s’offrir entièrement à un homme. À vrai dire, cela la pétrifiait et elle avait peur de devenir une de ses femmes dépendantes de l’homme avec qui elle vivait. Cela lui faisait cruellement horreur, sa fierté et son orgueil refusant cette idée en bloc. C’était essentiellement cela qui la freinait avec Elis. Pas que cela la révulsait, elle était après tout sensible aux efforts qu’Elis faisait pour venir vers elle. À vrai dire, il avait été le seul à le faire, à l’avoir fait jusqu’alors. Elle aussi commençait doucement à venir vers lui, sans s’en rendre compte ou tout simplement parce qu’elle désirait qu’il la comprenne. C’était juste encore trop récent pour qu’elle soit en mesure de se laisser aller sans réticence. Il était évident que ça allait venir, petit à petit, à mesure que leur relation deviendrait plus sérieuse. C’était en fin de compte qu’une question de temps et Elis semblait s’en rendre compte. Il était résolument douté d’une qualité essentielle : la patience. Il ne cherchait jamais à la brusquer, du moins de façon consciente et avait tendance à ravaler sa fierté lorsqu’il prenait conscience qu’il était allé rien. Cela devait résolument lui demander beaucoup de prise sur lui-même. Elle aussi essayait de prendre sur elle-même, mais pour des raisons différentes.

Ils évoluaient à leur rythme et cela avait l’air de fonctionner. Du moins, c’était ainsi qu’elle le percevait. Elle fut donc soulagée d’apprendre qu’il se portait bien. Il n’y avait pas eu de bris de glace, lui promit-il dans un fin rire qui était venu lui tirer un sourire également. Les stagiaires avaient été autorisés à partir à midi, le vendredi, car les autres soirs de la semaine, il ne l’aurait pas trouvé de si tôt à la maison. Elle n’avait aucun mal à l’imaginer. C’était leur dernière année et tout un chacun s’efforçait de faire ses preuves pour acquérir un emploi tant convoité. Elle le voyait bien au sein de sa propre promotion, chaque duo s’entrainait intensément pour être le mieux placé dans les différentes brigades que composait le service des aurors. C’était résolument l’année où il ne fallait pas perdre des points et il était évident que chacun travaillait d’arrache-pied pour y parvenir. Il voyait cela positivement, ainsi il n’avait pas été trop seul à l’appartement à part pour dormir et il était là pour l’accueillir. Elle sentit son cœur frémir à ses derniers mots, le trouvant particulièrement attentionné et troublant par cette aisance qu’il possédait. Il semblait si maitre de ce qu’il ressentait, n’en ayant nullement honte en les affirmant de la sorte. Cela changeait réellement de la conception que son esprit en avait. Elle se pinça les lèvres à cette pensée, le regard brillant, fébrile face à au sien et aux paroles qu’il venait d’exprimer. Ses joues se tintèrent de rougeurs tandis qu’il lui retournait la question. Son entrainement s’était-il bien passé, n’avait-il pas été trop dur à reprendre après un mois de vacances ?

Le ton de la voix du sang pur se trouvait résolument charmeuse, elle pouvait sentir son regard transperçait sa peau alors qu’elle sentait l’une des menottes du jeune homme glisser contre ses cheveux. Cela la troublait. Elle ne pouvait le nier. Elle s’efforçait de dépasser sa fébrilité, même si elle appréciait la texture des doigts du jeune homme contre sa chevelure. « Cela s’est bien passé. J’ai brillé comme toujours par mon endurance et ma force de caractère. Enfin il n’y a rien de surprenant, mais j’avoue qu’un peu de repos n’est pas de refus. J’imagine que cela doit être intense de ton côté au Ministère. » Un constat qu’elle avait murmuré dans un fin sourire alors qu’elle le voyait s’éloigner d’elle. Il était résolument perturbant ce soir. Il n’avait de cesse de la contempler, la dévorer du regard. Elle se rendait compte qu’elle en faisait de même. Il y avait une légère tension imperceptible qui semblait bouleverser ses sens. Il lui demanda si elle avait faim. Il avait fait des pancakes. Il y avait d’ailleurs de la confiture de citrouille que sa grand-mère lui avait donnée, de la gelée de fée et du chocolat tartinant parce qu’il avait bien remarqué que c’était son petit péché mignon. Elle vint sourire en se pinçant les lèvres. Elle devait reconnaitre qu’elle appréciait particulièrement le chocolat tartinant. Sur ce point, elle ne diversifiait pas trop de ses homologues féminins. Il était même certain qu’elle le croquerait s’il s’en recouvrait. Des mots qui la firent rougir intensément face au regard résolument pétillant et riant du jeune homme. Cette remarque la troublait. Elle savait qu’il ne s’agissait que d’une taquinerie, mais celle-ci n’était nullement anodine. Elle ne pouvait nullement la nier en bloc et cela était perturbant pour elle. Il agita les mains dans un geste résolument mal à l’aise comme pour tenter de se dédouaner et s’excuser de sa remarque. Camber quant à elle restait légèrement pantois, décontenancé par ce qu’il avait dit.

