« Camber, tu es sûre d’avoir tout pris ? » Lui demandait sa mère tandis qu’elle venait clôturer la dernière malle des affaires qu’elle devait amener dans son nouvel appartement. « Oui, maman ! J’ai tout pris. Puis, au pire des cas, je peux transplaner si besoin. » S’était-elle exclamée dans un fin rire. Sa mère avait toujours du mal à faire la part entre les réalités moldus et les réalités sorcières. Si elle l’avait souhaité, elle aurait même pu faire le voyage tous les jours à Wincap tout en restant auprès de ses parents, mais elle s’était habituée à son indépendance et avec l’alternance, elle ne pouvait pas perdre d’énergie inutilement. Prendre un logement au sein de la faculté avait été une solution avantageuse. Ses parents s’étaient rangés à son avis et son père allait l’accompagner pour installer toutes ses affaires et faire la rencontre de son ou de sa colocataire. Même aujourd’hui, Camber ignorait l’identité de la personne qui allait partager sa vie quotidienne, mais elle espérait que celles-ci se passeraient dans de bonnes conditions. Au pire des cas, elle supposait qu’elle pouvait toujours demander son transfert dans un autre logement. Quoi qu’il en soit, elle ne s’inquiétait pas trop à ce propos.

Comme son père l’accompagnait, Camber avait opté pour les moyens sorciers. De ce fait, ils s’étaient rendus jusqu’aux quartiers sorciers de la ville avec la voiture de son père, déchargeant toutes ses affaires sur un chariot qu’il avait emprunté à un ami. Ne pouvant utiliser la magie sous le regard des habitants et ayant mine de rien, 2 valises de vêtements et 2 valises de livres et d’accessoires en tout genre, elle n’avait que cette seule possibilité. Un chariot qu’ils avaient laissé en consigne au sein de l’établissement sorcier à la bordure des deux mondes et où elle put user de sa magie pour obliger ses males et les suivre sans effort. Elle se chargea cependant de porter la boite de Kafka, son nouveau chaton qu’elle avait reçu quelques jours plus tôt. Son père lui avait offert afin qu’elle ne se sente pas trop seule. Sachant ô combien elle appréciait cette race de chat, il lui en avait acheté un. Un cadeau dont elle lui était très reconnaissante. Elle n’avait eu de cesse de venir rassurer son petit animal durant tout le trajet. Il faut dire qu’il avait de quoi avoir peur. Elle craignait qu’il ne se sente vraiment mal durant le trajet, mais les pauses régulières et ses paroles réconfortantes avaient semblé suffire pour apaiser le petit animal.

Ils finirent par rejoindre Wincap après multiples péripéties et à l’heure comme ils l’avaient souhaité. Son père était resté en retrait pour la laisser remplir ses documents. Ce qu’elle fit sans trop de mal avant de récupérer ses clés ainsi que le numéro de son logement. « Ce n’est pas trop loin, j’ai l’appartement 001. Je dois être au rez-de-chaussée, parfait pour Kafka. » S’était-elle exprimée en venant sortir l’animal de sa cage. « En effet, il pourra gambader dans le parc sans problèmes. C’est vraiment un cadre merveilleux. » Kakfa dernier quelque peu apeuré s’était accroché à sa chemise alors qu’elle murmurait. « La ville l’est tout autant, mais je te ferai visiter tout cela quand j’aurai tout découvert. Malheureusement, tu repars demain. » Son père vint sourire doucement en venant lui baiser la tempe, conscient que cette réalité avait accéléré son départ de la maison. « J’y compte bien, ma belle ! » Elle lui sourit alors qu’elle l’invitait à la suivre, ses malles les suivant simplement alors tenter de calmer son animal de compagnie. Ce dernier avait fini par se nicher au creux de sa nuque comme un enfant et elle pouvait sentir son cœur battre fortement. « Tout est bientôt fini. » Afin de l’aider, son père avait pris les devants en prenant ses clés et ils arrivèrent bientôt à son nouveau logement.

