« Alessandro ! » Cette voix qui l’interpellait vint stopper sa course. Le propriétaire de celle-ci n’était nullement inconnu à ses oreilles et c’est tout naturellement qu’il s’était tourné vers elle pour lui faire face. Elle appartenait à une des infirmières du centre hospitalier. « Tu vas voir, Mlle Gordier ? Si c’est le cas, il y a quelqu’un dans sa chambre. Je ne sais pas si c’est un proche cependant. » Alessandro écoutait attentivement ce qu’elle disait et hocha la tête en regardant la pendule. « J’étais sur le point de m’y rendre. Merci pour l’information. Je vais seulement aller me présenter et repasserait un peu plus tard. J’ai pas mal de patients à aller voir, d’autant plus que son cas va me demander énormément de temps. À tout à l’heure. » Il ponctua sa phrase dans un sourire et un clin d’œil amical alors qu’il enfilait sa blouse blanche au-dessus de ses vêtements. Il venait tout juste de reprendre du service après quelques heures bien méritées. Il avait été mis rapidement au courant de la situation complexe de la jeune auror. Elle avait été touchée par un sortilège puissant et pour l’instant, ses camarades avaient seulement pu atténuer l’effet. Il lui semblait important d’aller à sa rencontre pour mettre un visage sur un nom et pour pouvoir l’informer qu’elle était prise en charge sérieusement par l’équipe.

Il était donc venu taper à la porte en inspirant profondément. Une voix féminine l’avait prié d’entrer et c’est tout naturellement qu’il avait ouvert la porte pour y pénétrer à son tour. Son visage exprimer un doux sourire alors qu’il lançait : « Bonjour, Mlle Gordier. » Sa voix s’était faite douce avant que son expression ne s’éteigne lorsque son regard rencontra celui de la personne qui l’accompagner. Son cœur rata un battement, nullement préparer à le trouver là, d’autant plus auprès d’une de ses patientes. Il prit rapidement conscience du léger silence qui avait suivi ses mots. Il se racla donc la gorge en refermant derrière lui pour adopter de nouveau une expression bienveillante et amicale. Il y avait un tas de questions qui tournait dans son esprit, mais surtout celui-ci avait fait le rapprochement entre le prénom de la jeune femme et celui d’une ex-petite amie de son frère, ici présent. Cela le troublait inconsciemment, mais il n’en laissait rien paraitre ajouter. « Je me permets de vous interrompre pour me présenter. Docteur Murray pour vous servir. J’ai été mis au courant de votre situation. Je vais faire partie de l’équipe qui va vous suivre, mais je reviendrai un peu plus tard pour vous parler de tout cela en détail. » Il souriait naturellement, mais avec réserve. « Je vous dis donc à plus tard. J’ai malheureusement d’autres patients à aller rencontrer et suivre. » Il ponctua de nouveau ses paroles par un hochement de tête avant de saluer également par la même occasion son frère où son regard se fit plus sec, plus franc.

Sur ces mots, il avait pris congé en prenant la poudre d’escampette, le cœur légèrement lourd. Il n’aimait pas les questions qui encombraient son esprit à cette rencontre. Pourquoi était-il dans cet hôpital ? Pourquoi se trouvait-il auprès de son ex-petite amie quelques semaines après avoir rompu avec Aemelia ? Il avait été mis au courant par le pur hasard et cela l’avait cruellement troublé. Où vivait-il maintenant ? S’était-il remis avec Savannah ? Son cœur se comprima dans cette poitrine alors qu’il sentait son trouble envahir ses sens. Il savait qu’il n’avait pas le droit de se sentir aussi impuissant et jaloux, mais ça lui prenait si cruellement aux tripes qu’il avait serrées ses poings dans sa blouse en s’efforçant à penser à autre chose. Ce qui était loin d’être gagné. Il ne pouvait pas passer au-dessus de ce qu’il ressentait… il était jaloux.  

TENUE : 01.