Elle sentait son cœur battre promptement dans sa poitrine, résolument perturbée par ce qu’il venait de dire. Elle devait réagir. Elle le savait, mais ne savait pas quelle attitude adopter. C’était toujours ainsi avec lui. C’était un perpétuel combat avec lui. Elle se mordilla la lèvre et vint murmurer par provocation. « Pourquoi pas ? Après tout, je ne peux pas savoir avant d’essayer, non ? » Elle vint rire doucement, dans un ton qu’elle voulait naturellement amical, bien qu’il était facile de voir, que cela ne la rendait nullement indifférente. « Cependant, je vais me contenter de savourer cela sur de bons pancakes. La sécurité avant tout. Il ne faut jamais prendre de risques inconsidérés, non ? » Elle venait rire de plus belle en s’avançant vers la table du coin salle à manger de leur petit appartement. D’un coup de baguette magique, elle apporta les différents ingrédients sur la table qu’elle vint répartir de façon équitable. « mm… » Murmura-t-elle venant se tourner vers lui. « Est-ce que t’es sûr de toi pour les pancakes. Tu sais, je ne voudrais pas risquer l’empoissonnement après avoir survécu à cet entrainement de commando, cela serait bien dommage. » Elle lui lançait une petite pique à son tour dans un sourire malicieux alors qu’elle venait rire délicatement en se pinçant les lèvres. Son cœur battait vivement au creux de sa poitrine, mais elle voulait vraiment être en mesure de surpasser sa gêne face à lui et agir de façon naturelle. Après tout, c’était bien dans cette optique qu’elle avait pris la décision de se mettre avec lui.  

Agir de façon naturelle avec Elis n’était pas évident. Cela lui demandait beaucoup d’efforts tant son esprit semblait particulièrement sur la réserve. Elle avait du mal à avoir cette liberté et ce détachement total qu’elle avait auprès de Cilian ou de ses amis proches. Sa relation avec cet homme avançait doucement, marchait sur des œufs qu’ils s’efforçaient de ne point casser. Leur passé commun, leurs disputes étaient bien trop récentes pour que la fierté de Camber s’en soit affaibli. Celle-ci la tenait fermement positionnée sur ses positions et elle avait beaucoup du mal à accepter qu’on puisse être contre ses convictions et valeurs, qu’elle pensait juste. Cela avait déjà été les sujets de nombreuses disputes entre eux deux et il était évident que cela le serrait encore. Ils étaient bien trop bornés tous les deux pour que cela soit autrement. Ils apprenaient à faire des concessions, petit à petit, mais c’était loin d’être évident. Camber tâchait donc de se diriger vers lui, doucement, mais surement. Cela n’était pas simple, mais elle avait confiance en Elis. Il lui fallait au moins cela pour qu’elle s’attache tellement à cette relation. Elle mentirait si elle n’avouait pas qu’elle désirait que leur relation soit aussi naturelle que celle qu’elle pouvait avoir avec ses proches. Elle avait la sensation que cela demanderait du temps et elle s’efforçait d’être patiente.

De ce fait, elle se permettait de le taquiner, en adéquation avec les remarques détachées de son petit ami. Cela la troublait même si elle n’en laissait rien paraitre. Ce n’était pas facile pour elle. Cela lui demandait des efforts pour le faire et son cœur n’avait de cesse de palpiter dans son cœur. C’était à la fois envoutant et angoissant. Elle était faible face à cet homme et inconsciemment son esprit luttait contre cette sensation d’abandon, de faiblesse qu’elle avait pour cet homme. C’était vraiment désopilant et elle luttait contre cela, en s’efforçant d’aller vers lui, se montrer plus naturelle. Elle n’avait donc pas hésité à répondre à ses taquineries, relançant celles-ci même si son cœur battait vivement dans sa poitrine. Par cela, elle avait conscience qu’elle marchait sur une route dangereuse et incertaine. Elle ne pouvait prévoir ses réactions, mais elle s’efforçait de se détendre. Ce qui était résolument plus difficile. Élis entrait dans le jeu, répondant rapidement à ses remarques. Il s’offusquait faussement de ses remarques, lui demandant si elle osait de ses talents culinaires. Il serait en effet bien dommage qu’elle ne puisse pas finir son premier repas depuis son retour du camp et être victime d’une mort stupide. Il n’y avait rien à craindre de sa performance, il y avait mis tout son amour et il n’était pas si nul que cela. Cependant, il se méfierait plutôt de la confiture de citrouille s’il était elle. Après tout, c’était sa grand-mère qui l’avait fait alors on ne sait jamais ce qu’elle avait pu mettre dedans.