Concentrée sur sa tâche qu’était celle de rassurer Kafka, elle répondit naturellement à l’accueil fait par son colocataire à leur entrée. Une voix que son oreille connaissait et qui fit battre son cœur plus violemment dans sa poitrine. Décontenancée et résolument prise de court, elle blêmit lorsque son regard vint se poser sur Elis. « Elis !!! » S’exclama-t-elle bien malgré elle alors qu’elle faisait tomber la cage vide de son animal, tant elle était stupéfiée. « Tu le connais ? » Demanda son père dans une voix quelque peu surprise par la réaction de sa fille. Elle fixait Élis, figée sur place alors qu’elle sentait le rouge monter à ses joues. Elle ne s’était nullement préparée à tout cela. C’était bien trop déstabilisant pour qu’elle puisse rester de marbre. De tous les élèves de la faculté, il fallait qu’elle tombe sur Elis. Pas que l’idée la révulsait, mais cela la rendait particulièrement fébrile. Elle dut mettre quelques dizaines de secondes à réagir alors qu’elle se pinçait la lèvre en reportant son attention sur son père. « En effet, c’est un ami. J’étais juste surprise. » Vint-elle murmurer dans un rire nerveux alors qu’elle ajoutait : « Je ne m’attendais pas à tomber sur toi. » Vint-elle avouer en venant déposer son animal sur le sol, tout en fixant Élis. « Dis-toi qu’au moins ce n’est pas un sal sang-pur comme ce Fitz qui te mène la vie dure depuis ta première année. » Remarque résolument déplacée de la part de son père qui la rendit d’autant plus fébrile alors qu’elle soufflait. « Papa… » Un moyen subtil de demander à son père d’arrêter de la mettre dans l’embarras.

Elle lança un regard d’excuses à Elis. « Quoique je comprends que tu ne veuilles pas aborder ce sujet. Ce Fitz a toujours eu particulièrement le don de t’énerver. Je ne l’ai jamais vu prendre aussi fortement la mouche avec un de ses adversaires. Elle pouvait passer des heures et des heures à frapper son sac d’entrainement tellement il l’énervait. S’en était presque amusant. Je serai curieux de voir à quoi il ressemble ce petit. » Si elle se sentait déjà mal à l’aise,  désormais elle était rouge de gêne alors que son père riait dans sa barbe. De dos à elle, il ne pouvait voir à quel point sa fille se trouvait confuse sous le regard étonné et amusé d’Elis, qui souriait. Elle avait conscience que cette information n’était pas tombée dans l’oreille d’un sourd et elle ne pouvait qu’avoir envie de se terrer au fond d’un trou. « Papa… arrête de l’ennuyer avec ça et laisse-moi te le présenter. » S’efforça-t-elle de murmurer dans un rire tout aussi nerveux alors qu’elle demandait à son père de se rapprocher. Elle avait le teint légèrement cramoisi alors qu’elle murmurait.

« Élis, je te présente mon père. Papa, je te présente Élis Fitzgerald, c’est l’ami qui m’a porté secours et dont la grand-mère s’est occupée de moi à la suite de l’attaque durant le tournoi des sorciers. »

Son père la regarda surprise. Il prenait conscience qu’il faisait la rencontre de celui qui avait sauvé la vie à sa fille et il semblait en être très honoré. Son sourire qui s’était figé se fit plus sincère alors qu’il venait serrer la main du jeune homme. « Ravi de vous rencontrer, jeune homme. Et encore mil mercis de ce que vous avez fait pour Camber. » Elle vint sourire. Même si elle n’avait jamais précisé qu’elle s’était mise en couple avec son rival de toujours, qui était également celui qui l’avait sauvé et se trouvait auprès de lui, elle voulait au moins que son père rencontre celui qui l’avait sauvé, bien qu’indirectement, elle était en train de lui présenter son petit ami, sans le savoir.  

KAFKA : 01.
TENUE : 01.