Cette frustration n’était pas nouvelle. Alessandro l’avait tant ressentie par le passé qu’il aurait dû y être insensible. Il n’y avait rien d’étonnant à ce que son frère ne se mette de nouveau en couple avec une femme. Le fait que ce soit une de ses ex-petites amies était résolument étrange. Cela le troublait et le rendait incroyablement impuissant. Il sentait son cœur lourd, appesantir par ce sentiment profond de jalousie qui l’envahissait. Il s’en voulait, sachant combien celle-ci était ridicule. Il le savait mieux que quiconque. Elle se devait de rester secrète, imperceptible et surtout contrôlable, tout comme les sentiments qui l’étreignaient pour cet homme. Un être qu’il lui était impossible d’aimer de la sorte et il s’efforçait de se faire à cette raison, quand bien même leurs précédentes nuits ensemble perturbaient ses songes. Il pouvait sentir son cœur se tordre dans sa poitrine alors qu’il laissait ses pas fouetter le sol du couloir. Il avançait droit devant en faisant attention à ses camarades. Il bifurquait à droite et à gauche en direction de son bureau. Un bon verre d’eau saurait sans doute lui permettre d’amoindrir cette boule de nerfs qui s’initiait dans son ventre. Il inspirait profondément, mais calmement alors qu’il continuait son périple, ses pensées déstabilisantes envahissant son esprit.

La voix de Cilian le sortit de celle-ci, ne rendant son trouble que d’autant plus perceptible. Il l’appelait par son titre et non par son présent, comme s’ils étaient de parfaits inconnus. Cela le troublait, le désarçonnait totalement alors qu’il venait ralentir le pas, le laissant arriver à sa hauteur. Il ne s’était pas retourné à ses mots et il continuait d’avancer, le regard ferme, mais troublé. Il lui demandait d’accéder à sa demande. Il voulait savoir s’ils pouvaient aller parler dans la prochaine cage d’escalier. Il savait qu’il avait du travail, mais il lui demandait de ne pas l’éviter. En avait-il donné l’impression ? Ses sourcils se froncèrent alors qu’il venait lui lancer un regard perçant, mais troublé. Il hocha simplement la tête dans un silence en lui indiquant du visage, une porte non loin d’eux. « Très bien. Suivez-moi, je vous en prie. » Sa voix se faisait ferme, mais calme, bien que ce n’était pas le cas. Il l’invita dans la cage d’escalier. Celle-ci se trouvait déserte, étant uniquement réservée au service et peu utilisée d’ailleurs. De ce fait, ils se trouvaient au calme, loin de l’agitation. Juste tous les deux. Il inspira profondément pour calmer son trouble, ses doigts néanmoins tremblants au creux des poches de sa veste de médecin.

« Salut, Cilian. C’est quoi cette petite mise en scène ? » Demanda-t-il quelque peu décontenancé par le vouvoiement et la rigidité avec laquelle il s’était approché de lui. « Tu sembles avoir des questions ? Vas-y je t’écoute, mais si c’est au sujet de ton “amie”, je ne pourrais pas malheureusement t’en dire plus que n’ont pu te dire les guérisseuses. Je n’ai pas encore eu le temps de me pencher sur son cas concrètement, d’où le fait que je ne suis pas plus rentré dans les détails tout à l’heure. » Sa voix s’était faite neutre alors qu’il venait soupirer faiblement. Il sentait cette boule de nerfs s’accroitre dans son ventre à la vision si débraillée et fatiguée de son frère. Il était évident qu’il avait passé la nuit à l’hôpital, auprès d’elle. Il le portait entièrement sur lui. C’était horripilant même s’il se gardait bien de le montrer. Il le fixait donc de son regard perçant, l’invitant à lui dire ce qu’il en était, n’ayant nullement idée des sujets qu’il voulait aborder avec lui.

Il avait préféré mettre les points sur les « I » afin d’éviter toute confrontation. Il n’avait nullement envie de se montrer en spectacle, ni de confronter Cilian à cette jalousie qui prenait au sein dans ses entrailles. Elle était là, il ne pouvait le nier, ni même s’aveugler. Elle rongeait peu à peu son être tant elle n’avait de cesse de croitre. L’apparence débraillée de son frère aidait celle-ci à devenir plus violente. Cela le tourmentait de le voir ainsi, face à lui, dans cette tenue qui indiquait parfaitement qu’il avait passé la nuit dans cette chambre. Le manque d’informations à ce sujet ne lui permettait nullement d’identifier la relation qu’il entretenait avec celle qui avait été sa petite amie. Il ne pouvait nier qu’une question n’avait de cesse d’envahir son esprit. Une question qu’il taisait, refusant de se laisser dévorer par cette frustration et jalousie, qui pourtant était bel et bien en train de le consumer à petit feu. Était-il de nouveau avec elle ? Était-il présent et si inquiet de son état de santé parce qu’il en avait fait de nouveau son amante ? Il ne voulait pas y penser, mais contempler cette échine débraillée et soucieuse de son frère n’avait de cesse de le torturer avec celles-ci.