Ces paroles qui auraient pu l’inquiéter la firent rire naturellement alors qu’elle venait s’asseoir à son tour. Elle n’en croyait pas un mot, remarquant avec quelle vitesse il s’était empressé de tartiner ses pancakes de cette confiture. Pour sa part, comme il s’en serait douté, elle opta pour le chocolat. Elle pouvait sentir son regard sur elle, malicieux. « Je préfère opter pour une valeur sûre. » Se défendit-elle par pure mauvaise foi alors qu’elle venait en prendre un morceau. Il la questionna à ce propos. « Ce n’est pas mauvais. Le chocolat relève le niveau. » Elle laissa un sourire narquois se peindre sur ses lèvres alors qu’elle ajoutait plus timidement. « Ils sont réussis. Ça fait du bien de manger autre chose que des rations du ministère. Merci d’avoir pensé à en faire. » Elle lui souriait doucement alors qu’elle venait prendre un autre morceau avec plus d’appétit. Il faut dire que sa gourmandise éveillait son appétit. Il lui avoua qu’il était heureux qu’elle soit de retour. Cela faisait étrange l’appartement sans elle. Il devait déjà s’être habitué à ce qu’elle soit là, même s’il était très occupé avec le stage. Il lui informa par la même occasion que Kafka l’avait réclamé toutes les nuits, il n’avait pas arrêté de miauler et il avait dû l’autoriser à dormir dans sa chambre. Camber le fixa un instant, à la fois troublé et gêné.

« Désolée pour Kafka. » Murmura-t-elle en se pinçant les lèvres. « C’est vrai qu’en le recevant comme cadeau, je n’ai pas fait attention qu’il allait sans doute se sentir seul lorsque je serai en camp d’entrainement. Je suis désolée qu’il t’ait embêté, mais il est encore jeune, ça devrait se tasser rapidement. De plus, je ne suis pas sur le “terrain” avant un petit moment. Cela ne devrait pas représenter une gêne durant un moment. J’espère que ça ne s’est pas trop mal passé avec Nalssi ? En tout cas, merci de t’en être occupée. J’imagine que ça ne devait pas facile à gérer en plus du travail… » Elle se pinça la lèvre alors qu’elle affichait une mine plus sérieuse. Elle avait pris sa remarque au premier degré. Il était évident que le jeune homme n’avait nullement mentionné qu’il lui en voulait de lui avoir laissé s’occuper de son chaton, mais Camber ne pouvait s’empêcher de penser que ça pouvait être une gêne. Surtout qu’il avait également pas mal de travail à ce propos. « La prochaine fois, je penserai à demander à Cilian. Même s’il est occupé, il a un chiot qui est habitué aux chats, ça devrait te soulager de cet inconvénient à l’avenir. Au moins ça lui fera un peu de compagnies et Nalssi pourra se balader plus amplement. Enfin le temps qu’il soit plus grand et indépendant. »

Elle avait adopté une mine plus sérieuse et songeuse qu’auparavant, tout en venant manger son pancake. Elle était sure que Cilian ne verrait aucun inconvénient. Il avait déjà un petit chiot à s’occuper et elle était persuadée qu’un compagnon de plus ne serait pas de refus pour le petit luron. Elle ne voulait pas déranger plus souvent Elis. D’autant plus qu’il était fort possible qu’elle s’absente souvent au cours de cette année. Elle s’en voulait de ne pas y avoir songé plus tôt. Après tout, c’était à elle de s’organiser et non à Elis de le faire à sa place.