Désemparée, elle ne pouvait que l’être face à son nouveau colocataire. Elle ne s’était nullement préparée à ce que ce soit Elis. Même dans les pires scénarios qu’elle avait envisagés, il n’avait nullement fait partie des possibilités tant elle lui avait semblé invraisemblable. Pourtant, le destin venait de lui prouver le contraire. Elis était bel et bien son nouveau colocataire et elle se trouvait résolument fébrile à cette idée. C’était juste étrange, incongru pour elle. Ils venaient tout juste de se mettre ensemble et elle s’habituait difficilement à cette idée. Elle allait devoir vivre avec lui. Cette pensée l’angoissait un peu. Malgré elle, elle était mal à l’aise à cette idée. C’était très déstabilisant pour elle. Elle s’efforçait néanmoins à faire bonne figure, venant faire taire son père pour lui présenter l’homme avec qui elle allait devoir cohabiter. Un ami. Ce fut sous ce terme qu’elle présenta Elis à son père, lui rappelant qu’il était également la personne qui l’avait sauvé. Elle pensait qu’il était utile de montrer de cette façon si naturelle et douce, l’estime qu’elle avait pour le sang pur et sa grand-mère, même si elle n’avait pas dû lui laisser un bon souvenir. Quoi qu’il en soit, son père fut enchanté de faire sa connaissance. Elle n’en avait jamais douté. Il avait souhaité le faire depuis qu’il avait eu vent de l’incident, rassuré de voir sa fille en vie, bien que marquée à vie par cette cicatrice sur le dos.

Elis vint répondre à son père, lui serrant la main à son tour. Il était enchanté de le rencontrer. Il n’avait pas fait grand-chose pour lui, sa grand-mère étant guérisseuse et vivant seule. Camber ne les avait pas dérangés, au contraire. Cela lui faisait donc plaisir de pouvoir la retrouver ici. Le sang pur vint sourire à son père, l’invitant à rentrer pour boire un verre et découvrir l’ensemble de l’appartement. Il leur servit obligeamment deux verres de jus d’orange alors qu’ils venaient prendre place sur la table du salon. Nalssi vint se faire connaitre, réclamant l’attention de son propriétaire qui vint le présenter à son tour. Elis l’informait qu’il allait mettre des plumes partout. « Pas de soucis, au moins tu ne te plaindras pas des poils de Kafka. » Vint-elle lancer en douceur alors qu’elle venait boire une gorgée de son verre. Elle manqua légèrement de s’étouffer à la suite des paroles du jeune homme. Il se jouait d’elle, venait la taquiner sur un sujet qu’il savait la rendait mal à l’aise. Elle ne tarda pas à réagir, lui mettant un bon coup de pied dans le tibia sans douceur, quelque peu vexée et irritée qu’il ne se joue de ses faiblesses. Il restait toujours ce petit con qui savait user ses nerfs. Il vint gémir sa douleur, venant se masser le tibia alors qu’elle murmurait : « Oh ? Pardon ! Je n’avais pas vu ta jambe, je ne t’ai pas fait trop mal, j’espère ? »

Un fin sourire d’excuse sur ses lèvres, son regard était légèrement noir et fâché alors qu’elle venait boire son verre d’une traite. Elle était en colère contre lui. Son père remarqua aisément qu’elle l’avait fait exprès et vint rire dans sa barbe, venant d’autant plus l’énerver. Elle n’aimait pas qu’on se joue d’elle et la taquine de la sorte. Elle se vexait bien malgré elle. Un trait de caractère dû à son fort tempérament et à son orgueil. « Je n’en doute pas ! » Renchéris son père dans un rire franc. « Elle en aurait été très capable, vu l’état dans lequel il la met. » Si même son père s’y mettait.

Quelque peu renfrognée, son nez se plissa alors qu’elle venait soupirer en prononçant le prénom de son père. Elle se leva, ajoutant simplement. « Je pense que je vais commencer à ranger mes affaires. Papa, tu te rappelles de la petite épicerie qu’on a vue avant d’arriver sur le campus ? Ça te dérangerait d’acheter quelques trucs à manger pour quelques jours, le temps que je fasse tout cela ? » Elle vint lui sourire doucement, même si ces prunelles étaient plus sombres. « Oui, bien sûr ! Tu es sûre de ne pas avoir besoin de moi pour installer ? » Camber vint rire délicatement, avant de lui montrer sa baguette comme si c’était une évidence qu’elle était son aide la plus précieuse. Un fait qui vint faire rire doucement son père alors qu’il ajoutait. « Question stupide. Je me fais avoir à chaque fois. J’ai toujours un peu de mal avec la magie. Pourtant, cela fait bientôt quinze ans qu’elle fait partie de mon quotidien. » Il s’était adressé à Elis dans un fin rire tandis qu’elle fouillait dans son sac pour en retirer son porte-monnaie et lui tendre. « Prends juste de quoi petit déjeuner et diner, des trucs basiques, je ferai de plus grandes courses plus tard. » Elle vint lui sourire venant lui faire un bisou pour le remercier.