Il préférait donc adopter une posture qu’il convenait d’avoir en ce genre de situation : être professionnel. Il se trouvait dans le cadre du travail et leur conversation pouvait être interrompue à tout instant par une guérisseuse. Il cachait son trouble du mieux qu’il le pouvait en se cachant derrière son rôle de médecin, bien qu’il s’était adressé à son frère en tant que tel. Il avait noyé le poisson du mieux qu’il le pouvait, mais il lui suffisait de voir l’expression de Cilian pour comprendre qu’il ne pouvait véritablement pas le tromper. Il savait ce qu’il pensait, pire, il avait conscience qu’il était frustré et jaloux. Cilian le regardait avec sévérité et colère, comme celles qu’il avait eues avant que leur relation ne dérape de nouveau, mettant fin à leur cohabitation. Il s’attendait déjà à recevoir une pique cinglante et celle-ci ne perdit pas de temps pour franchir les lèvres. Il lui demandait froidement tout en murmurant si c’était dans ses habitudes de médecin de venir voir une patiente et de ne pas lui demander comment elle va, comment elle se sent ou si elle a mal quelque part. Il concevait qu’il ne puisse pas répondre à ses questions, mais il savait qu’il pouvait se montrer un peu plus concerné. Le cas de Savannah était loin d’être anodin, il avait forcément plus de choses à lui dire.

L’expression d’Alessandro vint blêmir à ses mots avant de se durcir. Il se sentait outré par ce que disait Cilian. Pire : il en était blessé. Comment pouvait-il croire une seule seconde ce qu’il disait ? Lui donnait-il vraiment l’impression d’être peu concerné par la situation de son amie ? Pire, pensait-il que sa jalousie et sa frustration allaient le faire prendre son cas avec désintérêt ? Alessandro vint le fixer plus durement, ses sourcils se courbant dans une expression plus émotive alors qu’il serrait ses poings dans ses poches. Il se sentait insulté par son frère et cela le touchait profondément. Il se mordit la lèvre pour ne pas répondre vivement, ne pas se laisser emporter par ces émotions diverses et variées qui l’acculait dans cet état d’agitation évidente. Il préféra inspirer profondément en le défiant du regard, ses prunelles se faisant particulièrement brillantes et sombres à la fois. Cilian sembla se justifier, lui informant qu’ils n’étaient pas ensemble. Cette défense eut au moins le mérite de répondre à ses questions qui l’avaient remué par rapport à la surprise de le trouver en compagnie de son ex. Il ne l’avait pas revu avant cet accident et ne comptait pas se remettre avec elle. En tout cas, pour un ami, il avait été rapidement mis au courant et avait accouru à son chevet comme un amoureux transi. Cette remarque acerbe, il vint la tut, avalant sa salive pour tenter de faire taire sa colère de gronder.

Cilian lui demandait de ne pas être jaloux, de le croire, car il savait qu’il l’était, mais elle n’avait pas besoin de cela. Elle n’y était pour rien dans leurs histoires. De ce fait, même s’il était avec elle, elle avait besoin de lui et de son équipe. Il n’avait pas été malpoli, mais il lui ordonnait de ne pas être ainsi avec elle. Cilian vint soupirer en le fixant autant scandalisé que blessé. Ils étaient au moins deux dans ces conditions. Le regard d’Alessandro ne se fit pas plus doux, même s’il sentait Cilian tout aussi troublé. La suite des paroles de ce dernier lui donna la possibilité de répondre. « Juste quoi Cilian ? » Son ton s’était fait cassant et direct alors qu’il inspirait profondément en se mordant la lèvre. Il ne voulait pas s’énerver, mais il se sentait blessé dans son orgueil et sa posture de médecin. « Tu fais ce que tu veux de ta vie. Si ça fait partie de tes habitudes d’accourir à l’hôpital et de passer toute la nuit au chevet d’une de tes ex, c’est ton problème. Si elle redevient ta petite amie d’autant plus, mais ne me manque pas de respect, je te prierai ! » Son ton n’avait pas changé alors qu’il venait ajouter en inspirant fortement. « J’ai été surpris ! Je ne m’attendais pas à te voir avec elle, encore moins dans cette tenue ! » Son regard trembla alors qu’il venait ajouter. « Ma façon de gérer mes patients ne concerne que moi. De plus, je n’ai été mis au courant de son cas qu’en arrivant, il y a quelques heures et je n’ai pas eu le temps de m’y pencher. D’autant plus qu’elle n’est pas que ma seule patiente ! Elle n’est pas le seul cas complexe de ma journée ! Et rassure-toi, ce n’est pas ma “Jalousie” qui m’empêchera de travailler durement sur son cas. Je sais faire mon travail, alors occupe-toi plutôt de ta façon de travailler que de la mienne ! »

