Ethan sursauta brusquement et se retourna, baguette levée. La porte derrière lui venait de claquer. Il expira bruyamment et baissa sa baguette. Il ferma ses yeux un instant le temps de calmer un peu son cœur battant la chamade.

« Qu’est-ce que je fais ici ? » murmura-t-il en se maudissant.

Ce qu’il faisait là ? Il le savait parfaitement. Il avait besoin d’entraînement avant de faire sa rentrée en cinquième année. Sa grand-mère lui avait parlé d’une vieille bâtisse à Wincap, prétendument hantée, bien évidemment. Ethan admirait sa grand-mère et le nombre de contacts qu’elle avait dans le monde des sorciers. Enfin toujours est-il qu’Ethan se retrouvait là suite à un énième pari avec sa grand-mère. Le défi du jour était de « fouiller » cette maison en intégralité, et d’en affronter les dangers. Ce qui effrayait le plus Ethan, c’était l’obscurité. Heureusement pour lui, quelques rayons de soleil filtraient à travers les vieux rideaux déchirés et les carreaux d’une saleté déconcertante. Les deux pièces qu’il avait déjà visitées baignaient dans une sorte de lumière tamisée qui n’avait absolument rien de romantique, soyons clair.

Ethan rouvrit les yeux et ralluma sa baguette pour augmenter un peu la luminosité dans la pièce. Il respira profondément et s’avança dans ce qu’il identifia rapidement comme étant une cuisine. Il devait faire le tour de toutes les pièces. C’était la condition sine qua none de la réussite du défi. Dans la pièce principale, il avait déjà failli avoir une crise cardiaque en tombant nez à nez avec une espèce de plante carnivore qui avait tenté de le dévorer. Bien évidemment, il avait hurlé, tout surpris qu’il était, avant même de lancer un sort d’immobilisation pour se calmer. Il avait essayé de reconnaître l’espèce mais bien évidemment, il n’était pas en état d’identifier cette espèce. La botanique et lui, ça n’était pas une grande histoire d’amour, alors sous le stress, il n’était même pas la peine d’espérer qu’il parvienne à sortir quoi que ce soit dans ce domaine.

Prudemment, sa baguette levée en avant pour éclairer aussi loin que possible dans l’espoir de ne plus être surpris. Enfin, après l’épisode de la porte, c’était déjà raté ! Sur le qui-vive, Ethan observait et répétait mentalement les sorts qu’il estimait les plus utiles en cas d’attaque. C’était un rituel qu’il accomplissait machinalement dès qu’il se sentait en danger. Au moins, il ne paniquait pas ainsi. Bien sûr, il ne rencontra aucun danger dans cette cuisine, hormis une affreuse odeur de pourriture dans un coin de la pièce. En soi, rien de grave. Ethan se sentait un peu plus confiant en quittant la pièce qu’en y entrant et continua son exploration. Il prit les escaliers, sursauta à la troisième marche qui grinça sous son poids, et redevint le peureux qu’il était en entrant. A tâtons, il s’arrêta sur le palier et tendit l’oreille du côté d’une première porte. Une fois assuré qu’il n’entendait rien, il ouvrit la porte brutalement, baguette éteinte. Le souffle retenu, il écouta encore. Rien ne semblait bouger. Il ralluma sa baguette, entra dans la grande chambre après avoir rallumé sa baguette, et referma la porte derrière lui.

« Tu ne m’auras pas, cette fois ! »

Un sourire satisfait se glissa sur ses lèvres tandis qu’il s’encourageait, jusqu’à ce que la porte de l’immense armoire près de lui ne laisse jaillir un fantôme qui fonça sur Ethan en criant tellement fort que le jeune sorcier bascula en arrière en tentant d’envoyer un sortilège au hasard de son rituel, sortilège qui, bien évidemment se contenta d’aller heurter avec fracas le lit. Ethan se redressa brutalement et fit volte face. Sans réfléchir, il rouvrit la porte, baguette brandie à la recherche du fantôme. Sauf qu’il tomba nez à nez avec… un homme. En chair et en os. Il lâcha un petit cri et mit une main sur son cœur. Puis il recula instinctivement, ne sachant trop si cet homme représentait une menace ou pas dans l’obscurité ambiante. Son cœur battait à tout rompre. C’était la première fois qu’il se retrouvait dans une telle situation. Et oui, il était terrifié. Et il comptait sur le peu de lumière pour se cacher un peu. Il était prêt à verrouiller son esprit et à lancer un sort défensif au moindre signe d’animosité.

« Qu-qui êtes-vous ? » demanda-t-il.

Il se maudit d’avoir hésité au début de sa question. Et il se maudit aussi d’avoir accepté ce fichu pari avec sa grand-mère. Enfin maintenant, c’était fait, et il ne pouvait pas faire demi-tour.