Il vint hocher la tête avant de lui dire qu’il y allait donc. Il leur lança qu’il reviendrait rapidement. Elle hocha la tête alors qu’elle venait refermer derrière lui dans un dernier sourire. Elle était toujours fâchée et ne vint nullement regarder Elis, l’ignorant totalement alors qu’elle se dirigeait vers sa chambre. Elle pénétra dans cette dernière venant offrir sa valise et en sortit les différents objets qu’elle avait achetés quelques jours auparavant pour son petit chaton. Elle pouvait entendre le chat vagabonder dans l’appartement venant se glisser entre les pans de la porte pour venir la rejoindre, lui grimper sur les jambes. Elle boudait. C’était idiot sans doute, mais elle était vraiment frustrée qu’Elis s’amuse ainsi de leur histoire. C’était déjà assez compliqué pour elle de gérer sa gêne face à lui, alors s’il s’amusait à la taquiner, se jouer de ses faiblesses, cela rendait la chose d’autant plus troublante. Elle se rendait compte qu’elle avait toujours été particulièrement sensible à ses remarques et désormais, elle était tout simplement sensible à lui, à l’aura qu’il dégageait. Cela la troublait, la hantait même énormément.

Camber se trouvait vexée et frustrée. Sans doute prenait-elle trop à cœur ce qu’il venait de se passer, mais elle se trouvait résolument gênée. Elle sentait cette boule de colère mêlée à la frustration au fond de son ventre. Elle avait très mal vécu cette période de son adolescence. Elle avait tant eu d’épreuves à surmonter pour être en mesure de devenir cette femme si forte qu’elle était aujourd’hui. Des souvenirs horribles qu’elle se serait bien passés, notamment un qui restait si ancré dans son âme, sa chair. Elle en faisait encore des cauchemars, restant prisonnière parfois de ces légères crises de panique lorsque ces derniers venaient hanter ses rêves. Elle ne pouvait donc que se sentir particulièrement frustrée qu’on se joue d’elle de cette manière. À cette époque, Elis avait été son principal souffre-douleur. Elle s’était fait un pied d’honneur à le confronter, se mesurer à lui, le dépasser par tous les moyens. Sa colère muette et sa frustration en avaient fait une véritable furie, qui se trouvait cruellement faible face à cet homme, qu’elle avait apprécié un peu, malgré qu’il soit un véritable petit con ! Savoir qu’il était un proche ami de cette ordure qui avait posé ses doigts sur elle, l’avait profondément blessée, dans le sens où elle avait accordé une place particulière à Elis, bien malgré elle.

Elle avait été déçue et le traumatisme qu’elle avait vécu l’avait intimé à évacuer cette colère muette par tous les moyens. Il était devenu la cause de ses énervements, la cause de sa froideur et de son antipathie bien plus forte envers les sangs purs, devenant presque une anti-sang pur. Si elle ne l’était pas devenue, elle le devait au groupe qu’elle avait monté avec Cilian, en secret, loin des oreilles indiscrètes. Elle s’était reprise en faisant des rencontres, restant la même Camber d’avant cet accident, mais en dehors des murs qui abritaient leur club secret, elle était devenue une femme froide et austère, qui ne se laissait pas marcher sur les pieds, devenant la bête noire des anti-nés moldus, celle d’Elis, notamment. Une situation désormais révolue, mais qui faisait partie de sa vie et parler ainsi de cette époque avec une telle désinvolture, la froissait, la blessait même au fond d’elle-même. Elle s’en voulait d’y être si sensible. Elle pensait avoir tourné une page sur cet incident qu’elle avait gardé secret par peur et pas déshonneur. Sans Cilian, sans doute aurait-elle été incapable de se relever de cette épreuve. Sa main vint trembler lorsqu’elle sentit Elis frapper contre le bois de sa porte.