Il se rendait compte qu’il était froid et méchant. Il lui répondait avec aussi peu d’égard que son frère n’avait pu lui en faire. Même si Cilian s’était exprimé dans un ton doux, les mots choisis renvoyaient une tout autre vérité. « Si tu n’as plus rien à me dire, je ferai mieux de retourner à mon boulot. J’ai des patients à voir et tout un dossier de rapport concernant ton “amie” à examiner. Tu ferais mieux de retourner auprès d’elle. C’est bien pour cela, que tu es là, après tout ! Je reviendrai vers elle quand j’aurai des éléments tangibles et importants à lui donner. Sur ce, bonne journée ! » Sur ces mots, son regard se fit profondément noir alors qu’il s’apprêtait à partir, le cœur résolument outré et blessé par cette attaque gratuite de son frère.

Il était en colère, il ne pouvait le nier. Les paroles de Cilian résonnaient dans son esprit dans des échos qui le perturbait, le blessait et le vexait. Les mots qu’il avait employés lui renvoyaient une image qui lui déplaisait profondément. Il n’aimait pas les sous-entendus qu’ils renvoyaient, ni même la douleur qu’ils provoquaient dans son cœur. Il les prenait comme une attaque, une réaction typique à la véhémence avec laquelle Cilian s’était exprimé à lui. Il n’aimait pas les paroles qu’il lui avait renvoyé, leur contenu, celles-ci instauraient une ambiance lourde, déplaisant entre eux deux. Il savait que depuis cette soirée où ils étaient allés trop loin, toute confrontation avec son frère ne serait pas facile. Il ne pouvait en être autrement. Au cours de cette soirée, ils avaient crevé bien trop d’abcès pour qu’ils puissent agir comme en accoutumée, comme si de rien n’était. Sans doute était-ce utopique de croire qu’ils pourraient se comporter comme avant, faire profit bas de tous ces antécédents accumulés au cours de ces derniers mois ? Cilian semblait lui faire comprendre cela, mais c’était difficile à assimiler. Il ne voulait pas de cette tension, d’être acculé dans cette position qui le mettait résolument mal à l’aise.

Il préférait fuir cette confrontation, ces mots cruels et froids qu’ils pouvaient échangés. Il savait cela dangereux, se souvenait trop douloureusement de cet échange passionné qui avait suivi l’une de leurs disputes. Il se savait également à fleur de peau, marqué à vif par sa jalousie de nouveau. Quand bien même Cilian avait écarté cette pensée qui l’avait traversé, son âme se trouvait encore bien trop fébrile face à cette émotion qu’il ne pouvait contenir. Il avait amorcé un mouvement de repli pour retourner à ses occupations, s’extirper de cette tension qui le rendait si cruellement froid et blessant par mécanisme d’autodéfense. Il eut à peine de le faire, qu’il sentit la poigne de son frère attraper son poignet, l’empêchant de partir. Son regard était troublé, sa respiration forte. Il lui murmura dans une voix faible, plus brisée auparavant qu’il était désolé. Il lui avouait que ce n’était pas ce qu’il insinuait. Jamais, il ne prétendrait qu’il n’était pas un bon médicomage et qu’il travaillait mal. Il savait qu’il ne pensait pas une telle chose, tout comme il savait qu’il était sérieux dans sa profession. Seulement, il avait senti sa surprise de le voir à ses côtés et il voulait juste que ça soit clair entre eux. Clair entre eux ? Il n’y avait aucune raison légitime qu’il ne s’exprime sur sa relation. Ils étaient frères. N’était-ce pas la direction qu’ils avaient décidé de garder ? Du moins, n’était-ce pas celle que Cilian lui avait inculquée de suivre en quittant son appartement, ce matin-là ?