Elle se trouvait gênée par la situation qu’Elis venait de soulever. En effet, elle avait manqué de vigilance lorsqu’elle avait accepté le cadeau de son père. Il faut dire qu’elle n’avait jamais eu d’animal de compagnie jusqu’alors. Un désir qu’elle n’avait jamais éprouvé, mais elle devait reconnaitre qu’elle avait eu un véritable coup de cœur pour Kafka. Il était si mignon et elle avait pu entrevoir la stature qu’il l’aurait une fois grand. Elle en était tombée amoureuse. Avec du recul, elle se rendait compte qu’en vue des circonstances, cela n’avait peut-être pas été une bonne idée. Elle ne regrettait nullement de l’avoir pris, mais elle prenait conscience qu’elle allait devoir s’organiser pour qu’il ne devienne pas une gêne pour son petit ami. Une réaction légitime de sa part. De nature indépendante, elle n’aimait pas se reposer sur les gens. Elle avait tendance à tout porter sur ses frêles épaules et ses proches étaient souvent obligés de lui faire entendre raison pour qu’elle se décharge de certains poids. Cilian faisait partie de ses derniers et elle avait appris à le faire avec lui. C’était donc naturel qu’elle pense à lui pour s’occuper de son animal de compagnie durant son absence. Cela permettrait à Elis de ne point s’encombrer d’un nouveau poids et faciliter sa relation avec Nalssi, qui devait apprendre à vivre avec un félin. Il était évident que la cohabitation serait difficile.

Plongée dans ses pensées, elle mangeait son pancake sans faire véritablement attention à ce qu’elle faisait. Elis lui disait de ne pas s’inquiéter, que Kafka ne l’avait pas ennuyé. Nalssi était de nature jalouse et boudeuse, mais ça s’était bien passé, ce n’était donc pas la peine de… il s’arrêta dans sa lancée, acquérant l’attention de Camber qui releva son visage vers lui. Elle le fixait intriguée et l’interrogeait du regard. L’expression d’Elis semblait amusée par quelque chose. Elle fronça les sourcils, légèrement surprise par le regard qu’il lui tendait. Elle ne savait pas quoi en penser et son trouble se fit plus profond tandis qu’il lui indiquait le coin de sa bouche. S’était-elle mis du chocolat sur la joue ? Elle était sur le point de le retirer elle-même lorsqu’elle sentit les lèvres d’Elis se déposer sur les siennes, lui volant un baiser tandis que le pouce du jeune homme frôler sa joue. Décontenancée par cette action nullement déplaisante de la part de son petit ami, elle en resta bouche bée, incapable de réagir tandis qu’il venait lui demander si le chocolat était si délicieux pour qu’elle s’en mette partout comme une petite fille. Dans tous les cas, il jugeait qu’il serait bien dommage de gâcher, lui demandant son avis tout en venant gouter de ses lèvres le chocolat qu’il avait récupéré sur son pouce.

L’expression taquine d’Elis, la troubla, faisant battre son cœur promptement dans sa poitrine alors qu’elle sentait ses joues s’enflammer. Il était envoutant, si proche pour qu’elle puisse rester de marbre. Elle le contemplait, fébrile. Elle se pinça la lèvre alors qu’elle pouvait sentir son souffle se mêler au sien. Elle n’était nullement insensible à ce qu’il venait de faire. Il semblait être dans le même état, sensible à cette ambiance tendue que ce geste et ces mots avaient provoquée. Elle ne parvenait pas à décrocher son regard fébrile du sien. Elle ne savait pas comment réagir à cela, ses pensées se trouvant chamboulées par cette simple action. Elle n’était nullement à mesure de déterminer le temps qui s’était écoulé avant qu’Elis ne vienne agir de nouveau. Sans même en prendre conscience, ni même le pressentir, elle sentit l’index d’Elis se poser sur son nez pour y mettre un peu de confiture de citrouille. Une action qui ne l’aida nullement à réagir plus promptement alors qu’il riait doucement en lui disant qu’il l’avait eu. Il semblait amusé par la situation et revient à sa place, satisfait de la déstabiliser de la sorte. Elle le regardait stupéfaite alors qu’elle reprenait doucement ses sens, venant porter sa serviette sur son nez. Elle essuya la texture visqueuse en soupirant, faussement contrariée. « Un véritable gamin… T’a-t-on jamais appris à ne pas jouer avec de la nourriture ? » Elle lui lança un regard faussement réprobateur alors qu’elle faisait une jolie moue en se pinça la lèvre.

« Le chocolat est très bon, mais je n’ai rien d’une gamine comme un jeune homme de ma connaissance. » Elle fronça le nez, mauvaise joueuse alors qu’elle venait sourire doucement, un peu plus espiègle. « En tout cas, lui semble bien s’amuser. Il ferait mieux de manger sagement s’il ne veut pas déclencher une bagarre avec moi. » Elle lui tira la langue en venant porter la fourchette à ses lèvres, souriant tendrement en dévorant la fin de son pancake en silence, quelque peu amusée également.