Elle se trouvait sensible, venant croiser ses bras en venant se relever pour reprendre son entreprise. Elle installait ses affaires lorsqu’elle le sentit pousser la porte venant murmurer qu’il voulait bien comprendre qu’il n’aurait pas dû profiter de la situation, mais elle lui avait fait vraiment mal. Elle avait beaucoup de force. Pas autant qu’il n’avait pu le faire avec elle. Il s’était montré indélicat et en plus de la taquinait, avait touché du doigt, une période assez chaotique de son existence. Son père n’avait nullement connaissance de cet incident qui l’avait rendu si à fleur de peau et constamment en colère. Il trouvait cela amusant, d’un point de vue extérieur, sans doute l’était-ce, mais pour sa part, ça n’avait rien d’amusant pour elle. Cela la blessait indirectement. Elis vint ajouter qu’il n’aurait jamais pensé qu’ils allaient se retrouver ensemble, dans le même appartement. C’était un peu étrange à ses yeux comme le fait de rencontrer son père. Il ne voulait pas la mettre mal à l’aise, il s’excusait. Camber resta dos à lui quelques instants. Elle s’appliquait à bien ranger ses affaires alors qu’elle inspirait profondément pour tenter de camoufler son trouble. Elle se mordit les lèvres pour tenter de calmer sa colère, en vain. Elle n’aimait pas cette frustration qui s’instaurait dans ses entrailles.

« Tu n’es qu’un petit con ! » Lâcha-t-elle en venant se tourner vers lui, le regard intense. « Tu l’as mérité ce coup de pied ! Tu as été indélicat ! Tu trouves cela amusant ? Qu’est-ce qu’il y a de si amusant d’apprendre de mon père ? Que tu me rendais folle au point que je me défrustrais en te traitant de tous les noms ? Bravo ! J’espère que ça t’éclate de le savoir ! Ce n’était pas un jeu pour moi. » Sa voix était froide et cassante alors qu’elle venait se mordre les lèvres, le regard brillant, les mains tremblantes. « C’était vraiment méchant de ta part d’en profiter. Si tu voulais en savoir plus, tu aurais dû attendre, me le demander et non agir comme un pauvre con, qui utilise des subterfuges pour en savoir plus sur mes faiblesses. C’était vraiment indigne de ta part ! Tu aurais pu faire preuve de réserve, par égard pour moi. »

Elle vint inspirer profondément alors qu’elle retournait à ses affaires pour cacher les larmes de frustration qui montait à ses prunelles. Elle avait le cœur serré dans sa poitrine, déçue par Elis. Sans doute n’était-ce qu’une taquinerie de sa part, mais il avait touché un sujet qui ne l’était pas pour elle. Elle avait beaucoup souffert à cette époque et il était devenu son souffre-douleur, car son lien avec cette enflure l’avait profondément attristé et déçu. Aujourd’hui encore, elle passait sa colère sur lui, comme un moyen de se protéger, de fuir ce mal-être qui menaçait de l’habiter de nouveau. Ce qui venait de se passer lui donnait la sensation qu’il s’agissait d’une alarme comme quoi, elle ne pouvait pas lui faire confiance. Il abusait de nouveau de ses faiblesses pour mieux s’approcher d’elle et la rendre fébrile comme jamais. Elle l’était à cet instant, sa baguette tremblante du bout de ses doigts. Elle se mordait la lèvre en venant ranger ses bouquins neufs sur l’étagère du bureau, qui se trouvait dans sa chambre, se mettant dos à Elis pour cacher son trouble bien qu’il était éloquent. Après tout, elle venait singulièrement de le remettre à sa place, en bonne et due forme.