Le message que ces mots soulevaient, le troublait, le déstabilisait. Il le fixait alors qu’il lui affirmait qu’elle n’était pas sa petite amie et que ça devait être clair pour eux deux. Alessandro demeurait silencieux tout en le fixant de son regard franc, mais légèrement tremblant. Il sentait la main de Cilian enserrer plus fortement son poignet. Il ne semblait pas vouloir le lâcher tandis que son regard tremblait doucement. Il n’aurait pas dû lui dire cela. II s’excusait, car c’était déplacé. Il s’était laissé emporté parce qu’il ne voulait pas qu’il se fasse des idées sur elle et sur lui. C’était stupide, il le reconnaissait. Il avait été content de le voir, ça faisait longtemps alors il était heureux. Cela l’avait frustré que ce soit si bref, mais il avait du travail et il le comprenait bien. Il ne devait pas s’en inquiéter. Cilian se mordit les lèvres en baissant les yeux. Il était perturbé tout comme il pouvait l’être. Alessandro le fixait, le regard brillant alors qu’il venait détourner son regard à son tour. Cela le désorientait. Ces mots révélaient bien trop de vérités à ses oreilles, ses yeux. Il se rendait compte qu’il était vraiment utopique de croire que tout pourrait redevenir comme avant. Ils souffraient mutuellement dans cette histoire, de cette tension entre leurs deux échines.

« À t’entendre parler, on dirait que cela fait des mois que nous ne sommes pas vus… » Murmura-t-il en glissant sa main libre contre sa nuque. « Tu sais très bien que ma porte t’es toujours grande ouverte… et même si je travaille énormément. Tu peux très bien venir me rendre visite, ici, si tu le souhaites. » Peut-être que se voir dans le cadre du travail faciliterait leurs échanges et cette frontière qu’ils devaient absolument maintenir entre eux deux. « Désolé de m’être emporté également. » S’excusa-t-il également alors qu’il inspirait doucement en se raclant la gorge, mal à l’aise. Il laissa sa main glisser sur sa gorge pour rejoindre le col de sa chemise, y déboutonner un ou deux boutons pour avoir plus d’air, réguler la température de son corps tant l’émoi qui le traversait le rendait mal à l’aise. « Je suis content de t’avoir vu également. Ça m’a juste rendu “frustré” et “jaloux” que tu sois venu si aisément à la Clinique pour “elle”… C’était également stupide de ma part. Napoli manque à Jezebel. » Renchérit-il pour tenter de changer de sujet pour ne pas dire qu’il lui manquait également. C’était plus facile de parler de son animal de compagnie que de ce qu’il éprouvait. Ce manque qu’il n’arrivait pas à combler, mais dont il lui était formellement interdit de songer. « Elle n’arrête pas de gratter à la porte de ta chambre et le cherche souvent, mais ça commence à s’apaiser. Je crois qu’elle commence à se faire à l’idée que vous êtes partis. »

Il sous-entendait qu’il s’y faisait également. Même si c’était difficile, il commençait à s’acclimater à son absence grâce à sa relation naissante avec Lydia. On ne pouvait pas vraiment parler de « relation » à proprement parler, mais découvrir cette jeune femme lui permettait de se changer les idées, d’avancer dans une certaine mesure. Après tout, c’était ce qu’il convenait de faire, n’est-ce pas ? Il soupira faiblement avant d’ajouter. « Je ne peux pas rester trop longtemps malheureusement. J’ai d'importants cas sur les bras et mon équipe m’attend, mais je suis quand même soulagé de te voir. Tu as l’air d’avoir bonne mine, malgré ton inquiétude légitime… » Il avait tenté de finir ses mots sur une note plus positive, moins acerbe. Il n’était pas à l’aise, mais il était heureux de le voir mine de rien, sa présence lui manquait. Seulement il avait également beaucoup de travail et il n’avait pas trop de temps à discuter avec lui, notamment plus dans les circonstances actuelles.