Camber inspirait profondément, tentant tant bien que mal de reprendre ses esprits. Elle se trouvait particulièrement troublée par les paroles qu’elle venait de lui lancer. Elle avait conscience qu’elle était allée un peu fort dans ses paroles. Peut-être que sa colère n’était pas justifiée ? Elle voulait bien le reconnaitre. Elle était en colère, sans en comprendre réellement la raison. Du moins, refusait de l’admettre. Ses angoisses revenaient malgré elle. Il était difficile pour elle de revenir sur cette époque, les émotions contradictoires qui l’avaient étreinte. Elle se trouvait donc déçue qu’Elis ne revienne sur cette époque, pire qu’il s’en amuse. Ce n’était résolument pas un sujet facile à aborder. Notamment pour elle. Elle avait beaucoup changé à cette période, devenant cette femme froide et sure d’elle, prête à piétiner quiconque se trouverait sur son passage, notamment ses adversaires. Elis en avait fait partie, pire il avait son adversaire attitré, celui sur lequel elle rejetait toute sa colère. Sans doute était-ce méprisable de sa part de le faire, mais sa déception avait été, était telle, même à ce jour, qu’elle ne pouvait s’empêcher de réagir si violemment.

Elle se sentait idiote, stupide de croire qu’Elis pouvait changer. Il venait de lui montrer qu’il était toujours particulièrement mesquin et était capable de profiter de la moindre occasion pour profiter de ses faiblesses. Sans doute n’aurait-elle pas réagi de la sorte s’il s’était agi de Cilian ou d’un de ses amis proches, mais leur relation était tellement complexe, si fragile, qu’elle n’était pas encore prête à accepter une telle action de sa part, notamment pour traiter de faits qui s’étaient déroulés durant cette période. Elle ne savait pas s’il était au courant, elle n’avait jamais osé lui poser la question tant ces mots restaient coincés dans sa gorge. Avouer qu’elle avait été faible, qu’elle avait manqué d’être abusé par un gros con, la rendait si honteuse et pathétique. Elle n’arrivait pas à accepter cela, sa chair tremblant juste au souvenir de ce qu’elle avait ressenti à cette époque. Elle se mordait donc la lèvre pour contenir ses larmes de frustration, de déception de se faire connaitre. Elle se concentrait sur son exercice, ses phalanges tremblant sans qu’elle puisse les maitriser.

Elle avait une boule au ventre et avait juste envie d’être seule, se blâmant d’être si sensible à ce que son petit ami pouvait dire et faire. Elle n’aimait pas ce sentiment de faiblesse qu’elle avait face aux actions d’Elis. C’était bien trop dépaysant, déroutant pour elle. Elle sentit Elis prononcer son prénom dans une voix douce, tendre et inquiète. Elle pouvait sentir aucune colère de sa part, malgré tout ce qu’elle venait de lui dire. Elle ne répondit mot, mordillant sa lèvre alors qu’elle continuait de s’appliquer à ranger ses affaires. Une action qu’il vint arrêter lorsqu’il vint la désarmer, lui retirant la baguette des doigts qui vint s’échouer sur le sol. Camber ne vint nullement réagir, serrant simplement ses phalanges tremblantes dans ses paumes pour décroitre sa fébrilité, en vain. Elle le sentit approcher d’elle. Une action qu’elle ne prit nullement comme une attaque. Contrairement à elle, il se trouvait serein, étrangement calme. Peut-être se rendait-il compte qu’il avait mal agi ? Elle le sut quand il vint poser sa main sur son épaule doucement pour l’inviter à s’asseoir sur le lit qui se trouvait non loin devant eux.

Elle se laissa conduire, s’échouant sur le tissu du matelas en baissant le regard. Elle vint mêler ses doigts entre eux, confus et horriblement fébriles. Elle se mordit la lèvre pour tenter de décroitre sa fébrilité, en vain, tandis qu’Elis venait s’asseoir auprès d’elle. Il s’excusa. Il se sentait vraiment désolé. Il n’avait pas réfléchi à ce qu’elle pouvait ressentir ou croire quand il agissait ainsi. Il ne pensait que ça aurait pu l’affecter autant. Elle le savait sincère et était sûre qu’il ne l’aurait pas fait s’il l’avait su. Il lui donnait néanmoins raison, il aurait dû se taire, lui demander à elle plutôt qu’à son père. Cela avait été déplacé de sa part. Il n’avait pas voulu profiter de ses faiblesses, il avait seulement voulu être curieux. Elle pouvait sentir son regard sur elle. Des prunelles qui se trouvaient brillantes, troublées et sincères. Elle passa de longues minutes à l’observer, se mordillant la lèvre alors qu’elle venait inspirer profondément pour murmurer. « Je me suis emportée. » C’était une simple confrontation qui équivalait à une excuse pour elle. Seulement, elle savait qu’elle ne pouvait agir de la sorte, pas après ce qu’il venait de lui dire. C’est pour cela qu’elle vint lever son regard vers lui en ajoutant. « J’ai passé mes nerfs sur toi. Je n’aurai pas dû. Je suis désolée. » Elle inspira profondément en venant déglutir, sentant les larmes montaient à ses yeux. « C’est juste que je n’aime pas aborder cette époque de ma vie. Beaucoup d’éléments m’ont chamboulé durant cette période et m’ont fait beaucoup changer. » Elle laissa planer un silence avant d’ajouter faiblement. « Notamment la raison pour laquelle, j’ai pleuré lorsque tu m’as embrassé par surprise, la première fois… »

Elle sentit sa gorge se dessécher alors qu’elle venait jouer avec ses doigts, les sentant moites comme sa respiration plus forte. Elle se mordit les lèvres pour tenter d’amoindrir son trouble, mais celui-ci se trouvait fort et incommensurable. Elle n’avait pas la force d’en parler, mais inconsciemment, si elle voulait qu’il puisse la comprendre, il fallait également qu’elle avance vers lui. Il l’avait fait de nombreuses fois durant ses derniers mois. C’était également à elle de le faire. C’est pour cela qu’elle vint lever son regard doucement vers le sien. « Je ne t’ai pas toujours haï. Malgré que tu sois un petit con, tu semblais plus loyal que les autres de tes « amis » et je voyais plus notre rivalité comme un jeu, qu’une réelle guerre. Seulement, après cet accident, après ce qu’il s’est passé, j’ai eu besoin d’un bouc émissaire. J’étais si mal, que j’ai eu besoin de passer toute ma frustration sur quelqu’un. Ce fut toi, car je me suis senti trahi par toi, idiote d’avoir pu penser que tu étais quelqu’un de bien malgré tous tes défauts alors que tu étais proche de cet enculé. » Sa voix s’étrangla dans un souffle alors qu’elle venait se mordre la lèvre, serrant ses doigts contre ses paumes pour affronter son trouble, en vain. « Tu as été le coupable idéal et c’était plus simple de t’affronter toi, que lui. Cela me permettait de me confronter à quelque chose de plus accessible, sans me sentir si misérable. Désolée… » Elle inspira profondément pour contenir ses larmes, mais elles étaient présentes au coin de ses yeux. Elle vint reporter son regard vers ses mains avec laquelle elle jouait de façon incontrôlable. Elle ne savait pas si cet aveu qu’elle venait de lui formuler était compréhensible, elle se sentait trembler doucement, si confuse et honteuse.

Avouer ces propos n’était pas une mince affaire pour la jeune née moldue. Sa fierté et son orgueil se trouvaient si accentués qu’il était résolument évident qu’elle n’aimait pas reconnaitre ses faiblesses. Cependant, si elle désirait se rapprocher du jeune homme, comme lui-même l’avait fait quelques mois auparavant, elle voulait faire cet effort. Ce n’était pas simple, son esprit encore bien trop marqué par cet évènement, qui l’avait significativement changé et bouleversé. Elle avait manqué de perdre son innocence de la pire des manières et son esprit se trouvait encore bien cicatrisé pour être en mesure de passer au-delà pour être en mesure de se laisser avec les autres, comme auparavant. Cela expliquait pourquoi elle n’était pas à l’aise avec Elis. Elle était constamment sur la défensive et quand bien même, s’efforçait-elle de se décontracter en la présence du sang-mêlé, ce n’était pas aussi facile et naturel qu’avec les autres. Leur relation n’était résolument pas celle qu’elle avait avec Cilian ou son acolyte préféré. Elle n’avait rien à voir. De ce fait, elle s’efforçait de s’acclimatait à tout cela : ces baisers, le contact de ses doigts et de son corps contre sa chair. Elle savait le jeune homme doux et bienveillant à ces instants, mais son lien avec cet homme qu’elle méprisait du fond de son cœur, la rendait sur la défensive, malgré elle. Elle n’arrivait pas à contrôler cela.

Seulement, elle voulait dépasser cela. Si elle voulait vraiment construire quelque chose avec lui, elle se devait d’aller vers lui. Elle voulait faire cet effort pour lui, pour eux et surtout pour lui faire comprendre qu’elle n’était peut-être pas aussi forte qu’elle le laissait entrevoir. Elle était en mesure d’accepter, de supporter beaucoup de choses, mais détenait également des parts d’ombres qui la blessaient et pouvait la laisser fébrile et faible, comme à cet instant. Elle espérait que le message serait entendu par son petit ami, car elle était résolument incapable de le dire autrement, d’être plus claire dans son aveu. Elle n’avait pas clairement énoncé ce qu’il s’était passé, mais elle pouvait entrevoir dans son regard qu’il avait qu’il tentait de le faire. Son regard était doux, mais quelque peu décontenancé, sensible à l’émoi dans lequel elle se trouvait. Elle sentit une de ses mains se poser sur son épaule, la caressant de manière assez maladroite. Ce n’était pas désagréable, Camber se laissait faire, tentant d’apaiser son trouble que ces mots et ce qu’il s’était passé avaient remué en elle. Elle inspirait profondément pour tenter de ravaler ses larmes, ne voulant pas se montrer si faible, ne voulant pas de nouveau craquer comme elle l’avait fait de nombreuses fois quand elle avait été confrontée à cet homme. Elle le sentait troublé, tremblant à ses côtés.

Elle releva son regard vers lui, remarquant qu’il avait plus ou moins compris ce qu’il s’était passé à cette époque. Ses prunelles tremblaient en la fixant. Il lui demanda si on lui avait fait du mal, son identité et s’il était un ami à lui. Il semblait outré, se mordant la lèvre alors qu’il venait la ramener vers lui pour la blottir contre lui. Une action qui vint la surprendre, quand bien même celle-ci vint la troubler. Ce n’était pas désagréable, au contraire, la chaleur de ses bras la troublait, mais d’une autre façon. Elle se laissa faire sans rien dire, sentant les doigts d’Elis glisser et caresser doucement ses cheveux. Il s’excusa, lui disant qu’elle n’était pas obligée de lui répondre, de lui raconter ou quoi que ce soit. Il la remerciait d’avoir parlé de cela, que devait être difficile pour elle. Il ne plaisanterait plus là-dessus, mais si elle avait le désir d’en parler, il était là. Elle hocha négativement la tête en silence. Elle ne voulait pas en parler. C’était bien le contraire. Elle voulait oublier, effacer cet évènement de sa mémoire, au point qu’il ne soit insignifiant. Ce n’était pas aussi facile à dire qu’à faire. Elle était la mieux placée pour le savoir.

« Merci. » Se contenta-t-elle de murmurer alors qu’elle venait lui sourire faiblement. « Je préfèrerai l’oublier, mais je sais que cela va me demander beaucoup de temps. Faut juste que j’apprenne à surmonter cela. Un jour… Du moins, je veux y croire. Je suis juste encore sensible au sujet de cette époque. » Elle vint hausser les épaules dans un faible sourire, comme si elle tentait de dédramatiser la situation. Un réflexe qui lui collait à la peau. Elle vint donc inspirer doucement pour venir se dégager de l’étreinte d’Elis, murmurant. « Mon père ne devrait pas tarder à revenir. Je dois continuer de m’installer. Tu ferais mieux de faire de même. » Le foutait-elle à la porte ? Pas vraiment, elle avait juste conscience que si son père les voyait dans cette position, sans doute serait-il surprit et suspicieux. Elle vint donc lui sourire doucement et celui-ci lui fit part que c’était une bonne idée. Il était venu lui caresser le visage quelques secondes avant de retourner vers la porte, la laissant seule, encore un peu bouleversée par ce qu’il venait de se passer. Un état de fébrilité qui vint décroitre alors qu’elle se redonnait du courage, levant la tête, prête à affronter le rangement da sa chambre. Au moins, Elis ne se jouerait plus d’elle, du moins, à ce sujet. C’était déjà une bonne chose. Elle était confiante.